Sale temps ! Journal d’un citoyen européen ordinaire

C’est l’automne. Alors que septembre était passé sans souci, c’est un sale temps qui nous accueille en octobre.

Je ne comprends pas.

On avait pourtant bien commencé.

Le 2 octobre, le tribunal correctionnel condamne Alain Soral à une peine d’un an de prison ferme pour avoir qualifié le Panthéon de « déchetterie cachère ». Il avait déjà été condamné le 19 septembre à 18 mois de prison ferme pour avoir relayé un clip de rap antisémite sur son site Égalité & Réconciliation. Soral fait appel.

Le 9 octobre, le jour de Kippour, un terroriste tente de pénétrer dans la synagogue de Halle-sur-Saale, en Allemagne. La porte ne cède pas. Le terroriste tire sur une passante dans la rue et rentre dans un restaurant turc à proximité. Il y tue une autre personne. Il diffuse la vidéo de son attaque en direct sur Twitch où il explique qu’il souhaite s’en prendre « aux juifs, source de tous les problèmes ».

Le 16 octobre, la députée britannique Louise Ellman démissionne du Labour, gangréné par l’antisémitisme. Elle explique : « Sous la direction de Jérémy Corbyn, l’antisémitisme s’est banalisé au sein du Parti travailliste. Les adhérents juifs y ont été intimidés, injuriés et poussés à partir. Les antisémites s’y sentent à l’aise et d’infectes théories du complot ont été propagées. » C’est la troisième figure politique juive à quitter le Labour depuis décembre 2018.

Le 17 octobre, Fayard révèle son intention de publier une édition commentée de Mein Kampf. La presse s’y intéresse un jour puis passe à autre chose. Sans commentaire.

 

Le 21 octobre, le carnaval de la ville de Alost (Aalst en néerlandais), inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et déjà réprimandé l’année dernière pour son char antisémite, publie des coupons à destination des collectionneurs, sur lesquels figurent quatre représentations de stéréotypes juifs. « Il n’y a rien de bien méchant. Ce n’est pas sur les chambres à gaz ou sur les camps de concentration. On ne se moque pas directement des Juifs. On se concentre surtout sur l’UNESCO. » Voyez par vous-mêmes.

Crédits : Kris Vonck

Le même jour, une plaque commémorative « A la mémoire des [86] Juifs raflés par la Gestapo le 9 février 1943 » est découverte vandalisée à Lyon. Les noms sont partiellement barrés au marqueur noir. Quelques réactions, dont celle de Gérard Collomb.

Le 26 octobre, un rapport du Centre de Documentation Juive Contemporaine à Milan, révèle que l’italienne Liliana Segre, âgée de 89 ans, rescapée d’Auschwitz et sénatrice depuis janvier 2018, est la cible d’environ 200 messages et menaces antisémites en ligne chaque jour. Exemple : « Cette sale juive s’appelle Liliana Segre. Demandez-vous ce qu’elle a fait pour être payé par nos concitoyens alors qu’elle est pour la venue des migrants ? Hitler, tu n’as pas bien fait ton travail. »

Le 27 octobre, cela faisait un an que la fusillade de la synagogue de Pittsburgh aux Etats-Unis avait eu lieu.

Le même jour, percée du parti d’extrême droite AFD en Allemagne dans la région de Thuringe. Le parti extrême arrive en deuxième position. En 2017, son leader régional avait qualifié le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe, à Berlin, de « monument de la honte ».

Que faut-il faire ? Où donner de la tête ? Qui se décidera à prendre en main le problème de l’antisémitisme ? Qui nous écoute ? A quoi servent nos manifestations ?

Autant de questions auxquelles je ne trouve pas de réponse. Et ça m’angoisse.

On n’est qu’en octobre.

Sale temps.

Elias Dray

Sources

 

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