Sarah Cattan : Joseph Stiglitz dit non à Marine Le Pen

Il est pas content, Joseph Eugène Stiglitz. Il balance grave contre MLP, tellement grave que moi, si j’étais elle, j’aurais honte.joseph stiglitz

L’économiste américain, lauréat de maintes récompenses dont  le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, le disciple de Keynes, non il ne veut décidément pas être par elle récupéré, et aujourd’hui, il le dit au monde entier dans une série de tweets dénonçant la candidate frontiste qui le présente comme étant acquis à sa cause, concernant l’euro. Tout ce mercredi, si vous êtes branché twitter, vous l’aurez suivie, la passe d’armes entre le Prix Nobel d’économie et Marine Le Pen. La honte pour elle. Il le tweete noir sur blanc : Pour mémoire : je ne suis pas un partisan de Marine Le Pen. Je ne soutiens pas les politiques de Marine Le Pen, ni son parti politique.

Ça ne suffit pas ?

Alors il l’a appelée à cesser d’agir comme s’il partageait ses idées, et vous savez quoi ? Il a fini par tweeter : Par ailleurs, je suis juif et la famille de ma femme a fui la France pendant la guerre.

Si avec ça elle ne comprend pas.

C’est qu’il en a sa claque, Joseph : ça fait des mois qu’elle le cite dans ses discours pour justifier son projet de sortie de l’euro. Pourquoi ? Parce que lui avait pointé les défauts de la monnaie unique  dans L’Euro. Comment la monnaie unique menace l’avenir de l’Europe[1]. Elle, elle n’a pas du le lire en entier, le bouquin, car elle ne mentionne jamais les conclusions de l’économiste, selon lequel la monnaie unique, ayant échoué à apporter la prospérité promise, devait être réformée d’urgence par un divorce à l’amiable entre les membres, et sous certaines conditions.

Elle l’a pas lu, ou alors elle a pioché là-dedans ce qui lui convenait, osant faire de cette réflexion une validation du sérieux de son projet.

Joseph, vous ne fûtes pas le seul : tous vos potes, de Paul Krugman à Milton Friedman, ont été cités par les frontistes comme appelant à la fin de l’euro. Vous aviez émis une critique sur le fonctionnement actuel de la monnaie unique ? Ils vous a fait favorables à la fin de celle-ci.

Pardon ? Vous proposiez seulement de réformer l’euro pour réparer ses failles ? Alors elle n’a pas tout lu, elle n’a pas tout compris, oh disons-le tout de go : elle s’est servie de vous tous.

Vous étiez 25 hier à signer cette tribune dans Le Monde pour dénoncer la récupération politique de vos idées par elle ? A rappeler que les programmes antieuropéens déstabiliseraient la France, à répéter qu’il y avait une grande différence entre choisir de ne pas rejoindre l’euro en premier lieu et en sortir après l’avoir adopté ? Elle n’en a cure : on est comme ça, au FN, on ne fait pas dans la dentelle, on a du culot, et d’ailleurs hier-même, sur TF1, elle  a feint de s’étonner de votre supposé changement de ton : ll devait venir à l’un de mes colloques, mais finalement, j’ai trouvé que 100 000 euros pour son intervention, c’était trop cher, a-t-elle cru devoir ajouter, et c’est là qu’enfin, Joseph, elle vous fit craquer : Les attaques de Marine Le Pen montrent de nouveau qu’elle n’est pas apte à la fonction, avez-vous tweeté. Vous ne vouliez plus qu’elle fît de vous sa caution économiste pour étayer ses thèses. Je souhaite que Marine Le Pen arrête de faire comme si j’étais d’accord avec elle et ses idées, avez-vous tweeté, renforçant ainsi la teneur de la Tribune où vos potes et vous étrilliez son programme économique, rappelant combien la construction européenne vous semblait à vous tous indispensable pour maintenir la paix sur le continent mais également pour le progrès économique des Etats membres.

Eh ben vous savez quoi ? Elle dit qu’elle continuera à vous citer car elle trouve que ce que vous dites sur l’euro est extrêmement intéressant.

Hmmmm. Non, rien.

Sarah Cattan

[1] Editions Les liens qui libèrent, 2016.

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1 Comment

  1. Hélas, j’ai bien peur que l’euro ne soit pas réformable, étant seulement une monnaie commune et non pas une monnaie unique de part le maintien des banques centrales nationales à la demande expresse de l’Allemagne, paraît-il, comme le démontre magistralement Asselineau dans son intervention à Marseille (à voir sur u Tube, durée 3 h et 3 minutes).

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