Axe iranien vs Israël en Syrie : des paroles… sans les actes

Damas a toujours menacé l’État hébreu de représailles après ses raids aériens, sans y donner suite.

Israël n’en finit plus de s’inviter sur l’échiquier syrien. La dernière intervention en date, consistant en une frappe survenue dans la nuit du mercredi 6 au jeudi 7 septembre, a visé un site militaire syrien stratégique, près de la ville de Masyaf, dans la province de Hama. Le site était connu pour être utilisé par du personnel militaire iranien – qualifié « d’experts » – et des combattants du Hezbollah, selon l’Observatoire des droits de l’homme (OSDH).

Le jour de l’attaque, le ministre de la Défense d’Israël Avigdor Lieberman a lancé un avertissement à peine voilé à la Syrie mais également à l’Iran, sans confirmer ni démentir les accusations du pouvoir syrien sur l’origine des raids. « Nous ferons tout pour empêcher l’existence d’un corridor chiite de Téhéran à Damas », a prévenu Avigdor Lieberman. Depuis 2012, l’État hébreu a mené des dizaines de raids aériens en Syrie, notamment contre des convois d’armements destinés au Hezbollah, ou sur des positions de l’armée syrienne. Israël a fait de Téhéran et de ses affidés ses ennemis prioritaires dans la région, perçus comme la principale menace pour sa stabilité et sa sécurité. Dans une interview accordée au Figaro en mars dernier, Amos Yadlin, ancien chef du renseignement militaire israélien, rappelait qu’Israël a un intérêt majeur à ce que l’Iran, allié de la Russie, ne s’enracine pas durablement, et en position de force, sur le territoire syrien.

Comme à chaque nouvelle frappe israélienne sur le sol syrien, Damas et ses alliés ont proféré des menaces verbales à l’encontre de l’État hébreu. Mais, comme à chaque fois, les menaces n’ont été suivies d’aucune mesure de représailles. C’est une constante depuis le début du conflit. En 2013, Israël avait visé des dépôts d’armes iraniennes destinées aux miliciens chiites libanais. « La Syrie répondra à l’agression israélienne mais choisira le moment pour le faire », avait déclaré Damas en réponse. Face aux raids répétés en Syrie, le Hezbollah a pour sa part menacé à plusieurs reprises Israël de représailles. « Nous ne cherchons pas une nouvelle guerre (…), mais nous y sommes prêts. Si le commandement de la résistance (Hezbollah) demande (à ses combattants) d’entrer en Galilée, ils doivent être prêts », avait déclaré Hassan Nasrallah en 2015. Pas plus tard qu’en juin, des manifestants iraniens dévoilaient même un compte à rebours donnant la date supposée de la destruction d’Israël. Autant de menaces émises en direction de l’État hébreu, qui n’ont jamais été suivies par des ripostes militaires.

 

Pas de surenchère

Le numéro 2 du Hezbollah, le cheikh Naïm Qassem, n’est pas entré dans la surenchère dimanche soir lors d’une interview télévisée, déclarant que l’attaque israélienne sur un dépôt d’armes du régime n’était pas une raison de déclencher une guerre contre Israël, et qu’il y avait d’autres moyens de répondre à cette attaque. Il a notamment précisé que la décision d’intervenir était entre les mains du régime et pas entre celles du Hezbollah. Si Damas a, immédiatement après l’attaque, accusé Israël d’en être l’auteur, il s’est toutefois retenu, cette fois-ci, de le menacer sérieusement de représailles. C’est d’ailleurs, là aussi, une constante depuis le désengagement sur le Golan, en 1974. « Damas n’a jamais riposté pour toutes les attaques précédentes perpétrées par Israël, pourquoi le ferait-il aujourd’hui ? » rappelle Joshua Landis, directeur du Centre d’études sur le Moyen-Orient à l’Université d’Oklahoma. « Depuis la guerre de 73, les Syriens ont toujours adopté grosso modo la même attitude qui consiste à riposter verbalement, à dire qu’ils se réservaient le choix de la date et de l’heure de la riposte », rappelle de son côté Karim Émile Bitar, directeur de recherche à l’IRIS et spécialiste du Moyen-Orient. Le régime et ses alliés ne semblent en effet pas prêts à entrer en confrontation directe avec l’armée israélienne. « S’ils ne ripostaient pas dans les années où ils étaient en position de force, ce n’est pas aujourd’hui, où ils sont véritablement affaiblis et dépendants de leurs alliés iranien et russe, qu’ils vont le faire », poursuit M. Bitar.

Moscou, allié de Damas, aurait, selon The Times of Israël, rassuré l’État hébreu, garantissant que la Russie ne permettra pas à l’Iran et au Hezbollah de menacer l’État juif depuis la Syrie, en leur demandant de se concentrer « sur le reste de la situation ». La Russie, qui a l’oreille des deux parties, reste cependant très proche de l’Iran et ne paraît pas en mesure de réduire le poids de son allié en Syrie, malgré les inquiétudes d’Israël. La récente visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Moscou ne lui a en effet pas permis de convaincre Vladimir Poutine de freiner les ambitions militaires régionales de l’Iran.

La frappe israélienne en Syrie, la semaine dernière, intervenue peu après la rencontre Poutine-Netanyahu, a, au contraire, montré que les Israéliens n’ont d’autres choix que d’agir seuls. « Il est sans doute irréaliste d’espérer que la Russie pourra évincer totalement l’Iran, une fois le conflit terminé, mais il est important de tracer dès à présent un certain nombre de lignes rouges », avait déclaré Amos Yadlin toujours au Figaro.
Malgré la montée en puissance de Téhéran en Syrie, le risque d’une escalade entre les deux parties demeure réduit pour l’instant. Après avoir remporté des batailles importantes cette année, Damas et ses alliés entendent prioritairement parachever la reconquête de tout le pays. Ils semblent incapables, pour l’heure, d’ouvrir un nouveau front au Sud, contre Israël, le Sud syrien étant en passe de « devenir l’une des zones les plus sensibles dans la géostratégie du Moyen-Orient », estime Karim Bitar.

Bases iraniennes en Syrie ?

Les victoires récentes de Bachar el-Assad et de ses parrains pourraient néanmoins permettre à Téhéran et au Hezbollah de s’implanter de manière durable, et ainsi prendre leur « part du gâteau » en Syrie, une situation que redoute au plus haut point Israël. « Autant Israël serait prêt à s’accommoder d’un maintien au pouvoir d’Assad, autant le fait que l’Iran s’implante durablement dans la région l’inquiète », poursuit le chercheur. Les déclarations, lundi, du ministre israélien des Renseignements, Israel Katz, soulignent cette crainte, puisque, selon lui, Bachar el-Assad était sur le point d’autoriser l’Iran à implanter des bases militaires en Syrie. En juillet, Moscou a conclu un accord en vertu duquel Damas autorise le maintien pendant près d’un demi-siècle de la base aérienne russe de Hmeimim dans la province de Lattaquié. « Ces jours-ci, Assad et l’Iran sont sur le point de signer un accord sur le long terme, qui enracinera la présence militaire iranienne en Syrie par un accord qui ressemblera à celui signé entre Assad et les Russes », a déclaré Israel Katz. Selon l’ONU, l’Iran aurait dépensé plusieurs milliards de dollars en aides financières pour la Syrie et déployé des milliers de miliciens et de militaires sur le terrain, même si Téhéran affirme officiellement n’y envoyer que des « conseillers » membres des Gardiens de la révolution, ainsi que des « volontaires » iraniens, irakiens et afghans, aux côtés de ses proxys du Hezbollah. L’axe Beyrouth-Damas-Bagdad-Téhéran, qui doit à la fois faire la liaison avec les forces alliées se trouvant en Irak et empêcher les rebelles pro-occidentaux de remonter par le Sud vers la province de Damas, semble en passe d’être réalisé. Un corridor que les États-Unis souhaitent endiguer sans pour autant vouloir s’impliquer davantage sur le sol syrien. « L’Iran a gagné. Il y a un croissant chiite et c’est terminé », estime Joshua Landis.

Source lorientlejour

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1 Comment

  1. Liban et syrie formeront une province iranienne .Les iraniens sont capable de deplacer des populations pour operer le grand remplacement , sans aucune condamnation d instances internationales !

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