Le secret de Gino Bartali

Le 18 Avril 2018 doit paraître « Un vélo contre la barbarie nazie » par Alberto Toscano et Marek Halter. Titre plus percutant et moins poétique que « Un champion sauveur d’étoiles » par Ahmed Kalouaz ou « Gino le juste » par Vespini. Deux ouvrages traitant du même sujet : le secret bien gardé du très discret Gino Bartali.


A l’époque vers 1948, il y avait deux « campionissimi » rivaux Gino Bartali et Fausto Coppi. Quand on croisait un cycliste, il était de bon ton de crier « Vas-y Coppi ou vas-y Bartali » selon ses inclinations. A l’heure sacrée de la sieste, on ne tolérait aucun bruit dans la maison. Les hommes, l’oreille rivée au poste de radio, écoutaient l’arrivée du TOUR. Victoire au champion du sprint ou celui de la montée ? Ensuite les commentaires étaient passionnés et duraient jusqu’au lendemain.

Après l’épisode nostalgie, revenons à Gino Bartali notre vedette.

Il est né en Juillet 1914 dans un village proche de Florence. Vainqueur du Tour d’Italie en 1936, 1937 et 1946, du Tour de France en 1938 et 1948, quatre victoires au Milan-San Remo, et trois victoires au tour de Lombardie, des classements remarquables au Tour de Suisse, du Pays Basque et de Romandie. Un grand coureur !

Mussolini n’a pas manqué de récupérer les succès de Bartali, mais Gino n’a jamais caché son rejet du fascisme et du nazisme. Son engagement, efficace et discret contre l’ennemi ne faiblira pas.

En 1936, le décès de son frère le rapproche de la religion et de l’archevêque de Florence le Cardinal Elio, Angelo della Costa qui le conduit vers le réseau de la résistance clandestine de Giorgio Nissim auquel appartient aussi le Rabbin de Florence Nathan Cassuto.

Notre champion s’entraîne beaucoup, naturellement. Il doit rester à un très haut niveau ; il sillonne la région autour de Florence, et les Abruzzes aussi.

Gino Bartali, Juste parmi les Nations

Dans sa selle et son guidon, il transporte des faux documents ; il va jusqu’à faire 350 kilomètres pour livrer sa dangereuse cargaison. Le rabbin lui confie des photos qu’il emporte jusqu’aux lieux de fabrication, puis il retourne chercher les faux papiers qu’il rapporte le plus souvent dans des couvents. Il aurait aidé environ 800 juifs en leur fournissant différents documents. Tout cela, dans la plus grande discrétion, sous couvert d’entraînement sportif.

Pourtant on intercepte une lettre de remerciements adressée par le Pape Pie XI. Il est convoqué à « la villa triste » de Florence ; le major Mario Carita l’interroge longuement ; il est sauvé par deux jeunes fascistes admirateurs qui citent les compliments du Duce. Il a frôlé la catastrophe.

Ses missions secrètes ont été bien gardées. Le champion était la discrétion faite homme. Jamais, il ne s’est vanté de quoi que ce soit même après l’armistice.

En 2012, à titre posthume, Yad Vashem le fait « Juste parmi les nations » car il a « sciemment risqué sa vie pour sauver des juifs ».

Eva Naccache  mabatim.info

 

 

 

 

NDLR : En 2018, le Tour d’Italie (le Giro) partira de Jérusalem

 

 

 

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