Macron candidat par Richard Liscia

A Bobigny ce matin, Emmanuel Macron a annoncé sa candidature à la présidence de la République. Dans un discours solennel, il a estimé que la France ne pouvait répondre aux défis de ce siècle « avec les mêmes hommes et les mêmes idées ».

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photo : Wikimedia Commons

LA CANDIDATURE de M. Macron ne surprend personne. Il n’a pas créé son propre parti, En marche !, sillonné le pays, multiplié les discours, demandé et obtenu des financements, sans avoir eu pour objectif la consécration suprême. Pour l’instant, on dispose de peu d’éléments sur le contenu de son programme, dont on sait seulement qu’il est un mélange de libéralisme économique et de souci du sort des jeunes et des déshérités. Dans son discours, il a mis l’accent sur le chômage, un non-sens selon lui, car la France possède assez d’atouts pour mettre fin à la crise sociale qu’elle vit depuis tant d’années.

Valls : « Rien ne me gêne ».

Les réactions sont presque toutes négatives, la gauche et la droite tentant de discréditer la candidature de M. Macron, qui, à 38 ans, serait trop jeune, trop libéral pour la gauche et tout simplement gênant pour les candidats de la droite, déjà nombreux : ils n’ont pas besoin d’un nouveau concurrent qui marche allègrement sur leurs plates-bandes, au risque de les affaiblir. Un élu socialiste a cru bon de dire que M. Macron n’embarrasse pas la gauche car il défend le libéralisme. Manuel Valls, à qui on demandait s’il était gêné par l’initiative de son ancien ministre a répondu sèchement : « Rien ne me gêne ». C’est vite dit. Un candidat de plus, c’est quelqu’un qui prend des voix aux autres. Et, comme nous l’avons écrit, MM. Valls et Macron se bousculent dans le même tourniquet, celui de la réforme.
L’analyse qui vient immédiatement à l’esprit repose sur l’idée suivante : le nouveau candidat, ne l’oublions pas, ne participera pas à la primaire. Il se trouvera au premier tour de la présidentielle au même titre que Jean-Luc Mélenchon, siphonnant ainsi de nombreuses voix de gauche. Il a donc poursuivi et achevé sa trahison, pour ne pas dire qu’il a achevé politiquement François Hollande. Le président de la République, pour autant que les enquêtes d’opinion soient encore crédibles, risque de subir une humiliation sans précédent dans les annales de la Ve République s’il maintient sa candidature et se retrouve troisième au premier tour en 2017. Comme nous l’indiquions hier, Manuel Valls, toujours selon les sondages, ferait un meilleur score contre M. Macron et M. Mélenchon si le président abdiquait et remettait le sceau et le sceptre au Premier ministre.

Juppé en danger.

Peut-être plus important, l’ancien ministre de l’Economie va bousculer une droite déjà chamboulée par la vive progression de François Fillon, laquelle, comme nous l’expliquions hier, affaiblit Alain Juppé au profit de Nicolas Sarkozy. A quatre jours du premier tout de la primaire de la droite, il faut s’attendre à des surprises. M. Juppé perd du terrain au moment crucial de son parcours. Il risque d’être devancé par M. Sarkozy ou, plus improbable, par M. Fillon, ou pire, par les deux. Or il suffit au maire de Bordeaux d’arriver en tête au premier tour pour être assuré de l’investiture des Républicains. S’il manque cette marche, il risque d’être battu au second tour. Les centristes n’auront plus d’autre choix que de voter Macron.

M. Sarkozy peut donc estimer que ses chances s’améliorent. Un dernier coup de Jarnac a été tenté contre lui, sous la forme d’une video où le peu recommandable Ziad Takkiedine affirme qu’il a livré trois valises contenant cinq millions d’euros à Nicolas Sarkozy et Claude Guéant en 2006 et 2007. Il s’agirait d’argent libyen destiné à la campagne de M. Sarkozy. La prudence suggère de ne négliger aucune information, mais force est de constater que les gens qui font métier d’accuser M. Sarkozy en permanence sont guidés par des considérations personnelles, le « scoop » ou le règlement de comptes, et restent incapables d’apporter la moindre preuve à leurs assertions. Il me semble que cette apparente manipulation, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à l’ingérence du FBI dans la campagne de Hillary Clinton, n’aura pas les mêmes effets ici qu’aux Etats-Unis. L’ancien président bénéficie, au sein de son parti, d’un soutien ardent. Pour le moment, les attaques multiples dont il fait l’objet le transforment en victime et ses partisans sont galvanisés comme jamais.

Richard Liscia

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