La complainte de Ramadan, par Sarah Cattan

Si j’étais Tariq Ramadan, qu’aux dieux ne plaise, je ferais profil bas. J’acterais que je suis aujourd’hui, moi le grand usurpateur, un homme mort, Politiquement Philosophiquement et Socialement.

J’attendrais mon procès, tentant de me faire oublier.
J’arrêterais de jouer la montre.
J’en finirais avec la victimisation à deux balles.

J’éviterais d’être, outre le pitoyable manipulateur que je fus et qu’ils finirent par démasquer, ce guignol grossièrement affublé du costume de l’Inspecteur Javert : ça l’eût fait, ça l’fait plus.

Tariq Ramadan, ça vaut même plus un papier. Une once de réflexion. Tariq Ramadan, qui en parle désormais au cours d’un dîner ? Nobody. Tariq Ramadan is dead. Mon boss m’a d’ailleurs dit : Oh la la Vous vous fourvoyez, Tout le monde s’en fout à présent.

Reste que ceux qui persistent à lui être fidèles me questionnent. De François Burgat à Houria Bouteldja. En passant par Plenel ou Boniface.

Il existe un axe frérot : indigénistes Islamistes même combat !

Si j’étais Tariq Ramadan, des soutiens comme ça, ça me mettrait grave la honte. Tant il est chelou cet axe frérot assez particulier, comme me disait cet ami, ce truc qui fait que indigénistes islamistes même combat.

Alors que les demandes successives de mise en liberté provisoire se succédaient, prêtes à tout accepter, du bracelet à la cheville à la remise du passeport en passant par le contrôle judiciaire et la caution d’usage, les juristes rétorquaient, droits dans leurs bottes: c’est le job de ses avocats. C’est le taf d’Emmanuel Marsigny.

Amen.

Et ça fut donc le taf de la Justice que de répondre inlassablement non non non et non Un peu comme dans la chanson                Sur l’Pont du Nord Un bal y est donné
                                            Non Non Tariq Tu n’iras pas danser

La presse se fit écho du refus réitéré : Le théologien suisse Le Prédicateur L’intellectuel resterait en détention, nous annonçait-on. Et plus le temps passait, moins nous on n’en avait à cirer

Trois accusations de viol, dont une pour viol aggravé

Qui ici en effet pour avoir cru un seul instant que Ce clown Ce voyou enfin démasqué allait être remis en liberté alors qu’il était sous le coup d’au moins trois accusations de viol. Dont une pour viol aggravé. Alors qu’il était incarcéré depuis sa mise en examen. Ce 2 février 2018.

Ils montèrent montèrent, montèrent, ses défenseurs, Jusqu’à la Chambre de l’Instruction de la Cour d’Appel de Paris. Laquelle ce 22 mai statua. Confirmant à huis clos la décision prise début mai par le Juge des libertés et de la détention : Celui qui démentait formellement les faits qui lui étaient reprochés resterait  en sa cellule. Sa pathologie y serait soignée. Ses victimes n’auraient pas à redouter de pression. Nul renouvellement des faits ne pourrait se produire. Et de nouvelle expertise médicale il n’y aurait point.

Pitié !

Ils tentèrent qu’on le prît en pitié, les François Burgat qui nous disaient, sans rire, que malade comme était leur ami, il ne pouvait ni se sauver, ni nuire à quiconque.

Il chercha à nous émouvoir, son avocat, lorsqu’il évoqua une détention disproportionnée, déraisonnable et arbitraire. A se demander comment et où celui-là avait appris l’usage et le sens des mots.

L’embastillé, qui se prenait dès lors presque lui-même pour la victime, répétait à qui voulait bien l’entendre que sa cause devait être entendue de manière équitable, loyale, sans a priori et sans parti pris.

Ben non.
Mon bien cher frère
                                                       Le pape a dit
                                                       Que l’acte d’amour
                                                       Sans être marié
                                                       Etait un pêché

Alors
Pas de Boogie woogie
                                                       Avant tes prières du soir

Ainsi il allait falloir, à celui qui dupa tant de donzelles, apprendre la patience. Le temps, par exemple, que la robe de l’une d’elle fût expertisée. Car celle-là  avait gardé la robe. Tel jadis fit Monica.

Certes ses défenseurs n’avaient de cesse que de dénoncer les contradictions dans le récit des plaignantes, répétant à l’envi que leur client n’avait rien à faire en prison.

Où donc était-il passé, le comité Free Tariq Ramadan. Celui qui leva des fonds avec une rapidité époustouflante et qui fit plouf au fur et à mesure que les détails de la vie sexuelle du mis en examen s’étalaient dans la presse. Tant ils matchaient pas avec les enseignements religieux que prodigua le Professeur.

Tout ça pour ça !

C’est moooort, dirait Leonarda. Le petit-fils du Fondateur des Frères musulmans, le Docteur, sa thèse et ses sept Ijazat[1], le Professeur titulaire de la chaire d’études islamiques contemporaines à l’Université d’Oxford, le Conférencier, le Prédicateur, le Théoricien, l’adepte du double discours, celui qui rencontra le dalaï-lama, Mère Teresa, René Dumont ou encore l’abbé Pierre, qui se donna tout ce mal pour apparaître comme un modéré, l’ami de François Burgat, le porte-voix d’une jeunesse musulmane en quête d’identité, celui qui sut, avec son charme, son calme, son accent français délicieusement suisse, utiliser la crainte de la Grande-Bretagne d’être accusée d’islamophobie[2] et ainsi infiltrer l’establishment, ce graaaaand professeur, celui que Caroline Fourest qualifia de chef de secte, qui alla jusqu’à appeler à un moratoire sur la lapidation des femmes, le personnage pour qui le fait de porter un foulard tenait à la liberté de conscience et n’avait rien en soi de communautaire, lui qui décrivit les musulmans comme des opprimés dans le nouvel ordre du monde, toujours apte à brandir son joker fétiche, celui de victime, lorsqu’il se trouvait à court d’argument[3], qui taxait d’islamophobe quiconque s’attaquait à sa personne, réduisant ainsi au silence tous ceux qui voudraient voir progresser l’islam vers un islam éclairé[4], qui exposa, dans un discours lors de la Rencontre annuelle des musulmans du Nord, sa conception d’une France de l’Islam intégrée à l’ensemble du monde musulman, affirmant que la France était désormais une culture musulmane, l’homme qui,  dans Les Grands Péchés, conseillait aux musulmans d’éviter les piscines mixtes, afin de ne pas avoir à regarder les femmes en bikini, qui signa en 2009 la pétition Appel pour le retrait du Hamas de la liste européenne des organisations terroristes[5], qui déclara encore n’être ni Charlie ni Paris mais perquisitionnable, qui s’inspira de l’exemple de la politique coloniale d’Israël au détriment du peuple palestinien afin de mobiliser les jeunes des banlieues françaises issus de l’immigration, L’homophobe que l’on sait, que l’on invita si souvent pour parler du voile, lui, en lieu et place d’un Amin Maalouf, Celui encore qui réussit à faire interdire à Genève Le Fanatisme ou Mahomet le Prophète de Voltaire, L’auteur de Critiques des (nouveaux) intellectuels communautaires qui reprocha à pléthore d’intellectuels juifs de ne plus développer que des analyses communautaristes, dictées uniquement par le soutien à Israël, celui-là donc auquel BHL reprocha les énoncés antisémites et Glucksmann l’obsession antisémite,

Sachez qu’il compte encore des soutiens. D’Edgar Morin à Raphaël Liogier, de José Bové à Edwy Plenel ou Pascal Boniface. Et bien sur, tous les trolls lâchés sur le web, dont au hasard :

Sachez qu’il sera entendu le 5 juin.

[1] Licences dont la détention est obligatoire pour enseigner dans différentes matières islamiques.
[2] Denis MacShane, Ministre du gouvernement Blair.
[3] L’Orient Le Jour.
[4] Une France soumise : les voix du refus. Articles de Caroline Valentin.  Albin-Michel. Paris. 2017.
[5] Pétition initiée par Nadine Rosa-Rosso.

Sarah Cattan

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