Durban-BDS, «Action contre Israël» par Jean-Paul Fhima

L’ONG française, Action Contre la Faim (ACF), a produit l’an dernier un web-documentaire anti-israélien « Broken Hopes, Oslo’s Legacy ». La partialité des propos tenus, la désinformation assumée et l’appel à la mise au ban de l’Etat hébreu, mettent en cause le rôle, la crédibilité et l’éthique d’une organisation humanitaire qui « se laisse aller à une doxa menteuse » et « s’associe pleinement à attiser la haine » (Richard Rossin, cofondateur de Médecins du Monde, Huffington Post, 18 novembre 2013).
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L’action humanitaire contre Israël n’est pas rare en Europe. La cause palestinienne y est depuis longtemps devenue la principale pour ne pas dire l’obsessionnelle préoccupation. Des ONG anti-israéliennes y opèrent de façon très active.
Aux Pays-Bas par exemple, un front antisioniste de plusieurs ONG en lien avec des responsables politiques, mène une campagne de dénigrement systématique contre Israël, « bourrée de falsifications et d’omissions » (Jforum, 16 septembre 2013). On y trouve une propagande « sophistiquée », qui bénéficie d’une « image altruiste et institutionnalisée » et abuse « de belles paroles de justice et de loi » (Wim Kortenoeven, spécialiste du Moyen-Orient). En Grande-Bretagne, l’ONG Christian Aid concentre ses campagnes de financement sur la propagande anti-israélienne. Dans son programme de 2004, intitulé « L’enfant de Bethléem», on trouve à l’appui d’une photo d’un petit palestinien blessé, un langage et des thèmes non seulement antisionistes mais antisémites.  En Belgique, la branche locale d’Oxfam a lancé sa campagne de boycott des produits israéliens en diffusant une affiche reprenant le thème anti-juif classique du crime rituel.
Les médias contestent rarement ces positions extrémistes qui, sous prétexte de promouvoir la paix, créent un environnement hostile à l’Etat hébreu, et à tous les Juifs en général.
Ces dérives, ni rares ni limitées, démontrent qu’à propos d’Israël, Etat-fautif par excellence, de trop nombreuses ONG ont dévié de leur trajectoire humanitaire au mépris et en contradiction avec leurs propres principes de neutralité et d’indépendance politique, financière et religieuse.
Leur objectif est de défendre les droits de l’homme quelles que soient les situations et les régions, d’alerter sur les manquements à ces droits quand ces derniers sont objectivement avérés et vérifiés sur place par des antennes locales qui relaient les informations en connaissance de cause. Toutes les chartes de ces ONG insistent sur la non-ingérence entre les différents acteurs en cas de crise ou de conflits, sans discrimination ni prise d’intérêt.
Dans un souci de coopération et d’assistance durable, leur approche se veut professionnelle et rigoureusement destinée à permettre le développement et la justice sociale, sans but lucratif et sans visée doctrinaire orientée et partisane (Charte ONGD de l’Union européenne, mars 1997). Leurs campagnes de mobilisation sur le terrain se font « en transparence et impartialité », avec une « obligation à rendre des comptes » (charte d’Amnesty International). Leur mission est aussi d’informer et d’alerter par des « missions d’enquête et d’observation judiciaire » et des « campagnes d’information soucieuses de crédibilité », riches « d’expérience et d’expertise » (Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, FIDH).
Le NGO Monitor, organisme de surveillance des ONG dans le monde, n’est pas de cet avis. Il constate chaque année des manquements graves aux principes de base et aux valeurs précités. Quand il s’agit du conflit israélo-palestinien, les chartes de bonne conduite sont vite oubliées.
Pour « informer et alerter », les ONG abusent d’une terminologie passionnelle et caricaturale, pétrie de slogans-tiroirs et de dramaturgie métaphorique : le « Mur de la honte», les « camps de concentration de Gaza», « les ghettos palestiniens » sont autant d’interférences idéologiques et ostentatoires dont les effets scéniques sont habilement relayés par des témoignages et des images orchestrés et mensongers. Le parallèle implicite avec le passé douloureux et récent du peuple juif n’est pas anodin. Non seulement il annihile un trauma historique pour le réactiver par un collage de substitution (le « génocide palestinien ») mais crée une zone de grisaille parfaitement odieuse qui sous-entend que les victimes d’hier sont devenues les bourreaux d’aujourd’hui.
La « terreur » menée par Israël serait faite de « punitions collectives » sur une terre « occupée », contre un peuple « réfugié, asphyxié et humilié », en proie aux « pires violences militaires disproportionnées et illégitimes », le tout en violation flagrante du droit international. Cette « situation insupportable » que les associations humanitaires ont ‘’le courage’’ de dénoncer, autoriserait plus que jamais une intervention d’urgence dans le but exclusif, bien-entendu, d’apaiser les tensions et de favoriser la paix.
Israël devrait se résoudre à comprendre ceci : la seule solution au problème et de se tirer une balle dans le pied, ou plutôt dans le cœur, pour aller plus vite.  
La Plateforme des ONG françaises pour la Palestine créée en 1994 regroupe des dizaines d’associations humanitaires dont la Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty International, Handicap International, Médecins du Monde. En 2006, pendant la guerre au Liban, la Plateforme a parlé de « crimes de guerre » et « d’occupation des territoires palestiniens », sans évoquer le terrorisme du Hamas, les attaques du Hezbollah et le harcèlement quotidien sur la population israélienne. Les termes suivants faisant d’Israël le pays agresseur et belliciste par excellence ont régulièrement été utilisés : « Jours noirs pour un Liban ravagé sous les bombes », « perspectives effrayantes », « frappes israéliennes, arrêtons la violence, la peur et la haine », « protégeons les civils », « en finir avec les discours guerriers » (rapport NGO Monitor 2007).
Ces allégations et partis pris font écho aux revendications des ONG palestiniennes (Centre palestinien des droits de l’homme, PCHR), qui, sans aucun fondement ni preuve, parlent de « punitions collectives », « d’humiliation », de « représailles des colons juifs » et même d’« Holocauste ».  L’objectif est de mener une propagande de diabolisation d’Israël et de conduire ce dernier à l’exclusion du concert des nations s’il n’obtempère pas aux exigences unilatérales à son encontre. Cette propagande est d’autant plus efficace qu’elle ne s’est jamais démentie auprès des ONG internationales complaisantes qui apportent leur crédibilité, leur notoriété et leur rayonnement.
Lorsque l’Etat français remet, en décembre 2009, le prix des droits de l’homme au réseau des ONG palestiniennes (PNGO), qui ne cachent pas leurs liens avec le terrorisme du Hamas, on est en droit de s’interroger sur la finalité exacte d’un tel aveuglement politique.  Ces ONG sont soutenues et généreusement financées par le ministère français des affaires étrangères alors qu’elles déclarent la guerre au sionisme, c’est à dire aux fondements mêmes de l’Etat d’Israël. En soutenant de telles ONG engagées dans un antisionisme systématique, « le gouvernement de la France viole les principes qu’il s’est fixés de favoriser la stabilité et la fin du conflit » (NGO Monitor).
Pour avoir financé le Hamas par des collectes de fonds, le Comité de Bienfaisance et de Secours aux Palestiniens (CBSP) a été reconnu en août 2003 « entité terroriste par les Etats-Unis » (Le Nouvel Observateur 4 juin 2010, La Croix 20 juin 2010). En France, la 11ème chambre de la cour de cassation a confirmé cette décision en 2008, à la suite d’une plainte déposée par le centre Simon Wiesenthal.
La France subventionne à coups de millions d’euros annuels des ONG anti-israéliennes : CCFD-Terre Solidaire pense que la résistance armée est légitime quand on est « poussé par le désespoir devant une situation sans issue. » Secours Catholique parle de « mur de l’apartheid ». L’Association France Palestine Solidarité (AFPS) banalise une rhétorique de détournement des valeurs en parlant de « camp d’extermination de Gaza », de « juif-bourreau », d’ « épuration ethnique », de « torture des enfants palestiniens ».

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Qui se cache derrière les slogans et les amalgames ?

Israël est régulièrement traduit devant une cour martiale imaginaire qui l’accuse des pires horreurs, instruit à charge et agite sous le nez d’une défense réduite à la portion congrue le chiffon rouge d’une condamnation à perpétuité. Trop d’ONG participent à cette caricature de justice mondiale. Ces excès proviennent de graves erreurs d’appréciation et d’innombrables dérapages.
A la conférence mondiale de Durban (septembre 2001), organisée par l’UNESCO, le sionisme a été assimilé au racisme et Israël déclaré Etat d’apartheid à la demande de certains pays arabes et à la suite de la déclaration préliminaire et controversée du forum des ONG qui se tenait en parallèle. Les vives polémiques qui ont suivi, les accusations réciproques d’hypocrisie et les tensions entre les délégations des 170 Etats participants, ont tourné en ridicule l’événement. La « Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et les diverses formes d’intolérance » s’est révélée ni plus ni moins un véritable lynchage à l’opposé exacte de ses intentions. Ce « désastre et échec retentissant » restera longtemps dans les mémoires pour « le débordement antisémite de certaines ONG et la stigmatisation d’Israël » (Marc Echevery, L’Express, 20 avril 2009). C’est la logique des blocs chère aux sommets onusiens qui a triomphé. « Certaines délégations savent exploiter les regroupements d’Etats et en tirer profit » (Carole Vann, journaliste genevoise).
Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, à Durban
Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, à Durban

Cette stratégie de Durban a propagé en effet une campagne de diffamation d’Israël et a libéré la parole judéophobe. Les organisations humanitaires ont mis au service de cette effroyable mécanique leur prestige et leur immunité morale. Elles ont surtout montré une méconnaissance caractérisée du terrain, un pathétique amoncellement de préjugés, un réseau local d’information douteux et arbitraire. « En 2006, 144 fausses déclarations ont été enregistrées, dont 29 pour le Human Rights Watch (HRW) et 27 pour Amnesty International (The Jerusalem Post, mars 2007, Anne Herzberg du NGO Monitor).
Malgré le communiqué du vice-Ministre sud-africain Aziz Pahad qui dénonçait une conférence « détournée » et « transformée en événement antisémite », « l’imposture de Durban » (Robbie Sabel professeur de droit international) n’a eu de cesse de vulgariser une association d’idées calomnieuses au détriment de tous les Juifs du monde. « La nouvelle guerre psychologique, médiatique, sémantique, juridique qui nous est imposée est une guerre qu’il appartient au peuple juif, et non au seul Israël de gagner ! (Manfred Gerstenfeld journaliste et écrivain).
Un militant pour la paix
Un militant pour la paix

La campagne de Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS) qui vise à l’isolement politique, économique, universitaire et culturel d’Israël en est une conséquence logique.
Lancé au Forum Social de Porto Alegre en janvier 2005, le mouvement BDS a été (une fois de plus) officialisé par l’UNESCO pour « aboutir à une solution conforme au droit international et au droit des réfugiés » (9 juillet 2005). La première Conférence qui a suivi s’est tenue à Ramallah fin 2007.  Pour l’occasion, des centaines de militants antisionistes ont montré que la vraie nature de cette solution ne pouvait être qu’une opération punitive de grande ampleur instituant un rapport de forces inédit et parfaitement inique.
On veut « démoniser et délégitimer l’Etat juif » (Moshe Arens, Haaretz, 12 février 2014). Après avoir tenté d’écraser Israël par la force, puis de fragmenter le pays par le terrorisme, la stratégie de Durban et la campagne BDS sont une troisième tentative d’affaiblir l’Etat hébreu par la pression internationale et par un embargo généralisé.
Le happening de Durban a été initié par 1500 ONG. Le mouvement de boycott de tout ce qui vient d’Israël est largement avalisé et diffusé par ces mêmes organisations humanitaires.
L’association France Palestine Solidarité (AFPS) est très active en France dans l’organisation des campagnes BDS. L’ONG palestinienne Ma’an très largement financée par la France explique en 2009 dans un manuel (« BDS, leçons apprises d’une solidarité efficace ») qu’Israël se rend coupable d’un « nettoyage ethnique ». Le Comité de soutien de l’agriculture palestinienne (Palestinian Agricultural Relief Committee-PARC) parle de « judaïsation de Jérusalem » et appelle au boycott. L’ONG internationale Diakona fait la promotion d’un récit du « massacre palestinien » et mène une guerre juridique contre Israël « en exploitant et déformant le droit international » (Gerald M. Steinberg, rapport NGO 2013). « Leurs armes se composent de rapports étalés sur des brochures luxueuses, de nombreuses conférences de presse et de e-mails diffusés à grande échelle » (rapport 2013 du NGO Monitor).
Partout ces documents orientés et manipulateurs déclarent qu’Israël doit comprendre que les attaques terroristes dont il est victime sont des actes « d’auto-défense » mais que toute réplique de sa part pour protéger son territoire et sa population constitue un « acte de guerre et une violation du droit international ». En conséquence de quoi, la campagne BDS serait une politique de représailles justifiées et même nécessaires contre l’Etat-fautif israélien.
En France les militants BDS utilisent des méthodes violentes d’intimidation. Ils prennent d’assaut les magasins qui vendent des produits israéliens, en bloquent les portes, prennent à témoins (en otage) les clients et collent sur les marchandises des étiquettes de boycott. Ils manifestent devant les cinémas qui diffusent des films israéliens pour que ces derniers soient déprogrammés. Ils exigent que la FIFA expulse l’équipe israélienne des compétitions de football. Ils font pression sur les artistes pour qu’ils ne se produisent pas sur des scènes israéliennes. Ils font annuler ou reporter des conférences universitaires données par des citoyens israéliens.
Cet ostracisme systématique contre les personnes et non pas seulement contre l’Etat juif pose la question de la discrimination pour des raisons de nationalité et de religion.
La Déclaration des quarante prix Nobel contre BDS (2 novembre 2010) a regretté une campagne illégale, amorale et discriminatoire car elle va « à l’encontre des principes de liberté académique et scientifique [et contrevient] aux principes de liberté d’expression et de recherche ».
Le mouvement BDS est illégal mais détient une capacité de nuisance tout à fait réelle. Son activisme fortement médiatisé trouve en Europe occidentale son « terrain de prédilection » (Jonathan Rynhold, politologue, The Jerusalem Post, 28 janvier 2014). Les crispations dues à la crise économique et l’émergence d’une gauche radicale ont sensibilisé de nombreux supporters aux discours populistes.
En France, douze d’entre eux ont appelé au boycott d’Israël dans un Carrefour d’Illzach-Mulhouse le 26 septembre 2009 et en mai 2010. Suite à la plainte du BNVCA en septembre 2010, après cinq reports de procédure et malgré une relaxe en première instance, ils ont été condamnés pour « provocation à la discrimination nationale, raciale et religieuse » par la cour d’appel de Colmar le 27 novembre 2013. Le 22 mai 2012, la cour de cassation de Bordeaux a condamné une militante qui distribuait des tracts. Le 7 janvier 2011, un membre de BDS France a été condamné par le tribunal de Créteil à la suite d’une action menée en mai 2009 dans un supermarché de Villejuif. En octobre 2002, Le maire communiste de Seclin, Jean-Claude Willem, a appelé en conseil municipal à boycotter les produits israéliens et a mis en ligne cette décision sur le site Internet de la ville. Il a été condamné en septembre 2003 par la cour d’appel de Douai pour « discrimination envers un Etat étranger ». En 2009, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a confirmé en appel ce jugement pour « incitation à un acte discriminatoire ».
Les militants BDS prétendent défendre la liberté d’expression et lutter contre l’intolérance. Après la supercherie de Durban, les contradictions ne leur font pas peur. Jamais les médias ne soulignent ces inepties. Au contraire. La réalité au fond importe peu. Le conflit israélo-palestinien est devenu à lui seul un slogan et un symbole qui se vendent bien.
Le conflit israélo-palestinien, ‘’cause’’ préférée des médias
Le conflit israélo-palestinien, ‘’cause’’ préférée des médias

Le détournement de l’engagement humanitaire à des fins politiques, les tentatives de manipulation de l’opinion publique internationale, le financement généreux des Etats démocratiques qui profitent au terrorisme au lieu de favoriser la paix, la complicité des médias qui se taisent ou confortent les idées reçues … tous le moyens sont bons pour dénoncer Israël et raviver la haine antijuive qui trouve dans les ONG et les institutions internationales leur meilleur et plus assidu porte flamme.
Et la guerre des mots continue. La semaine contre l’apartheid israélien qui a lieu chaque année en février-mars prétend que le militantisme antisioniste est une rébellion juste et justifiée. On connait le vrai but de ces manœuvres. Il commence à porter ses fruits dans une Europe qui résiste mal à ses vieux démons.
L’Axe Durban-BDS veut la disparation pure et simple de l’Etat juif. La parole antisémite est libérée et déculpabilisée. Le passage à l’acte a suivi.
Jean-Paul Fhima
JPF-Signa
 
 

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