Une guerre peut en cacher une autre, par Kathie Kriegel

Le Hamas se joint aux groupes islamistes radicaux

L’offensive israélienne « Bordure protectrice » (Rocher puissant en hébreu), a commencé mardi 8 juillet après une avalanche d’une centaine de roquettes sur le Sud d’Israël et une cinquante de frappes ciblées de l’armée de l’air israélienne.
L’appel de 1500 réservistes laisse présager d’une possible incursion terrestre que le gouvernement semble encore vouloir éviter. 600 000 israéliens, une population équivalente à celle de Bordeaux, sont condamnés à rester chez eux à proximité des abris. Sous la pression de sa base, le Hamas se joint aux groupes islamistes radicaux et la portée des missiles lancés depuis la bande de Gaza pourrait s’étendre. Mais la progression fulgurante de l’EIIL au Moyen-Orient et sa présence active dans le bande de Gaza qui échappe à tout contrôle du Hamas, est une donnée que l’Etat-major israélien doit prendre en compte dans sa gestion de la crise qui secoue l’Etat hébreu.
Le 12 juillet 2006, quelques heures après l’enlèvement d’Eldad Regev et Ehud Goldwasser par le Hezbollah causant la mort de six autres soldats, le Cabinet de Sécurité, alors sous la direction du premier ministre Ehud Olmert réuni en urgence, avait aussitôt décidé de lancer la Seconde Guerre du Liban. Huit ans plus tard, en ce mois de juillet 2014, les corps assassinés de Naftali Fraenkel, Eyal Yifrah, Gil-Ad Shaer, ont été retrouvés, le Sud est sous le feu des roquettes, la décision de l’offensive « Bordure protectrice » prise ce 8 juilllet « n’a été prise qu’après des atermoiements et plusieurs réunions d’urgence du Cabinet de sécurité infructueuses, au grand dam d’une partie de la classe politique et de l’opinion publique dans sa majorité.
Certes, une variété d’options étaient discutées : l’expulsion des dirigeants du Hamas arrêtés en Cisjordanie vers Gaza, des assassinats ciblés contre les terroristes du Hamas ou le lancement d’une opération d’envergure dans la bande de Gaza ou encore la construction de nouvelles implantations dans les territoires. Mais la décision opérationnelle vient seulement d’être prise.
Le tragique assassinat de Muhammad Abu Khdeir, un adolescent arabe israélien de 16 ans de Jérusalem Est, retrouvé brûlé vif dans la forêt de Jérusalem, compliquait la donne. Victime d’extrémistes nationalistes juifs voulant venger la mort des trois adolescents israéliens, il a provoqué de violentes émeutes qui embrasent la capitale israélienne et les villes arabes de Galilée, ainsi que des condamnations internationales indignées, qui compliquaient les options de riposte.

L’EIIL, ÉTAT ISLAMIQUE EN IRAK ET AU LIBAN,

AUX PORTES D’ISRAEL

partisans-eiilLa prudence de Binyamin Netanyahou, Moshe Ya’alon et du Lt.-Gen Benny Gantz quant au recours à la force était due à leur souci évident de ne pas mettre à mal la légitimité d’Israël sur la scène internationale conjuguée à leurs craintes des importantes pertes humaines que cela pourrait engendrer, tant dans les rangs de Tsahal que parmi les palestiniens. Mais c’est surtout le contexte régional et les transformations en cours du Moyen Orient qui impactent la sécurité d’Israël et sont source d’inquiétude.
Le Hamas n’est plus maître chez lui. Des dizaines de cellules terroristes opérationnelles dans la bande de Gaza échappent à son contrôle. Depuis une décennie, la bande de Gaza est devenue une base pour des dizaines de groupes djihadistes, certains liés à Al-Qaïda et à l’EIIL. Un rapport publié dans le journal égyptien Al-Masry Al-Youm, affirme que les tunnels de contrebande qui relient la bande de Gaza avec l’Egypte et n’ont pas encore été détruits par l’armée égyptienne, servent à la circulation de milliers de terroristes islamistes dans les deux sens. Selon ce rapport, des terroristes palestiniens de la bande de Gaza ont facilité l’infiltration de terroristes de l’EIIL en Egypte ayant l’intention d’y perpétrer des attentats. Ce qui prouve que l’EIIL est d’ores et déjà présent à Gaza. Pour preuve, lors des funérailles de deux islamistes tués par les Forces de défense israéliennes la semaine dernière à Gaza, on a pu voir des drapeaux et des bannières de l’EIIL dans le cortège.
Selon des informations rapportées par Khaled Abu Toameh pour le Gatestone Institude, le mois dernier, le Hamas aurait envoyé ses policiers et ses miliciens disperser un rassemblement organisé par les partisans de l’EIIL dans la bande de Gaza qui célébraient les « victoires militaires » du groupe terroriste en Irak. Lors de ce rassemblement de dizaines d’islamistes, la foule scandait, «Khaybar, Khyabar, Ya Yahud, Jaish Mohamed Saya’ud!” (“Ô Juifs, l’armée de Mohamed reviendra.”) C’est un cri de guerre que de nombreux islamistes aiment à chanter qui rappelle l’histoire de la bataille livrée en 629 CE par le Prophète Mohamed contre les Juifs de Khaybar, une oasis au nord-ouest de l’Arabie. La bataille a entraîné la mort de nombreux Juifs, leurs femmes et leurs enfants ont été pris comme esclaves. Le Hamas a empêché les journalistes locaux de couvrir l’événement dans le cadre de sa tentative de nier l’existence de l’EIIL dans la bande de Gaza.

 ALLÉGEANCE À L’EIIL

D’autre part des miliciens Gazaouis masqués ont posté une vidéo sur YouTube dans laquelle ils ont déclaré leur allégeance à l’EIIL. Ils sont soupçonnés être membres d’un groupe salafiste radical islamiste opérationnel dans la bande de Gaza depuis quelques années.
L’EIIL a également revendiqué l’enlèvement et l’assassinat des trois jeunes adolescents alors que les auteurs sont soupçonnés appartenir au Hamas. En revendiquant la paternité de ces assassinats, le groupe voulait profiter de la forte couverture médiatique dont ils bénéficient pour attirer l’attention sur ses activités.
Le Hamas ne peut que s’inquiéter de cette présence de terroristes de l’EIIL qui représentent un défi direct à son pouvoir dans la bande de Gaza. L’EIIL estime que le Hamas est « trop modéré » et ne fait pas assez pour parvenir à la destruction d’Israël. Cette branche terroriste serait en grande partie responsable des tirs de roquettes sur le Sud de l’Etat hébreu. Le Hamas acculé, n’a plus d’autre choix que de se joindre à cette escalade de violences, s’il ne veut pas disparaitre de la scène et politique et militaire de la bande de Gaza.

ATTIRER ISRAËL POUR L’AFFAIBLIR

SUR D’AUTRES FRONTS

Mais il est à craindre que cette escalade de terreur n’ait pour but d’attirer l’Etat hébreu dans un conflit armé, pour affaiblir sa capacité d’intervention sur d’autres fronts. En effet, Israël et les Etats-Unis ont déjà assuré la Jordanie de leur soutien militaire, alors que la monarchie Hachémite semble directement menacée, d’une part par le danger que représente à l’extérieur de ses frontières, l’avancée fulgurante des troupes de l’EIIL et d’autre part à l’intérieur de ses frontières, par des inféodés à l’EIIL qui ont pour but d’étendre le nouveau califat proclamé par qui a affirmé son intention de régner sur la Jordanie, les territoires palestiniens, la bande de Gaza et Israël. L’Arabie Saoudite n’est pas en reste qui a déployé ses forces militaires le long de la frontière avec l’Irak. Le danger est à 105 km d’Eilat et à Gaza, ne peut être ignoré.
Seul point positif, selon des sources militaires, les réserves d’armement des djihadistes seraient limitées, infirmées par la fermeture des tunnels et les frappe ciblées de Tsahal, ne devraient pas leur permettre de tenir ce rythme de tir très longtemps, ce qui est à espérer.
Comme l’a expliqué Netanyahu lors d’une conférence à Tel Aviv la semaine dernière : « j’ai l’espoir que des mouvements de libération modérés étendront leur contrôle sur le monde arabe, mais ce à quoi nous devons nous attendre maintenant, c’est à de longues années de lutte et d’instabilité » prévient-il. Il semblerait ce matin au regard des nouveaux évènements qui secouent l’Etat hébreu qu’il n’a plus d’autre choix que d’y faire face avec détermination. D’autant plus rapidement et fermement que la bataille sera donc aussi médiatique pour attirer des condamnations internationales sur l’Etat hébreu, invité à la retenue par les chancelleries.
Kathie Kriegel
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