La communauté de Perpignan en pleine réorganisation

Le quarantième anniversaire du Centre culturel juif David Mordoch, donnera lieu à un dîner festif le 29 novembre. Mais c’est surtout l’ouverture prochaine de la nouvelle synagogue, forte de deux mille mètres carrés, qui focalise l’attention ici.

Daniel Halimi a été réélu, en janvier 2017, président de la communauté juive de Perpignan (Pyrénées Orientales), d’environ quatre mille membres, pour un quatrième mandat. « Sans doute le dernier », dit-il. Cet huissier de justice est aussi vice-président du Consistoire régional, dont le siège est à Montpellier. Le 29 novembre, il organise un dîner de gala gratuit et déjà complet au Centre culturel David Mordoch (du nom d’un ancien rabbin de la ville, aujourd’hui décédé), pour marquer le quarantième anniversaire de cet espace loué par la municipalité, et qui propose des conférences et activités diverses. Il abrite aussi deux mikvaot, pour hommes et femmes.

Paradoxalement, cet événement festif en présence du grand rabbin de France Haïm Korsia, et du président du Consistoire central Joël Mergui, sera aussi une soirée d’adieu… par anticipation. En effet, comme partout dans l’Hexagone, les dirigeants communautaires tentent de regrouper les services et lieux cultuels, afin de moderniser la vie juive et réaliser des économies d’échelle. Ainsi, la nouvelle synagogue située en plein cœur de Perpignan, dans le bâtiment restauré de l’ex-école publique Lavoisier, s’étendra sur deux mille mètres carrés, alors que la choule actuelle en compte cent cinquante seulement. Elle ouvrira probablement à l’occasion de Pourim prochain.

Le but est d’attirer davantage de fidèles (il y en a quatre-vingts aujourd’hui le Chabbat matin), d’y installer les bains rituels, le Talmud Torah, d’ouvrir une boucherie et une épicerie casher, à ce jour inexistantes dans l’agglomération, un restaurant… Du coup, le Centre David Mordoch pourrait disparaître à moyenne échéance. Cette synagogue flambant neuve, où officiera le rav Mordékhaï Bensoussan, rabbin de la ville depuis trois ans (et ex-grand rabbin de Nice), a donné bien du fil à retordre à Daniel Halimi. « Un autre emplacement été prévu de longue date, mais nous y avons essuyé des ennuis judiciaires, explique-t-il. Nous avons eu globalement gain de cause, mais j’étais las de ces procédures à répétition et nous avons fini par opter pour l’école désaffectée Lavoisier. L’achat a été facile et rapide. »

Dans cette commune proche de la frontière espagnole, d’où l’alya est relativement élevée – trente à trente-cinq familles seraient parties pour Israël depuis quatre ans – et à la population juive vieillissante, l’existence reste douce malgré le poids politique du Front National et l’importance de la communauté musulmane. Les relations sont d’autant plus apaisées, en-dehors de périodes de fièvre sporadiques liées aux tensions israélo-palestiniennes, que Perpignan a accueilli des Juifs dès le 12ème siècle. Nos coreligionnaires sont ancrés dans le paysage, et cela a laissé des traces dans l’inconscient collectif. Il existe d’ailleurs un cimetière privé entièrement israélite dénommé Hillel, cas rare en France.

« Je pense qu’il est nettement préférable d’être juif ici, au soleil et dans la convivialité méridionale, qu’en Seine-Saint-Denis, proclame Daniel Halimi. Et il faut sortir des idées fausses ! La situation socio-économique des Juifs perpignanais n’est pas mauvaise, nous n’avons pas de grosses fortunes mais pas de démunis non plus. Si certains jeunes nous quittent pour Israël, c’est avant tout par idéal. Ils ne migrent pas vers Paris pour dénicher un travail, car on peut en trouver dans la région. Venez nous rendre visite, et vous verrez qu’il fait bon vivre dans cette partie de la Catalogne, plus qu’on ne le pense vu de la capitale. »

Axel Gantz

Source haguesher

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