Jean-Marcel Bouguereau. Le parti majoritaire saisi par le doute

Jean-Marcel Bouguereau

« il y a la déception à l’égard d’un parti qui prétendait renouveler la politique »

« Rien ne va plus, les jeux sont faits ». C’est la formule qui résume le mieux le désarroi qui règne au sein du parti majoritaire à l’approche des municipales.

Déception, amertume, rancœur qui se sont traduites par des défections qui ont fait tomber les effectifs du groupe LREM de 314 en 2017 à 300.

La plus spectaculaire est celle de Cédric Villani, candidat à Paris contre Benjamin Griveaux, qui a obtenu l’investiture de LREM. Pire, Villani se maintient malgré l’intervention personnelle d’Emmanuel Macron.

Une sécession d’autant plus significative qu’elle s’est doublée ces derniers temps d’une révolte de nombreux députés vis-à-vis du président qui leur demandait de faire preuve « d’humanité » après l’épisode du vote désastreux du refus de rallonger le congé parental après la mort d’un enfant. Les députés se sont sentis lâchés par le président.

Ceci se double d’interrogations après des sondages montrant que Macron est de plus en plus impopulaire dans l’électorat de droite et en même temps chez les électeurs de gauche ayant voté pour lui en 2017, qui se montrent très hésitants pour 2022.

Une petite musique que vous avez sans doute déjà entendue : « Je ne voterai plus pour Macron, y compris face à Le Pen ». Ce qui, à l’approche des municipales renforce le sentiment de catastrophe annoncée. Et explique les raisons de la circulaire Castaner, sur le seuil de prise en compte des résultats aux municipales, vue par l’opposition comme un moyen de fausser l’interprétation des résultats au niveau national au profit de La République en Marche.

Enfin, chez les députés, il y a la déception à l’égard d’un parti qui prétendait renouveler la politique et se révèle finalement aussi bureaucratique que les anciens partis : n’a-t-on pas exclu Agnès Thil pour ses propos jugés non-conformes sur la PMA, alors qu’il y a vingt ans, le RPR n’avait pas exclu Roselyne Bachelot pourtant isolée sur le Pacs ?

Que disent ces dissidents ? Frédérique Tuffnell estime, à l’approche des élections municipales, que le « renouvellement promis n’est pas au rendez-vous » et que LREM reproduit « le fonctionnement des autres partis politiques ». Les députés s’aperçoivent aussi que leur travail n’est pas une partie de plaisir et que la crise des gilets jaunes et celle de la réforme des retraites ont fait ressortir un niveau d’agressivité et parfois même de haine.

D’autant que les résultats des municipales s’annoncent plutôt mauvais faute d’implantation solide, au point que le parti présidentiel a préféré se tourner vers des maires en place plutôt que de monter des listes, comme à Toulouse, Calais, Nancy, Angers ou Amiens. Ce qui manque, c’est une boussole, dans un parti qui n’a guère de colonne vertébrale idéologique et hésite comme un métronome entre centre-droit et centre-gauche.

Source: La Rép des Pyrénées. 8 février 2020.

Jean-Marcel Bouguereau est un journaliste français de presse écrite.

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