Humanistes, ses parents ont sauvé une famille juive

Il fut des temps obscurs où tendre une main signifiait sauver une vie, où ne rien dire signifiait ne pas mourir. Durant ces temps récents, le simple fait de naître condamnait l’individu à une mort certaine.

Six millions de juifs furent consciencieusement assassinés pendant la Seconde Guerre mondiale. Si le nombre de victimes françaises est important, il faut noter que les 3/4 des juifs de France survécurent à la Shoah. Moissac, la courageuse, contribua au sauvetage de centaines d’entre eux. On a beaucoup parlé de la colonie de Shatta et Bouli Simon. Ce couple faisant partie des éclaireurs israélites de France, qui aidé par la population, sauva près de 500 enfants. Il y eut aussi des actions individuelles. Ici et là, des particuliers tendirent la main à ceux qui étaient menacés.

Les parents de Gilbert Polycarpe sont de ceux-là. En 1940, Gilbert a 6 ans. Il vit avec ses parents et ses trois frères et sœur dans leur ferme, à 4 kilomètres du centre de Moissac. Son père est arboriculteur. Il est aussi membre du conseil municipal. La mère s’occupe des enfants et aide son mari. Au début de la guerre, la famille propose d’accueillir des réfugiés. «Une famille originaire d’Argenteuil est restée quelques mois, puis est repartie dès que la situation s’est stabilisée. Nous sommes restés très liés», dit Gilbert.

En novembre 1942, la situation se dégrade pour les Juifs lors de l’occupation de la zone libre. La mairie de Moissac, sous la houlette du maire Camille Delthil, organise la mise à l’abri des réfugiés juifs. «Mon père est allé chercher une famille juive à l’aide d’un cheval et une jardinière. Ils venaient de région parisienne et habitaient à la sortie de Moissac. Ils étaient quatre : les parents, leur fille et leur gendre. Deux enfants de 8 et 10 ans étaient placés, ils ne sont venus qu’après. On leur a laissés la maison de nos grands-parents.» Ils y resteront jusqu’à la fin de la guerre. Le quotidien est à la discrétion. On parle de la pluie et du beau temps, mais rarement des sujets sensibles. Les enfants jouent tous ensemble.

«Parfois on rigolait, ils n’étaient pas à l’aise à la campagne et ne faisaient pas la différence entre un épi de blé et un petit pois, sourit Gilbert. Nous les enfants, nous ne savions pas que c’étaient des juifs et que les parents prenaient des risques en les accueillant. Plus tard, j’ai su que mon père aidait aussi les maquisards.» La famille vit sur ses économies et survit grâce aux fruits et légumes offerts par la famille Polycarpe. «On leur donnait ce qu’on pouvait même si on n’avait pas de moyens exceptionnels», confie le vieil homme.

La fin de la guerre signe le départ de leurs protégés. Si les deux familles entretiennent des échanges dans les années d’après-guerre, les liens se distendent peu à peu. «Ils sont retournés dans leur maison à Moissac. Le père était tailleur et a fait mon costume pour ma communion. Ils prenaient nos œufs, et on leur prenait des vêtements», évoque Gilbert.

Ils n’ont pas fait de demande auprès de Yad Vashem pour devenir Justes. «Mes parents ont agi avec humanisme. On ne demandait pas d’où venaient les gens, on aidait.» Cet humanisme, Gilbert en est toujours imprégné. L’actualité et la crise actuelle des réfugiés le révoltent. «Qu’on refuse de venir en aide à des réfugiés, je trouve ça inadmissible ! C’est simplement un devoir d’aider, mais systématiquement, il y a ce racisme de base qui resurgit.»

Source ladepeche

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