Élections municipales : douche froide pour Netanyahou

À Jérusalem, le candidat vivement soutenu par le premier ministre israélien n’a pu compter sur ses soutiens habituels et termine troisième après le premier tour des élections municipales.

Même coup de semonce dans d’autres villes importantes du pays où, à l’inverse, les travaillistes ont obtenu plusieurs succès notables.

Selon Benyamin Netanyahu, chaque mairie conquise par son parti Likoud (droite) devait servir de citadelle durant la campagne pour les législatives de novembre 2019. Le premier ministre, qui envisage un scrutin anticipé, avait même sillonné le pays pour parrainer « ses candidats » aux municipales qui se sont tenues le mardi 30 octobre.

Son fameux « flair politique » lui a cependant valu cette fois-ci pas mal de déconvenues. La plus cuisante : dans un ultime SMS, il a pressé les électeurs de voter pour « Zeev Elkin, l’homme talentueux indispensable »

Éliminé au premier tour à Jérusalem

Mais ce dernier, ministre des affaires de Jérusalem, a piteusement recueilli 20 % des suffrages exprimés dans la ville sainte, loin derrière l’homme d’affaires Moshé Lion (33 %) et Ofer Berkovitch (28,8 %), 35 ans, chef du mouvement social laïc Hitorerut. Pour s’imposer dès le premier tour, il fallait obtenir 40 % des voix.

Tous deux seront départagés au second tour, le 13 novembre, par cinq partis religieux haridim ultra-orthodoxes, qui ont arraché la moitié des 31 sièges du conseil municipal. Ils auraient jadis en bloc reporté leurs voix sur Moshé Lion, qui porte la kippa.

Guidés par les intérêts spécifiques de leurs mouvances respectives, ils s’émiettent. Tous veulent préserver le statu quo sur le respect du shabbat, mais se préoccupent aussi de l’environnement, du financement de leurs réseaux scolaires, de l’habitat, des dispensaires, de la voirie, etc.

Et ils gardent un œil sur les enjeux nationaux. Car Moshé Lion est le protégé du ministre de la défense, Avigdor Lieberman, chef du parti russophone de droite « Israël Beiténou », qui veut promulguer une loi contraignant les jeunes haridim au service militaire, dont ils sont actuellement dispensés.

Autant dire que le jeu reste ouvert, mais très difficile pour Berkovitch. Il tente l’impossible en négociant avec Yossi Deitch, maire-adjoint sortant haridim qui a emporté mardi 17 % des suffrages.

Une femme élue à Haïfa

À Haïfa, troisième ville d’Israël, en vertu de ce même pragmatisme, les haridim n’ont pas hésité à porter pour la première fois à la tête de la mairie, une femme, Einat Kalish Rotem, architecte de profession, travailliste de surcroît, écartant ainsi le centriste Yona Yahav, indéracinable depuis quinze ans.

Même constat à Beersheba (désert du Néguev), bastion du Likoud, où le travailliste Ruvik Danilovich a décroché, avec plus de 90 % des suffrages, un troisième mandat de cinq ans.

Seule Tel-Aviv, libérale, jeune et industrieuse, échappe aux normes. Les Israéliens la surnomment « la bulle », ex-territoriale. Son maire sortant, le travailliste Ron Huldaï, 74 ans, a obtenu mardi un 5e mandat avec 47 % des votes.

Au pouvoir depuis plus d’une décennie, le premier ministre Benyamin Netanyahu devra tenir compte non seulement de la grogne naissante de sa base, mais aussi du changement générationnel parmi les haridim, ses partenaires historiques depuis 1993.

Joël David, la-croix.com

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