Le rapport de MALEK BOUTIH ou l’art de regarder ailleurs. Par Kalman Schnur

Abdelmalek Boutih, dit Malek, ne peut, par définition, être dhimmi. En revanche, rien ne l’empêche de préconiser la dhimmitude, joliment présentée et emballée, à ceux qui le peuvent.
A la lecture de son rapport soumis à Manuel Valls sur ladite « radicalisation des jeunes Français » on applaudirait presque ce champion du tour de passe-passe, ce prix Nobel de noyade du poisson. D’ailleurs ils sont nombreux à le faire, de gauche comme de droite ; et notamment ceux qui n’avaient pas lu le rapport.

Malek Boutih député PS de l'Essonne. Crédits photo : Xavier Leoty/AFP
Malek Boutih député PS de l’Essonne. Crédits photo : Xavier Leoty/AFP

C’est que Boutih réalise magnifiquement l’exploit de padamalgamer l’Islam et les musulmans. Ses « djihadistes » auraient pu tout aussi bien être bouddhistes, ses « terroristes », esquimaux.
Et que dire de ses « jeunes » sans identité ; comme ici : « Les jeunes avant même d’entrer dans le monde du travail perçoivent chez leurs aînés cette pression et cette injonction à la performance».  Les « jeunes », Malek ?  TOUS les jeunes ? Aussi les asiatiques ? C’est donc pourquoi les jeunes vietnamiens ont cette manie de décapiter leurs patrons ? A moins qu’il s’agisse de « jeunes » bien particuliers dont Malek n’a pas intérêt à prononcer le nom générique ?
Chemin faisant on nous glisse, imperceptiblement, la vraie fautive, l’«injonction à la performance». Pour enrayer le Djihadisme il faudrait donc que la France fasse amende honorable en introduisant dans son système de valeurs l’injonction à la paresse. On le retrouve bien, ici, le député PS Malek Boutih. Et, sans surprise, il fait marcher nos glandes lacrymale en chantant la misère de la « jeunesse »; car c’est connu : c’est la misère qui a tué chez Charlie, pas l’islamisme ; oh que non.
Ainsi qu’ici où le mélange de genres frise l’invraisemblable : « l’irruption de Podemos (extrême gauche…) dans la bataille électorale (espagnole…) et ses premiers succès ( ???…) sont encourageants ». Encourageants pour qui ? Pour Mélenchon ? Le sont-ils pour le PS français dont Malek est député ? Quel lien au sujet de son rapport ? Sont-ils encourageants en matière de lutte contre le terrorisme islamiste ? Ou, au contraire, porteurs de désespoir, peut-être ? Quelle est l’hypothèse fondatrice derrière une telle affirmation ? La vieille baliverne crypto-marxisante que l’irrédentisme « djihadiste » n’est surtout pas islamique, mais social, et donc résorbable par un déluge d’argent public sur les quartiers dits « difficiles » ?
Une dernière sur les mystérieux « jeunes », particulièrement vicieuse : « Les vieux préjugés sur les juifs qui seraient partout, tirant les ficelles du monde de la finance et des médias sont de retour. De façon remarquable ils sont très largement répandus chez les jeunes aujourd’hui ». Toujours les « jeunes », Malek ? De toutes origines confondues ? TOUS les jeunes seraient donc, d’après Malek, lecteurs de Mein Kampf et des protocoles des sages de Sion… A moins qu’il s’agisse encore de ceux que Malek n’a pas intérêt à identifier nommément?
« L’origine des groupes terroristes qui se revendiquent de l’islam radical fait naître au sein des pays occidentaux une suspicion diffuse sur la communauté musulmane….» ; page 10. Pas si diffuse que ça, la suspicion ; car on le serait à moins. Et puis, non, Malek ; ce n’est pas de l’Islam radical qu’ils se revendiquent mais de l’Islam tout court. Et aucun ouléma ne peut leur donner tort : ils sont profondément ancrés dans les règles islamiques établies depuis Mahomet, aussi islamiquement corrects que leurs contradicteurs en islamité.
Malek Boutih n’échappe pas à la culture des circonstances atténuantes, voire carrément du prétexte. A le lire, indirectement mais clairement l’existence du djihadisme incombe, comme au bon vieux temps de Khomeiny, aux deux Satan : le Petit et le Grand, Israël et l’Amérique.
Quelques perles au hasard : « Comme pour le conflit israélo-palestinien, la charge émotionnelle des images relayées par les médias jouent un rôle central, la réalité des violences suscite de l’empathie pour les victimes et empêche de prendre du recul. » Quelle est la réalité, Malek ? La connaissez-vous vraiment ? Voulez-vous vraiment la connaitre ? Qui sont les victimes et ne le sont-elles pas de leur propre chaos politique qu’elles ne doivent qu’à elles-mêmes ? Ou en est l’empathie des « jeunes » pour les chrétiens d’orient ? Pour les enfants noirs sexuellement abusés par de militaires français en Afrique ? Pour les sunnites d’Irak, pour les chi’ites de Syrie ? Pour les Kurdes, pour les Druzes, les Yézidis ? Pour les femmes en terre d’Islam ? Pour la pauvre Tunisie ?
Drôle d’empathie à haute sélectivité en effet. Tout un système mental et idéologique organisé pour gagner la concurrence victimaire, battre sa coulpe sur la poitrine d’autrui ; non dénoncé par Malek au point où cela en devient de l’acquiescement.
Autre perle : « Le discours des peuples musulmans victimes opprimés par les occidentaux se nourrit très largement des images des victimes civiles des bombardements américains ou encore de la répression brutale de la seconde intifada. » Bravo, Malek ; deux Satan dans la même phrase. Rarement a-t-on entendu appel au djihad plus véhément.
MAIS sachant que le djihadisme islamique fait énormément plus de victimes, surtout musulmanes, que les supposées injustices citées, les « jeunes » en question, forts de cette évidence, devraient logiquement s’en détourner. Le font-ils ? Le rabâchage de leur prétendu statut de damnés de la terre par un Malek dont c’est le métier d’origine est-il de nature à les faire détourner du djihadisme ? Vraiment ?
Le reste étant à l’avenant (quoique…. l’idée d’encourager la mixité dans les boites de nuit suppose un peu d’humour…. à moins que ce soit du premier degré…) force est de conclure que non, le rapport de Malek Boutih n’explique pas les causes du djihadisme. Il semble être passé, depuis longtemps apparemment, du côté obscur ; il les justifie aux yeux de ceux qui ne demandent que ça. Boutih se fait l’avocat d’un diable dont il feint ignorer l’existence.
D’où la préconisation qui semble transpirer de ses pages : la France devrait se rendre ; tourner le dos à ses alliés traditionnels à l’international et à elle-même pour trouver grâce aux yeux d’Al Baghdadi et consorts. Et prononcer, le plus vite sera le mieux, la Shahada.
Et surtout ne pas se battre sur le VRAI front ; ne pas se préoccuper de la cause véritable de sa déconfiture, totalement absente du rapport Boutih et pour cause: l’abandon de son identité collective profonde ; abandon qui la prive d’anticorps capables de faire face aux identités concurrentes qui croisent son chemin.
Par Kalman Schnur, juillet 2015 
 
 

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