La miraculeuse pêche aux esclaves de l’industrie thaïlandaise de la crevette.

Des immigrés clandestins, traités en esclaves,

fournissent des crevettes aux supermarchés occidentaux.

The Guardian, le quotidien d’information britannique, révélait en juin dernier, après une longue enquête, l’esclavage à grande échelle pratiquée dans le milieu industriel de la pêche à la crevette thaïlandaise.
Le scandale humanitaire fut repris par la presse française, et plus récemment par le magazine Complément d’enquête de France 2.
Pour autant, la situation inacceptable de ces êtres humains réduits en esclavage perdure.
La Belgique a réagi au travers de 500 affiches « choc », de messages à la radio et de spots à la TV montrant un esclave au milieu d’une barquette de crevettes avec une étiquette « Crevettes issues de l’esclavage ».
Des ONG ont interpellé la population.

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Pour nourrir les crevettes élevées dans des fermes marines, il faut de la nourriture, du rebut de poisson non comestible pour l’être humain, et transformé en farine.
Et cette nourriture, ce sont près de 300 000 cambodgiens et birmans qui vont la chercher en mer, sur des bateaux où ils sont retenus à la merci des capitaines qui peuvent les vendre, les enchaîner, les battre, les torturer, voire les tuer en toute impunité.
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«  J’ai cru que j’allais mourir. J’étais enchaîné en permanence, sans soin ni nourriture. Ils nous ont vendus comme des animaux », témoigne un des esclaves qui a réussi à s’échapper.
« Nous étions frappés, même si nous travaillions dur » raconte un survivant.
« J’ai vu jusqu’à 20 personnes se faire tuer » déclare un autre forçat.
Un cambodgien de trente ans, vendu cinq cents euros par des trafiquants à un capitaine de bateau, a passé trois ans sur un bateau comme esclave, sans toucher la terre ferme et à travailler vingt heures par jour.
Il témoigne : « mon énergie, c’était la peur d’être battu. Le capitaine me frappait à la tête et sur tout le corps ».
Il s’est jeté à l’eau pour tenter de rejoindre un autre bateau, mais il fut rattrapé et enchaîné au mât du bateau pendant plusieurs semaines.
Il doit son salut à un pêcheur qui l’aperçut et alerta l’ONG Stella Marris qui vint le récupérer.
Il présente des lésions graves au cerveau et doit prendre régulièrement des médicaments.
L’ONG Stella Marris affiche complet, tant les victimes sont nombreuses.
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Au sujet d’une autre victime, moins chanceuse, un rescapé témoigne ; « Les capitaines ont attaché ses bras et ses jambes sur quatre bateaux et ont tiré jusqu’à l’écarteler ».
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Un travailleur migrant extrait des poissons de la cale d’un bateau de pêche dans la province de Sattahip, au sud de la capitale de la Thaïlande, Bangkok, en septembre 2011. Photo : AFP
Les travailleurs cambodgiens et birmans clandestins qui payent des passeurs pour leur trouver du travail en Thaïlande sont vendus à des capitaines de bateaux pour quelques 420 dollars.
Endettés, piégés, parfois drogués, ils se retrouvent à travailler vingt heures d’affilée, exposés aux mauvais traitements, voire à la mort, ne gagnant que leur nourriture à base d’un seul plat de riz et de méthamphétamines.
Quand ils ne sont pas battus à mort, parce qu’en incapacité de travailler, ils échouent sur des îles d’où ils n’ont aucun moyen de rejoindre leur pays.
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  CP Foods, Charoen Pokphand,

le mastodonte thaïlandais esclavagiste.

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La crevette est devenue bon marché depuis que la Thaïlande a créé des fermes d’élevage de crevettes gigantesques et des centaines d’usines pour les conditionner.
Et surtout depuis que ces crevettes sont nourries de poissons pêchés par des esclaves.
Le groupe CP Foods, qui se surnomme « la cuisine du monde » et qui fournit en crevettes entre autres, les étales des supermarchés américain Walmart et les français Aldi, Super U, Picard et Carrefour, affiche un bénéfice record de 24,8 milliards d’euros.
Il est fier de son usine ultra moderne de 500 hectares où des ouvriers travaillent sur des chaînes automatisées, fier de ses bassins d’aquaculture high-tech où les crevettes grandissent trois fois plus vite qu’ailleurs.
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La Thaïlande est le troisième pays exportateur de produits de la mer.
Depuis l’ouragan de 1989 qui fit un millier de morts et disparaître la pêche thaïlandaise, les patrons et armateurs se tournèrent vers de la main-d’œuvre clandestine du Cambodge et de Birmanie.
CP Foods, qui tremble face au scandale et a perdu des clients, reconnaît l’existence de cet esclavagisme, mais se dédouane en faisant porter le chapeau à ses sous-traitants sur lesquels il dit « manquer de visibilité ».
Devant l’ampleur de la polémique, le groupe Carrefour aurait suspendu ses achats auprès du fournisseur CP Foods « jusqu’à ce que la lumière soit faite ».
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Jugeant la situation « choquante », l’enseigne assure n’avoir importer qu’un seul produit de CP Foods, et qu’un audit de juillet 2013 démontrait que le fournisseur respectait sa charte dans son usine.
Une véritable insulte pour les victimes de cet esclavage.

Quand la France va-t-elle réagir ?

Quand la France alertera-t-elle sa population, comme l’a fait la Belgique avec courage et détermination ?
Washington classe la Thaïlande au niveau trois, le plus bas niveau, au niveau de l’esclavage, aux côtés de l’Iran, de la Corée du Nord et de l’Arabie Saoudite.
Ce sont des milliers de travailleurs clandestins esclaves venus du Laos, de Birmanie ou du Cambodge, qui permettent à l’industrie de la pêche à la crevette thaïlandaise d’être compétitive et florissante.
Alors, pour celles et ceux qui mangent des crevettes, regardez la provenance !
Pascale Davidovicz

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