La gauche française est en train d’exploser en direct

Présidentielle 2017. Un Parti socialiste plus éclaté que jamais. Des soupçons de tricherie. Et un vainqueur potentiel, Benoît Hamon, sans soutien du parti.hamon
«Le cadavre bouge encore. Mais on n’est plus très loin du pronostic vital!» Spécialiste du PS français, Rémi Lefebvre est professeur de sciences politiques à l’Université de Lille. Ce qu’il a vu ces dernières heures ne le rassure pas. Pour le PS, il parle de la fin d’un cycle qui avait commencé avec le congrès d’Epinay en 1971 et qui, sous la conduite de François Mitterrand, allait emmener le parti aux responsabilités.

Le résultat d’une part, la participation d’autre part, et le soupçon de tricherie pour finir traduisent la défaite du socialisme de gouvernement. «On assiste à la panique de l’appareil socialiste qui voulait, à tout prix, remobiliser ses troupes et afficher une participation massive. Quoi qu’il en soit, le mal est fait. Le candidat qui sera désigné dimanche a perdu le peu de légitimité qui restait au PS», avance Rémi Lefebvre. Benoît Hamon, vainqueur du premier tour avec 36,3% des voix, affrontera Manuel Valls, qui a enregistré un 31,1%, dimanche prochain.

Quelle participation?

Un pataquès… Dimanche soir, le président de la haute autorité Thomas Clay estime la participation proche des deux millions de personnes. Durant toute la journée d’hier, les soupçons de surévaluation se multiplient. Aux dernières nouvelles, le PS parle de 1,6 million. D’autres informations, officieuses, évoquent 1,4 voire 1,2 million de votants.

«Cela rappelle les tripatouillages de 2008 pour éliminer Ségolène Royal au profit de Martine Aubry. Ça ne sent pas très bon. La dynamique était déjà faible, elle risque d’être cassée pour le deuxième tour», craint le politologue Roland Cayrol.

Les gauches irréconciliables

«La primaire devait rassembler, elle n’aura servi qu’à radicaliser les deux camps», met en exergue Rémi Lefebvre. La brutalité des discours des deux finalistes a frappé tous les observateurs. Benoît Hamon a gagné sur la critique du quinquennat et un programme utopiste qui va renvoyer le PS vers l’opposition. Manuel Valls joue désormais la carte de «lui ou le chaos».

«Défaite assurée. Irréaliste et irresponsable. Ce sont les mots de Valls pour qualifier le projet d’Hamon. Dimanche, le perdant doit se rallier et soutenir le vainqueur. Personne n’y croit!» souligne Roland Cayrol.

Macron et Mélenchon

«L’espace politique qui vient de s’ouvrir devant Macron va de Juppé à Valls en passant par Bayrou. C’est énorme», estime Rémi Lefebvre, pour qui la victoire de Benoît Hamon lors de la primaire de gauche est quasi acquise. Pour le coup, les deux autres candidats de gauche à la présidentielle peuvent espérer encore monter.

«Jean-Luc Mélenchon est déjà très haut. Il ne fera pas mieux que son 15% actuel. Par contre, Macron est neuf. Le PS est avant tout un parti d’élus peu en phase avec le gauchisme contestataire d’Hamon. Je pressens le ralliement à Macron de nombreux cadres du PS», avance Roland Cayrol.

Résumons: la primaire de la gauche a fait exploser le parti et le vainqueur du scrutin, Emmanuel Macron, n’y a pas participé? Nos deux experts acquiescent.

Xavier Alonso

Source tdg

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