Avec l’Iran, pour le meilleur et pour le pire, Par Maxime Perez

Pour couper court à toute ingérence israélienne ou saoudienne au moment où les négociations sont entrées dans une phase critique, les occidentaux affichent un optimisme volontaire avec Téhéran. Et assurent que rien ne filtrera des coulisses.

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Catherine Ashton aux côtés de Javad Zari 

En diplomatie, le silence est d’or. Le proverbe s’appliquera aux ultimes pourparlers avec l’Iran, entamés cette semaine à Vienne et dont le prochain round a été programmé au 17 mars, toujours dans la capitale autrichienne. D’après des sources au sein du Département d’état américain, les parties se sont entendues pour ne divulguer aucun détail sur l’avancée des négociations. Une façon d’esquiver les pressions des deux pays les plus inquiets par leur issue : Israël et l’Arabie Saoudite.
A ce stade, les Européens se montrent prudents. Échaudés par plus d’une décennie de fourberies diplomatiques, ils savent que les chances d’arriver à un compromis historique avec l’Iran sur son programme nucléaire restent minces. Ils ont aussi conscience qu’il sera difficile de convaincre le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, de la validité d’un « bon accord », si celui-ci venait récompenser leurs efforts.
Voilà pourquoi Catherine Ashton s’efforce d’afficher un optimisme à toute épreuve. Les trois premiers jours de discussions ont été qualifiés de « très positifs » par la ministre des Affaires Etrangères de l’UE, préoccupée avant tout par les répercussions qu’entrainerait un fiasco. A ce stade, donc, elle se satisfera largement des sourires affichés à la presse par son homologue iranien Javad Mohammad Zarif, et de ses velléités diplomatiques.
L’enjeu est évidemment colossal : un accord global aboutirait d’abord à une normalisation des relations entre Téhéran et Washington, rompues depuis trente-cinq ans, et écarterait durablement l’option militaire brandie par le gouvernement Netanyahou et l’administration Obama, forcée de jouer sur deux tableaux. Reste que les experts jugent peu probable la conclusion d’un accord en l’espace de six mois tant les positions restent encore aux antipodes. Néanmoins, si des progrès étaient enregistrés, les pourparlers actuels pourraient être prolongés de six mois, par consentement mutuel.

Les raisons d’y croire… ou pas

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site d’enrichissement de Fordow

D’ici là, pour obtenir la levée de l’ensemble des sanctions internationales, la République islamique devra fermer son site d’enrichissement de Fordow, enfoui à 80 mètres sous la montagne, réduire le nombre de ses centrifugeuses qui servent à enrichir l’uranium, et renoncer définitivement à son projet de réacteur à eau lourde d’Arak, dont elle pourrait tirer du plutonium militaire utilisable pour la mise au point d’une bombe.
Selon un rapport publié jeudi par l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), Téhéran respecte ses engagements pris à Genève. L’enrichissement d’uranium jusqu’à 20 % « n’a pas lieu », le stock d’uranium enrichi à 20% serait en train d’être dilué ou reconverti en oxyde d’uranium, mais le régime des Mollahs continue d’enrichir des combustibles à hauteur de 5%. Pour Israël, la problématique reste inchangée : avec ses 19.000 centrifugeuses, les Iraniens n’ont besoin que de quatre à six semaines pour passer du nucléaire civil au militaire et, donc, théoriquement, être en mesure d’assembler une ogive nucléaire.
Face à un régime qui reste « rationnel », quatre facteurs détermineront une entente diplomatique avec les grandes puissances : la poursuite des sanctions qui asphyxie l’économie iranienne et provoque le mécontentement de la population; la détermination des européens et américains à faire respecter ses obligations à l’Iran, en particulier les visites d’inspecteurs de l’AIEA dans les centrales où sont stockées la plus grande partie des centrifugeuses; les luttes d’influence au sein du régime, incarnées entre autres par Mohamed Zarif et Hassan Rohani qui souhaitent, au grand dam des conservateurs, un rapprochement avec l’occident ; enfin, des pressions continues sur l’Iran, israélo-saoudiennes et franco-américaines, avec en ligne de mire, la perspective d’une frappe militaire redoutée par la République islamique.
Par Maxime Perez
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