5ème Convention Nationale du CRIF : l’antisémitisme en débat.

L’antisémitisme en France est-il un mal profond ? Vaste sujet, difficile autant que sensible, que la 5ème Convention nationale du CRIF qui se tenait ce dimanche 16 Novembre avait choisi de poser. Pour tenter d’y apporter une réponse, deux analystes de grand talent, le politologue Dominique Reynié et le philosophe et académicien Alain Finkielkraut.

finkielkraut
Alain Finkielkraut

Au centre des débats dirigés par le journaliste Paul Amar, les résultats d’une étude réalisée récemment par la Fondation pour l’Innovation Politique (Fondapol) que dirige Dominique Reynié, dix ans après la parution d’un premier Rapport, celui de Jean-Christophe Rufin, médecin, diplomate et pour finir le plus jeune académicien de la Coupole, sur la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. A l’époque, Jean-Christophe Rufin insistait sur l’importance de différencier ce dernier de la xénophobie et du racisme, et notait dans ses principales conclusions une diminution du rôle de l’extrême-droite française dans la responsabilité des violences antisémites dont il attribuait l’augmentation à une frange de la jeunesse issue de l’immigration.
Dominique Reynié
Dominique Reynié

Dix ans plus tard, force est de constater que la question de l’antisémitisme est toujours d’actualité en France comme en Europe. Les chiffres publiés par le Centre Kantor révèlent ainsi que le nombre d’incidents antisémites violents a été trois fois plus élevé au cours de la période 2004- 2013 qu’au cours de la décennie 1994-2004.
Cette nouvelle étude « L’Antisémitisme dans l’opinion publique française – nouveaux éclairages » réalisée par l’IFOP que Fondapol nous présente aujourd’hui porte sur deux panels distincts : l’un, administré online, porte sur un échantillon de 1005 personnes représentatif des Français âgés de 16 ans et plus ; l’autre, administrée en face-à- face, porte sur un échantillon de 575 personnes déclarant être nées dans une famille de religion musulmane, françaises ou non, vivant en France, âgées de 16 ans et plus.
L’enquête est édifiante parce qu’accablante : l’antisémitisme n’est pas un phénomène résiduel ou marginal mais bien un phénomène en expansion en France propulsant le pays des Droits de l’Homme au premier rang des pays d’émigration vers Israël et pas seulement pour la réalisation du rêve sioniste. En cause, la banalisation latente du discours de Marine Le Pen bien plus politiquement correct que les saillies et dérapages incontrôlés de son père, une extrême-gauche qui se refuse à rompre avec la révolte des cités quand bien même elles seraient antisémites, un web sans rempart où le discours se lâche avec haine sur YouTube et Daily Motion, une population musulmane parfois dépassée par les événements, et qui peine à maîtriser ses troupes et son discours.
Alors que Marine Le Pen est donné à 32% au premier tour de la prochaine élection présidentielle (2017), que 450 manifestations pour Gaza sont organisées en France l’été dernier (trois seulement furent interdites) au cours desquelles on entend dans les rues de Paris des slogans dignes des heures les plus noires de notre histoire, voilà une étude que chacun lira et diffusera abondamment avec profit pour qu’il ne soit pas possible de dire un jour, « je ne savais pas ». Cette étude et ses enseignements sont consultables en ligne sur le site de la Fondation, www.fondapol.org.
Brigitte Thévenot
 

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