Au Havre, le groupe interreligieux célèbre ses vingt ans d’existence –

Dans la paix, comment exprimer nos différences ? Par ces mots simples et puissants à la fois, les communautés religieuses du Havre d’obédience musulmane, juive et chrétienne se mettent autour de la table et dialoguent depuis vingt ans sur le « vivre ensemble ». Loin d’un syncrétisme qui consisterait à fusionner plusieurs doctrines religieuses ou culturelles différentes, ces rencontres se veulent avant tout le fruit d’une volonté réciproque de se connaître. Hatem Chérif, le porte-parole de l’association des Musulmans de France, fut l’un des pionniers de ce groupe. Il en dévoile la génèse :« Suite à la venue massive d’immigrés dans les années soixante-dix et à leurs conditions sociales et économiques, il y eut le lancement d’une campagne nationale initiée par la Cimade (Comité inter-mouvements auprès des évacués) avec la participation de la pastorale des migrants sur le thème : accueillir l’étranger ». Des contacts voient alors le jour, suivis de dialogues qui, rapidement, vont susciter le besoin de se connaître mutuellement.

« Une initiative du prêtre-ouvrier Claude Huret »

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« Il y avait des rencontres sporadiques sans aucune structure. Elles étaient essentiellement à l’initiative du prêtre-ouvrier Claude Huret [celui-ci était connu et apprécié de beaucoup au Havre pour ses engagements en faveur des droits de l’Homme, contre l’exclusion et le racisme, NDLR]. Il fut donc l’initiateur du groupe interreligieux au sein de notre ville.»

Des liens se tissent, mettant à jour le besoin crucial de la communauté pour la célébration du culte musulman. « De ce fait, avec l’aide de l’Église, la communauté musulmane a pu célébrer dans la dignité pendant plusieurs années les offices du mois de Ramadan par la mise à disposition d’une dépendance liée à l’église du Sacré-Cœur.»

Avec l’installation de jeunes diplômés, le développement de la nouvelle université et l’arrivée d’étudiants des pays du Maghreb mais aussi avec la création des premiers lieux de cultes musulmans, les rencontres et les échanges deviennent plus fréquents. « De là, les liens se sont consolidés, ce qui a débouché sur la création du groupe interreligieux. En 1995, dans le cadre de la formation permanente des chrétiens, une 7e filière a été créée. Le thème choisi était la tolérance vue à travers l’Histoire, la Bible, le Coran. »

À partir de cette date, les rencontres se sont officialisés à raison d’une rencontre mensuelle avec un thème annuel choisi. « L’église catholique, protestante, le centre Essalam ont introduit dans leurs programmes et leurs activités le dialogue interreligieux, précise Hatem Chérif. Pour la représentation juive, il y a une rencontre annuelle au sein de la synagogue. »

Depuis, le groupe s’est vu rejoindre par les représentants de l’église évangélique et des personnes qui s’intéressent au fait religieux : agnostiques, bouddhistes. Le groupe est par ailleurs en train de réfléchir pour créer un événement annuel ouvert au public.

Stéphane Gouël

s.gouel@presse-normande.com

Table ronde-débat le vendredi 26 février à la grande mosquée de Caucriauville, 30 avenue du 8-Mai et le lundi 30 mai à la cathédrale Notre-Dame, rue de Paris. Ouvert au public sans exigence d’appartenance à une quelconque obédience religieuse.

Pasteur Luc Réaux, de l’église évangélique. « Mieux se comprendre plutôt que de parler des autres par caricatures. Chacun parle de sa foi, de sa religion dans une écoute bienveillante. Cela permet de savoir exactement ce que les uns et les autres croient. Mais aussi les conséquences que ça a dans la vie personnelle et sociale. »

Victor Elgressi, de la communauté israélite du Havre. « Faire des rencontres très sympathiques mais aussi de parler de l’essentiel. Quand vous connaissez les gens, les masques tombent et on se rend compte finalement que les autres ont une religion ou des pratiques religieuses qui ressemblent aux nôtres. Sur beaucoup de plans, il y a des choses qui sont pratiquement identiques. »

Père Bruno Golfier, de l’église catholique. « Pouvoir se rencontrer et avoir une approche bienveillante. Un dialogue qui va permettre à la fois d’avoir une meilleure connaissance de la foi et de la pratique religieuse des autres mais aussi un lieu d’interpellation en rapport avec des faits d’actualité. On n’essaie pas de résoudre des sujets clivants car ce n’est pas le but. La vertu de ses rencontres est d’être là quand il y a des événements difficiles. ».

Imam Cherraj Youssef, de la communauté musulmane. « Cette fraternité entre les communautés est née de ces rencontres et la fraternité est un pilier pour cette société indivisible. Grâce à ces échanges, mieux connaître les autres et dialoguer nous immunise lors d’événements tragiques. Cela évite les amalgames. »

Propos recueillis par Stéphane Gouël

Source : www.paris-normandie.fr

 

 

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