Y a élection au Consistoire et j’ai même rencontré une candidate, par Sarah Cattan

Le dimanche 27 novembre aura lieu l’élection de la moitié des vingt-six membres du Conseil d’administration du Consistoire, qui élira à son tour sa présidence en décembre ou janvier 2018.

Et voilà qu’elle remet ça, Evelyne Gougenheim, elle récidive donc, annonçant sa candidature, une première étape avant d’être élue par ses pairs à la tête de la section parisienne de l’Institution.

Mais d’abord, Le Consistoire pour les Nuls Séance de rattrapage :

Fondé par Napoléon 1er en 1808, le Consistoire de Paris compte 26 administrateurs – dont dix femmes actuellement – élus pour huit ans et renouvelés par moitié tous les quatre ans. Plus importante institution de la communauté juive de France et d’Europe, le Consistoire est soumis à une double autorité : un laïc, le président et un religieux, le Grand Rabbin de Paris. Le Consistoire gère environ 80 synagogues et les affaires religieuses de la communauté à Paris et en Ile de France.

Evelyne Gougenheim, administratrice depuis 2009, aspire donc, après l’obtention d’un second mandat, ambitionne carrément de damer le pion à  Joël Mergui, président à la fois du Consistoire israélite central et du Consistoire de Paris, depuis douze ans .Déjà en juin 2016, lors des élections au Consistoire central, pour contrer la candidature unique du Président sortant,  Evelyne Gougenheim avait défié Joël Mergui et ses partisans. A ceux qui lui reprochent une forme d’ingratitude, et rappellent qu’en 2009 elle assura la communication lors des élections au Consistoire central, de Paris  elle objecte que c’est justement à cause de cela qu’elle se sent « obligée » de  se battre ainsi . Ce qu’elle constata lorsqu’elle fut nommée Ordonnateur des Dépenses, en 2013 la décida à se porter candidate : absence de gestion, opacité de la nébuleuse d’associations, cumul des fonctions et concentration des pouvoirs.

Et pas d’entourloupe dans l’objectif qu’elle affiche : rendre au Consistoire sa représentativité et sa transparence : De même que je voulais lutter l’an dernier contre la privatisation du Consistoire central et une gestion financière hasardeuse, je veux lutter, au sein du Consistoire de Paris, pour plus de démocratie, plus de transparence et plus d’efficacité.

TJ : Bonjour Evelyne Gougenheim. En quoi tout citoyen pourrait-il être choqué dans la façon dont sont organisées les Elections au Consistoire ?

Evelyne Gougenheim :  Où est l’appel fait aux électeurs pour s’inscrire, sachant qu’il fallait s’inscrire avant le 31 décembre 2016.

TJ : Quand a eu lieu l’appel à candidature ? 

Evelyne Gougenheim :  L’appel à candidature a été fait durant les Fêtes de Tichri par un affichage pâlot dans certaines synagogues. Le choix de cette date, en rien anodin, a réduit la période de candidature à finalement 10 jours pour un mandat de … 8 ans. Notez que, de surcroît, à aucun moment et nulle part n’est évoquée la possibilité-même d’une candidature de femme, contrevenant à la législation en vigueur sur l’égalité hommes/femmes.

TJ : Remettez-vous en cause la neutralité, voire l’indépendance de la commission électorale nommée ? 

Evelyne Gougenheim :  La commission électorale nommée par l’équipe en place lors d’un Conseil d’administration comprenait notamment M. Ghenassia, cousin de Jack-Yves Bohbot,  l’un des principaux candidats, certains autres membres ayant également des liens divers. Je suis donc en mesure de dénoncer une Commission électorale ni neutre, ni indépendante, et dont on n’a même pas copie des procès-verbaux !

TJ : Quels sont les critères pour se présenter ? 

Evelyne Gougenheim :  Casier judiciaire ou pas, sachez qu’au Consistoire vous êtes le bienvenu. A preuve : avec un casier, vous pouvez mener un regroupement ! Les seuls critères sont l’âge + de 18 ans et deux années de cotisation, c’est tout. Et pourtant très peu de candidats.

TJ : D’autres éléments que nous ignorerions et illustrant la morale discutable de tout ça ? 

Evelyne Gougenheim :  49 bureaux de vote sans contrôle, dans des synagogues où il n’y a plus d’élections depuis de nombreuses années ! Je tiens à vous rappeler que lors du vote sur le changement des statuts, ô combien important, il n’y avait qu’un seul bureau de vote et deux huissiers. Aucun contrôle de la liste électorale ! Ce qui m’a amenée à un rapide test. J’ai alors trouvé des donateurs d’autres associations qui seront électeurs sans toutefois être adhérents du Consistoire. Ce qu’on appelle de faux électeurs, me semble-t-il.

TJ : Le fait d’être femme vous aurait-il desservie ? 

Evelyne Gougenheim :  Certains orthodoxes estiment que l’élection d’une femme à la tête de l’institution religieuse n’est pas conforme à la halakha, mais il s’agit en fait d’une association régie par le droit français, ne l’oublions pas. Le débat avait eu lieu lors de ma candidature au Consistoire Central et le grand rabbin de France, Haïm Korsia, avait affirmé que les statuts du Consistoire autorisaient la candidature d’une femme. Moi je veux favoriser le dialogue entre les voix plurielles du judaïsme. Le Consistoire actuel, avec une aussi faible représentativité, comme le disait Moïse Cohen récemment, crée un écart grandissant entre la Communauté et ceux qui sont supposés la représenter.

TJ : Avez-vous trouvé en chemin ce qu’on pourrait qualifier d’entraves, de bâtons dans les roues ? 

Evelyne Gougenheim : Sept candidats sur treize de la même liste ont un accès direct aux fichiers de six synagogues au moins. Ce ne sont plus des élections : il s’agit d’un habillage pour masquer le verrouillage d’un système préparé et organisé depuis fort longtemps. Quant à ma profession de foi à 9260€, huit fois plus que pour les autres candidats, comment appelez-vous cela ?

TJ : On vous a reproché l’absence de programme chiffré ? 

Evelyne Gougenheim :  S’agissant des comptes qui permettraient de faire un bilan et de dresser un état des lieux, le refus catégorique de me les transmettre est éloquent. Je trouve affligeant qu’on me reproche une absence de programme chiffré, alors que le Consistoire ne donne que des chiffres très partiels. Qui sait qu’il y a actuellement des hypothèques à hauteur de 10 millions d’euros sur des biens divers dont : le centre Fleg, (sera-t-il vendu ?); le 19 rue St Georges, le centre Communautaire de la Varenne et la synagogue en travaux de Courbevoie ! Ce en plus des synagogues vendues : la Garenne Colombes, la rue St Didier et Doudeauville.

TJ : Quelles sont vos propositions pour donner plus de Démocratie à nos Institutions ? 

Evelyne Gougenheim : Bien sûr le premier point est la fin du cumul des mandats qui fatalement entraîne des dérives. C’est inévitable, voilà pourquoi tant le cumul que la durée du mandat sont des points cruciaux dans toutes les institutions qui se veulent démocratiques.  Au Consistoire, nous cumulons les deux problèmes, c’est dramatique !  Limiter le mandat du Président à deux fois deux ans est la première mesure indispensable. Où sont les Commissions indépendantes qui produisaient une réflexion, un travail exigeant, où sont les élections dans les Communautés, il n’y a plus que des cooptations. Tout a disparu, noyé dans le clientélisme et la recherche de la photo à tout prix. Oui la démocratie constituera un axe majeur de ma campagne. Je veux aussi clarifier la gestion de l’institution. Nous avons besoin d’un audit, il n’y en a pas eu depuis douze ans ! Je m’engage à mettre en place une commission de contrôle de gestion qui veillera à la bonne tenue des finances du Consistoire, mais à la préservation du patrimoine juif de France. Je veux rassembler et être celle qui porte  l’espoir d’un Consistoire renouvelé, représentatif, ouvert au dialogue interne et externe, transparent et accessible. En changeant d’esprit, en promouvant le dialogue et la démocratie, la légitimité, la pluralité, moi je ne confisquerai pas le Consistoire dont nous sommes tous les héritiers légitimes avec des devoirs mais aussi des droits

TJ : Peut-on  utiliser le mot Elections ? 

Evelyne Gougenheim : Non conformes aux statuts, non démocratiques et non éthiques, voilà ce que sera le simulacre d’élections que propose le Consistoire. Soyons triviaux : il s’agit d’élections bidon ! Pas de débat ! 8 jours de campagne pour 8 ans de mandat… Le Consistoire est mort, Vive l’Agence immobilière du Consistoire : legs, ventes de synagogues etc… Le Consistoire part à la dérive, le naufragé s’appelle la Communauté…

TJ : Alors ? 

Evelyne Gougenheim : Je demande l’annulation de ces  fausses élections.  Les choses sont en cours. Un huissier s’est présenté la semaine dernière, mais n’a pas été reçu par ceux qui se croient décidément au-dessus de tout et de tous. Il n’est plus question d’avertissement préalable, nous sommes en zone à hauts risques.

TJ : A défaut d’une profession de foi, vous nous livrez un constat. 

Evelyne Gougenheim : Pardon ma profession de foi a été simplement éliminée puisque le Conseil d’administration a validé l’avis de la commission électorale « ni neutre, ni indépendante » pour diviser le prix du routage par 3, nombre de « listes » et non par candidats «  23 (deux candidats ayant choisi de ne pas faire de profession de foi. Un prix par listes alors que les listes sont interdites par les statuts ! Bref, ma profession de foi me coûtait 9260€ hors impression et je l’apprends le 8 novembre à 14h pour une livraison des documents le 10 novembre à 12h. De qui se moque-t-on ? C’est une vraie discrimination, c’est aussi une honte. Un audit est indispensable. Financier mais aussi mais aussi un audit des valeurs du Consistoire. L’éthique, la transparence, et l’écoute permettront de reconfigurer le Consistoire avec une vraie représentativité, avec la volonté non pas de fermer et vendre les synagogues, mais de donner un nouvel élan pour tendre la main à ceux qui se sont éloignés. Où sont nos Rabbins, leur sagesse, leur voix qui doit se faire beaucoup plus entendre ?  Le Consistoire doit apprendre à tendre la main, non pour demander des sous, mais pour aider : en consacrant un budget de 10% du budget prévisionnel du Consistoire à la solidarité, nous reformerons une vraie Communauté, vivante et généreuse pour affronter les difficultés qui s’amoncellent. Nous sommes tous dans le même bateau et c’est une chance !

Evelyne Gougenheim, issue des mondes de l’entreprise, de l’art et de la publicité, titulaire d’un DESS de ressources humaines et d’un diplôme de médiateur, a été chef d’entreprise avant de diriger une galerie d’art contemporain à Paris.

Se revendiquant « juive », cette jolie femme qui porte cheveux courts et tailleur élégant déplore et dénonce la médiatisation des tueurs d’enfants à tétine dans la bouche et on l’a vue et entendue dans l’affaire Sarah Halimi où elle est vice-présidente du comité de soutien Vérité et justice pour Sarah Halimi. On l’a vue, elle, à l’Unesco lorsqu’IIF Israel is forever est venue déposer sa lettre d’accusation, mais on l’a vue aussi lorsqu’il s’est agi de dénoncer  la récente invitation du grand rabbin séfarade de Jérusalem, Shlomo Moshe Amar, à s’exprimer dans la synagogue Buffaut alors même qu’il avait tenu des propos violents contre les juifs libéraux, les comparant aux négationnistes. Pour elle, l’organe de représentativité du judaïsme en France doit refuser de se mettre en filiation avec quelqu’un qui a de telles positions extrêmes. Elle les a donc rejoints, Michael Amsellem, ROIer, le réseau Schusterman d’innovateurs juifs et le fondateur du groupe de réflexion Judaïsme et Féminisme, l’association Beit Haverim, des membres du MJLF, de la Moishe House Paris, de l’Association des Séfarades et des Marranes, ou encore du collectif Mouvement Juif Autonome, tous brandissant des pancartes appelant à Un Nouveau Consistoire, un Consistoire pour Tous. 

Aujourd’hui, à Paris et surtout en banlieue il y a des Juifs consistoriaux ou non  qui se sentent menacés, elle veut mettre pour eux un dispositif d’urgence et de coordination pour leur prise en charge et leur apporter une vraie assistance : ce projet  porterait le nom de Sarah Halimi (Z’l)

Ces Juifs qui ne se sentent pas représentés par le Consistoire actuel, elle veut qu’ils se sentent désormais unis, au moins qu’ils dialoguent et trouvent éventuellement des thèmes communs :  la Mémoire, Israël, la sécurité, l’assistance., etc…  qu’ils soient issus des courants ultra-orthodoxes, libéraux, ou encore ne fréquentent aucune synagogue.

Parmi les administrateurs, il en est un, président d’honneur du Consistoire de Paris, Moïse Cohen, qui a le cran de la soutenir parce qu’à son sens, la direction actuelle du Consistoire fait de la politique et seulement de la politique, cela au détriment des communautés juives qu’il considère abandonnées. 

L’élection d’une femme à la tête du Consistoire sonnerait le juste retour de la place des femmes dans la communauté mais surtout le retour à un Consistoire au service de la communauté. 

Sarah Cattan

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