Menace djihadiste sur le Golan? par Maxime Perez

Des rebelles syriens, appuyés par le Front al Nosra, se sont emparés du secteur frontalier de Quneitra. En attendant la contre-offensive des forces d’Assad, l’armée israélienne a élevé son état d’alerte. Faut-il s’en inquiéter ?IslamicJihad1
Tel un mauvais sort, mercredi, quelques heures après la fin des hostilités à Gaza, un autre front s’est brusquement réchauffé au nord d’Israël. Depuis les hauteurs du Golan, les habitants des kibboutz et des villages druzes environnants ont pu assister au spectaculaire assaut des rebelles syriens contre la dernière poche de résistance tenue par le régime d’Assad : Quneitra. Des combats extrêmement rudes se sont déroulés autour de cette localité, plantée au milieu de la ligne d’armistice israélo-syrienne. Depuis que la guerre fait rage en Syrie, la zone n’est plus démilitarisée et les casques bleus de l’UNDOF, en charge de veiller au maintien du cessez-le-feu de 1973, ont compris que leur mandat était caduc. Ils sont devenus la proie facile de certaines factions rebelles qui, dès qu’elles le peuvent, s’emparent de leur matériel et les font prisonniers.
Une coalition d’«islamistes modérés» – rattachée à l’armée syrienne libre (ASL) – est sortie victorieuse de cette nouvelle bataille du Jūlān (Golan, en arabe). Soutenus par des djihadistes du Front al Nosra, émanation syrienne d’Al Qaïda, les insurgés contrôlent désormais le poste-frontière de Quneitra, unique point de passage officiel entre Israël et la Syrie. Leur présence inquiète désormais beaucoup plus que les quelques obus de mortier et tirs de mitrailleuse qui, sporadiquement, s’égarent en territoire israélien. De nouveaux débordements pourraient pousser l’Etat hébreu à reconsidérer sa politique de riposte qui, jusqu’ici, n’était dirigée que contre l’armée syrienne.
Les forces d’Assad n’ont cependant pas dit leur dernier mot. Pour déloger les rebelles du secteur frontalier d’Israël, elles tenteraient d’y acheminer une division blindée. L’enjeu est de taille : la province de Quneitra englobe la majeure partie du Golan syrien. Elle part, au sud, de la frontière jordanienne, base-arrière de la rébellion servant au passage d’armes et de combattants – y compris djihadistes -, et coupe, plus au nord, la route de Damas. Cet axe stratégique, si le régime en perdait définitivement  le contrôle, permettrait aux insurgés d’atteindre leur ultime objectif : assiéger la capitale syrienne par le sud.

L’Etat islamique en ligne de mire   

Israël espère secrètement que ce scénario ne se concrétisera pas. Partout où l’armée syrienne libre s’est emparé de territoires du régime, elle a fini par se faire dépasser par les organisations sunnites radicales, à l’instar du Front al-Nosra et surtout, de l’Etat islamique (EI) qui, via sa revue électronique Dabiq, annonçait cette semaine : « Ce n’est qu’une question de temps et de patience jusqu’à ce que nous atteignions la Palestine pour combattre les Juifs barbares ».
Au même titre que les menaces proférées il y a quelques mois par le Hezbollah, lui aussi actif sur la partie syrienne du Golan, la possible ouverture d’un front djihadiste est prise très au sérieux par les responsables militaires israéliens. Des renforts de troupes ont été acheminés le long de la frontière syrienne, protégée par une clôture métallique de 70 km qui, théoriquement, doit empêcher toute tentative d’infiltration terroriste. Mais comme à Gaza, la menace peut venir des airs. En début de semaine, cinq roquettes Grad se sont écrasées en territoire israélien. Ces tirs étaient délibérés selon l’armée.
Une escalade se profile-t-elle pour autant? Les djihadistes syriens et étrangers constituent une réelle menace, mais leur priorité immédiate reste de combattre Bachar el Assad et ses alliés. A court et moyen terme, ces organisations n’ont aucun intérêt à provoquer une confrontation avec l’Etat hébreu qui risquerait de les affaiblir. Car leur fanatisme ne leur a pas ôté toute clairvoyance : sur le plateau du Golan, la force de dissuasion israélienne sera difficilement mise à l’épreuve.
Jusqu’ici, en Syrie comme en Irak, les brigades de l’EI n’ont défié que des forces armées déliquescentes et des milices faiblement équipées. Elles ont pris l’ascendant sur leurs adversaires grâce à des stocks de munitions presque illimités – leurs ressources financières étant plus importantes -, une supériorité numérique à chaque nouvelle offensive, et surtout, en faisant régner la terreur sur le champ de bataille.
Aucun de ses paramètres ne peut fonctionner contre Israël. Même équipés de roquettes antichar ou de missiles antiaériens sophistiqués, les groupes djihadistes savent qu’ils sont incapables de rivaliser avec la puissance militaire et technologique de Tsahal. Les drones israéliens opèrent déjà depuis des mois pour collecter des renseignements sur les activités du front al Nosra et de l’EI. En cas d’attaque frontalière, quelques heures suffiraient aux appareils israéliens pour éradiquer toute présence djihadiste à ses portes.
Par Maxime Perez
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