De quoi Daesh est-il véritablement le nom ? Par Kalman Schnur

Kobané, la lampe d’Aladin et autres sornettes :

au sujet du dénommé « Etat Islamique »,

on aura tout vu, tout entendu.

lampaladin

Entre les faits connus de tous car copieusement rabâchés par les médias, ceux qui sont peu connus mais sujets à caution, ceux qui sont avérés faux et ceux qui relèvent de prophéties gratuites (« L’Etat islamique va changer le monde »…) de nature à fomenter panique et hystérie, il n’y a que nuit et brouillard.
La BONNE question aurait été « de quoi DAESH est-il VERITABLEMENT le nom ». Car, à bien y regarder, cette organisation n’est pas pour déplaire à certains et non des moindres.
• Sunnites fanatisés (nous dit-on…), ils affaiblissent les bastions du chiisme radical d’obédience iranienne qui sont l’Iraq et la Syrie. Les USA devraient apprécier.
• Ne tolérant aucune entité autonome qui ne leur soit pas inféodée en ce qu’ils appellent « Dar El Islam », ils s’attaquent aux Kurdes. Ils affaiblissent le bastion kurde au nord de l’Irak et bloquent la genèse de son homologue dans le nord syrien. La Turquie, membre de l’Otan et alliée des USA, devrait apprécier ; elle qui craint par-dessus tout la contagion avec sa très importante minorité Kurde, mitoyenne de ces deux zones, qui se bat pour l’autonomie depuis toujours.
• Pendant les 50 jours de conflit entre Israël et le Hamas en juillet-août la frontière nord d’Israël, avec le Liban et la Syrie, est restée calme. Le deuxième front tant redouté avec le couple Hezbollah-Assad n’a pas eu lieu. C’est que Daesh plaquait les deux au mur, trop occupés à survivre… Israël devrait apprécier.
Abrégeons. La liste des bénéficiaires pourrait s’avérer longue.
N’empêche que Daesh est un véritable deus ex machina, un djinn sorti subitement de la lampe d’Aladin.
En a-t-on seulement entendu parler il y a encore six mois, lui qui maîtrise (nous dit-on…) la moitié de la Syrie et de l’Irak, faisant fi d’armées richement équipées et dix fois plus importantes ?
Il s’est emparé d’exploitations pétrolières qui lui rapportent gros, nous dit-on. Mais rien ne brûle aussi bien qu’une installation pétrolière. Ceux qui disposent de la maîtrise absolu du ciel (vu que ledit Daesh n’a aucune force aérienne ni anti-aérienne) n’auraient aucun mal à lâcher un ou deux F16 porteurs de bombes à guidage laser sur l’oléoduc de sortie d’une installation pétrolière, paralysant le travail jusqu’à nouvel ordre. Installation qui n’a d’ailleurs aucun secret pour eux vu qu’elles ont toutes été construites par des entreprises étrangères, surtout occidentales.
Mais il n’en est rien ; les pompes tournent tranquillement. Moralité ?
daesh
Ces affreux professionnels décapitent des innocents en filmant leurs méfaits. A chaque fois l’opinion publique occidentale s’émeut et apporte son soutien aux gouvernements de la « coalition » qui, nous dit-on, bombarde Daesh. Pourtant ils continuent. C’est à croire qu’ils adorent se faire bombarder, vu que l’intérêt de décapiter en publique un journaliste étranger captif, qui pourrait d’ailleurs être autrement plus utile vivant, ne saute pas aux yeux du premier regard.
Les USA pratiquent les drones militaires depuis bien longtemps. Ces engins, armés ou « de surveillance », sont chez eux du Yémen aux zones tribales du Pakistan, décollant souvent de pistes ad-hoc dans la péninsule arabique et commandés éventuellement depuis le territoire américain. L’aviation militaire classique, chasseurs-bombardiers, la panoplie, cela va sans dire, domiciliée en Arabie Saoudite ou sur de porte-avions. Leurs satellites voient n’importe quel pick-up Toyota surmonté de mitrailleuse dans le désert ; leurs grandes oreilles savent ce qu’Angela dira à François avant qu’elle le sache elle-même.
A qui racontera-t-on que la prise en mains de ces vastes territoires par Daesh fut une surprise pour qui de droit ?
A qui racontera-t-on que son avancée vers Kobané, en surface, en terrain désertique découvert et assez plat, moyennant véhicules et artillerie légers, démunis de DCA, visibles à des kilomètres, pris en photos même par la presse, n’aurait pas pu être brisée dans l’œuf par une demi-douzaine de drones en 24 heures depuis des semaines?
A qui fera-t-on oublier que les Talibans afghans furent largement, pendant la décennie 1980, une créature de la CIA, financés, équipés et entraînés pour y contrer la force expéditionnaire soviétique ?
A qui fera-t-on oublier que l’attaque américaine sur l’Irak en 2003 fut précédée par l’ensemble du gouvernement US, Président en tête, mentant mordicus et en chœur sur toutes les tribunes dont celle des Nations Unies, soutenant que Saddam disposait d’armes de destruction massive qu’il s’apprêtait à utiliser ?
(On fera grâce, prétextant le hors-sujet, de l’équivalent français en Libye en 2011…).
Il n’a peut-être pas fini de frotter, Aladin.
Kalman Schnur
 
 

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