La chronique de Pascale Davidovicz. La Libye, nouvelle plaque tournante du djihadisme, à quelques kilomètres de l’Europe.

Des centaines de libyens qui se battaient en Syrie

et en Irak rentrent au pays.

Pour le prétendu Etat islamique, qui perd du terrain en Syrie et en Irak, la Libye est une opportunité d’extension, de repli stratégique, de base d’opérations et de ressources.

Sans compter qu’elle se situe au sud de l’Europe et que, de ses côtes, on contrôle le flux migratoire.

Tous les derniers endoctrinés étrangers venant de Syrie et d’Irak y sont envoyés.

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Le seul frein au développement de Daesh en Libye est la présence d’al-Qaïda, car comme en Syrie, l’Etat islamique vient piétiner ses plates bandes.

La confrontation est déjà en cours et promet d’être aussi féroce qu’elle l’est dans d’autres pays africains comme le Yémen, la péninsule du Sinaï et même en Algérie.

Les récents attentats au Burkina Faso ont été menés par Aqmi (al-Qaïda au maghreb islamique) et Al-Mourabitoune, deux groupes qui ont fusionné pour contrer la montée de l’Etat islamique.

En Libye, les djihadistes de Daesh ont appliqué méthodiquement un régime de terreur qui, depuis les centres-villes jusqu’aux zones périphériques et rurales, a rallier de force à sa cause une population sans protection et qui voit ceux qui résistent être décapités ou crucifiés.

Une lutte fratricide en Libye, jusqu’à quand ?

Selon Romain Caillet, chercheur et expert reconnu des mouvements djihadistes, la branche libyenne de Daesh, dans sa lutte de pouvoir fratricide avec al-Qaïda, a diffusé une « death list », liste de cibles à abattre, et mis à prix la tête du djihadiste Mokhtar Belmokhtar, le chef autoproclamé d’al-Qaïda en Afrique de l’Ouest, qui aurait trouvé refuge dans la ville de Derna en Libye.

Celui là même que François Hollande avait présumé mort en juin dernier !

Mokhtar Belmokhtar, le chef autoproclamé d’al-Qaïda en Afrique de l’Ouest

Cependant, le danger réside dans le rapprochement des factions rivales.

Ce qui est déjà le cas pour certaines, comme Boko Haram, qui s’est rallié à Daesh au Nigeria.

En Libye, plusieurs groupes locaux d’al-Qaïda ont fait acte d’allégeance à l’Etat islamique.

L’Occident mise avec un peu trop de confiance sur la confrontation entre groupes rivaux pour stopper l’avancée de Daesh selon le site slate.fr.

On constate effectivement que Daesh constitue un appel d’air pour de jeunes combattants de groupes concurrents, subjugués par sa spectaculaire progression et sa maîtrise de la propagande qui inonde les medias.

La Tunisie, l’Algérie, l’Egypte, le Niger et le Tchad s’inquiètent de cette force d’attraction qui attire les djihadistes présents sur leurs territoires, et de la menace d’une attaque dans le Sahara contre les complexes gaziers.

De sa tête de pont libyenne, Daesh menace les pays voisins comme la Tunisie, dont les centres touristiques qui ont été attaqués, l’ont été par des terroristes formés dans les camps djihadistes en Libye.

En Libye, les combattants de Daesh, estimés à 5 000 hommes, se sont implantés à Syrte et continuent d’étendre leur territoire vers l’est du pays où ils ont attaqué des sites pétroliers.

Mais, à la différence de l’Irak ou de la Syrie où le pétrole aurait rapporté à Daesh entre 500 et 600 millions de dollars, ces actions viseraient davantage à déstabiliser le pays et à casser son économie qu’à trouver profit de la manne pétrolière, car en Libye le pétrole ne peut être transporté que par la mer et non pas par camions.

La banque centrale libyenne a annoncé que la vente de pétrole ne couvrait plus les dépenses de l’Etat et que les réserves financières ne tiendraient pas plus de deux ans.

Si on ne fait rien, Daesh aura tout le temps de cueillir le fruit du chaos.

Dans mon article du 12 février dernier, j’évoquais l’inquiétude du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, du secrétaire d’Etat américain John Kerry et du chef d’Etat-major américain Joseph Dunford.

Depuis Syrte, Daesh est à quelques heures de bateau de la Sicile, de Malte et de la Grèce.

Une seule possibilité pour stopper l’avancée de Daesh, en dehors d’une intervention militaire dont personne ne veut, est de soutenir les nombreux clans qui constituaient la colonne vertébrale du régime de Kadhafi, et qui ne veulent à aucun prix perdre le pouvoir qu’ils exercent sur les territoires qu’ils contrôlent.

Paradoxalement, ces mêmes clans ralentissent l’unité du pays.

Les experts israéliens convaincus que les attentats de Paris sont une diversion.

Les attentats commis en France en 2015 ont suscité une grande émotion et la « sidération » comme ont répété à l’envie les journalistes, oubliant au passage les précédents, entre autres ceux de Toulouse.

Mais si l’Europe n’est pas encore la cible principale de Daesh, qu’adviendra t-il s’il atteint son premier objectif qui est d’en finir avec les pays musulmans en proie au chaos pour leur imposer sa loi, et qu’il menacera les côtes méditerranéennes de l’Europe ?

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L’État islamique utiliserait la France comme un leurre et le vrai combat se déroulerait désormais en Libye où se concentre toujours plus de djihadistes.

Selon un article du site slate.fr, les experts israéliens sont convaincus que les attentats de Paris tendent à détourner l’attention des Occidentaux sur ce qui se trame en Libye depuis quelques mois. Ils lui servent aussi de vecteurs de publicité pour attirer à lui de nouveaux candidats au djihad à la recherche d’un idéal ou d’aventures sanglantes.

Les terroristes éliminés en France, très dangereux parce qu’incontrôlables, sont cependant des petits délinquants à la kalachnikov facile. Ils représentent des troisièmes couteaux suffisamment fous, hâbleurs et habiles pour occuper l’espace médiatique tandis que les vrais chefs expérimentés, issus de l’armée et des services de sécurité de Saddam Hussein, sont aux commandes.

Je partage cette analyse.

               Manuel Valls annonce de nouvelles attaques   

                 de grande ampleur.

Au lendemain des attentats terroristes à Paris, le Premier ministre affirmait sur TF1 que nous étions en guerre et devions nous attendre à des répliques.

Le 19 novembre, à l’Assemblée nationale, il évoquait les risques d’attaques chimiques et bactériologiques, après avoir énuméré les moyens utilisés par Daesh en Syrie.

Même s’il n’avait à aucun moment mentionné un risque imminent de ce type pour la France, il lui fut cependant reproché par certains députés d’en rajouter au climat anxiogène en France.

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Le 9 février dernier à Paris, le Premier ministre français affirmait que le niveau de la menace d’attentats était « sans doute » supérieur à celui d’avant les attentats du 13 novembre.

La semaine suivante, lors de la Conférence sur la sécurité à Munich en Allemagne, Manuel Valls assurait que le monde était entré dans une époque d’ « hyperterrorisme » et qu’il y aurait d’autres attentats « d’ampleur » en Europe,

« Nous devons cette vérité à nos peuples: il y a aura d’autres attaques, des attaques d’ampleur, c’est une certitude. Cet hyperterrorisme est là pour durer, même si nous devons le combattre avec la plus grande détermination ».

On martèle aux français, auxquels on parle comme s’ils étaient débiles, que « fumer tue », qu’il faut « boire avec modération », qu’il « faut bouger », qu’il faut « consommer 5 fruits et légumes », j’en passe et des meilleures.

Mais, pour certains députés, il ne faudrait surtout pas les affoler en leur parlant des risques de terrorisme de grande ampleur à venir.

Pour ma part, et je ne pense pas être la seule, j’apprécie qu’en matière de risque terroriste on me dise la vérité, plutôt que de minimiser les choses, comme si je n’étais pas capable de compréhension et d’analyse.

Un raid américain en Libye contre l’Etat islamique.

Vendredi dernier, un raid américain qui visait une maison à Sabratha, à l’ouest de Tripoli, a fait au moins 49 morts et 5 blessés.

Dans cette maison se tenait une réunion de djihadistes de l’Etat islamique, pour la plupart tunisiens.

Les autorités tunisiennes avaient affirmé que les auteurs des attentats à Sousse et au Bardo s’étaient entraînés dans des camps situés à proximité de Sabratha.

Davantage que les autorités françaises, les américains ont pris conscience de l’urgence d’intervenir en Libye.

Mais 49 morts sur 5000 combattants ! La belle affaire ! A ce rythme, on en a pour cent ans !

D’autant que ne cesse d’affluer en Libye des combattants prêts à en découdre.

Pascale Davidovicz

Sources : lexpress.frlopinion.frslate.frlemonde.frliberation.frfrance24.comlefigaro.fr challenges.fr

 

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