“Le trésor de Djerba” par Binyamin Fennech

Binyamin Fennech est né à Benguerdane au sud de la Tunisie près de la frontière avec la Lybie. En dehors des heures d’école, il étudiait la Torah chez Rabbi Houita Uzan. A l’âge de 7 ans, il déménage à Tunis, puis à 18 ans, il fait son alya.

Il y a une dizaine d’années, il a commencé, avec l’aide de ses cousins, à travailler sur son arbre généalogique. De là est née une véritable passion pour le patrimoine juif tunisien. Ses recherches le mènent aux écrits de son premier Rav, Rabbi Houita Uzan; il en fera un livre. Puis il publiera ”Les Sages de Zarzis”, le tout en s’appuyant sur des témoignages d’anciens de Tunisie. Souhaitant transmettre ce patrimoine aux jeunes générations, Binyamin fait appel au dessinateur de bande-dessinée, Jacky Yahri et ensemble ils publient ”Ravid Hazahav” (”Le trésor de Djerba”), qui retrace avec fidélité l’histoire des Juifs de Tunisie à des périodes fortes.

La passion de Binyamin pour ses origines va en augmentant et se transmet aujourd’hui par ses livres mais aussi sur un site internet, une page facebook, un youtube et des groupes watsapp, tous sur le patrimoine juif tunisien. Le nom générique qu’il a donné à tous ces outils: “Sarei Zevulun” puisque l’on estime que les premiers venus en Tunisie étaient des commerçants de la tribu de Zevulun.

Le P’tit Hebdo: Pourquoi avoir choisi de faire une bande dessinée sur l’histoire des Juifs de Tunisie, en particulier pendant la Shoah ?

Binyamin Fennech: Je suis un passionné de cette histoire mais aussi de l’héritage que nous ont laissé nos Rabbins. Après avoir écrit un premier livre, je me suis rendu compte que la jeunesse n’était pas attirée par les messages transmis sous cette forme. Comme je suis un grand lecteur de bandes dessinées, j’ai pensé que ce style plairait davantage aux jeunes, public que je tiens absolument à cibler.

Je connaissais Jackie Yarhi et son talent. Je me suis adressé à lui pour les illustrations.

Lph: Sur quelles recherches avez-vous basé cette bande dessinée ?

B.F.: ”Le Trésor de Djerba” est une bande dessinée très documentée. Elle regroupe plusieurs histoires fondamentales de l’histoire des Juifs de Tunisie, que j’ai choisies avec minutie. Je me suis basée d’abord sur les témoignages que j’avais recueillis auprès des membres de ma famille, lorsque j’ai réalisé notre arbre généalogique. Puis j’ai fait beaucoup de recherches en activant aussi mes contacts à Djerba. D’ailleurs, les dessins de Jackie Yarhi sont basés sur des photos qu’ils ont prises sur place, ainsi le décor est fidèle à la réalité du terrain. Enfin, je me suis beaucoup documenté sur la Shoah en Tunisie.

Eliahu Gut m’a aidé à écrire les scénarios. Il sait comment mener une intrigue et a rendu la BD palpitante.

Lph: La BD a d’abord été écrite en hébreu, sous le titre “Ravid Hazahav”, avant d’être traduite récemment en française, ”Le trésor de Djerba”. A quoi ce titre fait-il allusion ?

B.F.: A l’histoire clé de la BD, celle de l’or des Juifs de Djerba volé par les nazis. A vrai dire je ne savais pas comment appeler l’ouvrage, le déclic est venu d’un cours que j’ai entendu au kollel, deux mois avant la finalisation de la BD. ”Ravid Hazahav” fait allusion au fait que les paroles des Sages s’avèrent toujours être pour le bien du peuple. Je trouvais la symbolique forte. En français, on ne pouvait pas le traduire littéralement.

Lph: A qui s’adresse cette bande dessinée ?

B.F.: Comme je l’attendais au départ, d’abord aux jeunes générations. Mais en réalité, il s’avère que ce format de livre plait aux petits et aux grands. J’ai des retours très positifs des enfants et de leurs parents!

C’est un ouvrage qui veut toucher un large public pour que l’histoire de la Shoah en Tunisie soit mieux connue. Au-delà, la BD est parsemée de références à l’histoire du judaïsme tunisien, à son héritage. En ce sens, je l’ai conçu comme un moyen de transmettre ce patrimoine. L’amour de la terre d’Israël est aussi très présent: les personnages en sont pétris. J’ai voulu mettre en avant le lien puissant entre les Juifs de Tunisie et Eretz Israël.

Lph: D’autres projets sont-ils en cours ?

B.F.: Toujours dans ma volonté de transmettre notre héritage, notre tradition, je travaille sur des livres autour de nos rabbanimen remontant jusqu’à 200 ans en arrière. Par ailleurs, je voudrais réaliser une autre bande dessinée, cette fois sur les Rabbins de Tunis.

Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay

Source : lphinfo.com

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