Les enseignements du KLOS C par Maxime Perez

Tant au niveau militaire et politique qu’en matière de communication, l’arraisonnement en mer Rouge d’un cargo rempli de missiles est un immense succès pour Israël.

httpv://youtu.be/o-eKt3b7p10

Ce n’est qu’en début de semaine, lorsqu’il aura été fouillé de fond en comble dans le port israélien d’Eilat, que KLOS C révélera ses derniers secrets. En attendant, les détails de l’opération menée avec succès par les commandos marine de Tsahal (Shayetet 13), au large des côtes somaliennes et à 1.500 km du territoire israélien, de même que la nature du chargement que transportait ce navire panaméen offrent un certain nombre d’enseignements.

httpv://youtu.be/YrhFbw6UuPU

Les leçons du Mavi Marmara

Plus de trois ans après l’assaut désastreux contre la flottille pour Gaza, l’armée israélienne a revu entièrement son mode opératoire. D’abord, l’interception du KLOS C est venue conclure une traque méticuleuse de plusieurs mois et s’est déroulée de façon clandestine, sans attirer l’attention des médias, ni provoquer d’incidents avec l’équipage du cargo et d’éventuels éléments subversifs – par exemple, les pirates somaliens qui sont très actifs dans la zone.
Cette fois aussi, les moyens employés par la marine de Tsahal ont été adaptés aux menaces potentielles : un drone pour suivre le cargo et l’activité du personnel; des équipements anti-émeute pour les membres des commandos israéliens; enfin, la présence de médecins et d’infirmiers à chaque phase de l’opération, en repli, et d’un hélicoptère de sauvetage pour l’évacuation de blessés. En mai 2010, aucune de ces mesures n’avaient été prises en compte avant l’abordage du ferry turc Mavi Marmara.

Une opération de communication dirigée contre l’Iran

Plus que tout autre pays engagé dans un conflit asymétrique, en particulier face aux Palestiniens, Israël est moins attendu sur ses performances militaires que sur sa capacité à gérer des situations humanitaires et morales complexes. Sa liberté d’action repose précisément sur le respect de cet équilibre. De ce point de vue, l’arraisonnement du KLOS C est un modèle du genre en termes de communication. De la prise de contact avec l’équipage du cargo jusqu’à la découverte des missiles enfouis sous des sacs de ciments « Made in Iran », chaque étape de l’opération a été filmée par Tsahal. Plus tard, lorsque la prise fut annoncée à la presse, des vidéos, graphiques et autres animations 3D sont venues compléter la manœuvre. Toutes les pièces du puzzle ont ainsi été exposées dans le moindre détail, faisant de ce transfert d’armes avorté une affaire compromettant à tous les niveaux le régime iranien, en particulier l’unité al-Qods des Gardiens de la révolution. La république islamique et le Hamas ont rejeté les allégations israéliennes.
operation
Pour effacer toute trace de sa provenance et brouiller les pistes, la cargaison de missiles a semble-t-il transité par une multitude de destinations au Moyen-Orient. Expédiés par avion de Damas à Téhéran, les armes auraient été chargées sur le KLOS C dans le port iranien de Bandar-Abbas, avant de faire route vers le port irakien de Umm al-Qasr. De là, le navire a mis cap au sud pour contourner l’Arabie Saoudite et gagner la mer Rouge. Si la cargaison de missiles n’avait pas été interceptée, elle aurait du jeter l’ancre à Port-Soudan afin d’y décharger son arsenal. Les missiles devaient enfin rejoindre la bande de Gaza, via le Sinaï égyptien. Une voie de contrebande connue d’Israël et encore fonctionnelle malgré la destruction des tunnels frontaliers avec l’Egypte.
Difficile, néanmoins, de ne pas s’interroger sur le timing de l’opération, en pleine visite de Benyamin Netanyahou aux Etats-Unis. L’arraisonnement du KLOS C est intervenu au lendemain du discours à l’AIPAC du premier ministre israélien, et de sa rencontre à la Maison Blanche avec le président américain Barack Obama où il a beaucoup été question de la menace iranienne, pas uniquement nucléaire.

Le M-302, arme fatale ?

Cet abordage en haute mer n’est pas le premier du genre. En 2003, la marine israélienne avait intercepté le Karine A, qui transportait dans ses cales près de 50 tonnes d’armes destinées à la bande de Gaza – missiles, mortiers, fusils et munitions. En 2009, quelques 500 tonnes d’armements furent saisis à bord du Francop, arraisonné au large de Chypre. En mars 2011, enfin, le Victoria avait été pris d’assaut près des côtes israéliennes avec d’importantes quantités de matériel militaire.
Reste qu’aux dires de l’armée israélienne, c’est la première fois qu’une arme aussi sophistiquée est retrouvée à bord d’une embarcation. De fabrication syrienne, le missile M-302 n’est certes pas une arme de précision, mais ses caractéristiques le rendent problématique pour la défense antimissile israélienne. En cause, sa portée de 100 à 200 km qui lui permet de contourner le système Dôme de fer. Le M-302 entre dans la catégorie des roquettes de moyenne portée (au rayon d’action de 70 à 240 km), uniquement naturalisables par le système Fronde de David, toujours en phase de développement dans les hangars du missilier Rafael, malgré plusieurs essais concluants.
D’après des sources du renseignement israélien, ce projectile devait servir dans la riposte à l’éventuelle attaque par Israël des centrales nucléaires iraniennes. Sa charge explosive de 150 km peut provoquer d’importants dégâts dans l’arrière israélien. A ce stade, il apparait clair que le M-302 devait rejoindre les caches du Jihad islamique, dont les relations avec l’Iran se sont considérablement renforcées au cours des dernières années.
Maxime Perez
maxperes signa
 
 
 

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*