Quand les victimes de l’apartheid s’en prennent aux immigrés africains, par Pascale Davidovicz

Les immigrés africains en Afrique du Sud victimes de xénophobie.

Depuis plus de deux semaines, la ville de Durban, à l’est de l’Afrique du Sud, est en proie à de violentes attaques et à des pillages à l’encontre des immigrés.

Tebogo Letsie/AP/SIPA
Tebogo Letsie/AP/SIPA

Ces travailleurs immigrés, pour la plupart commerçants, sont mozambicains, malawites, somaliens, éthiopiens, congolais, ivoiriens et zimbabwéens.
Suite à ces attaques, plus de 1 500 d’entre eux ont dû fuir et se réfugier dans des camps de fortune après que leurs maisons et magasins aient été pillés.
Un bilan officiel fait état de cinq morts, mais il est certainement sous-estimé et contesté par les associations d’immigrés.

Le roi zoulou Goodwill Zwelithini

à l’origine du déferlement de haine.

En janvier dernier, la vague de violence xénophobe est partie du township de Soweto, aux portes de Johannesburg, où elle a fait six morts.
A l’origine, un adolescent sud-africain tué par un épicier somalien attaqué par un groupe de jeunes venus le dévaliser.

Marco Longari/AFP
Marco Longari/AFP

Depuis lors, le roi zoulou Goodwill Zwelithini, considéré comme la plus haute autorité de la province du Kwazulu Natal et chef traditionnel de 12 millions de zoulous, a mis le feu aux poudres en appelant les étrangers à faire leurs bagages et à rentrer chez eux.
Depuis plus de deux semaines, les violences contre les immigrés ont donc repris à partir de Durban, menacent de s’étendre et ont déjà atteint la ville de Johannesburg.
Un homme avec un couteau dans les rues de Durban, le 14 avril. | Photo AFP.
Un homme avec un couteau dans les rues de Durban, le 14 avril. | Photo AFP.

La fin de l’apartheid n’a résolu ni les inégalités, ni le chômage, ni la criminalité.
Et ce sont les immigrés qui en font les frais.
L’Afrique du Sud compterait un million d’immigrés africains et autant en situation irrégulière.
Courageux et endurants, ils sont de petits commerçants ou occupent principalement des emplois dans la petite distribution, la restauration, la construction et la sécurité.
Ils sont accusés de concurrence déloyale parce qu’ils vendent, ou se vendent, à prix réduits.
Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement et les autorités attisent le feu.
Le ministre de la police Nathi Nhleko les accuse d’activités criminelles, et Gwede Mantashe, le secrétaire général de l’ANC, parti au pouvoir, se prononce pour durcir l’application des lois sur l’immigration, allant jusqu’à proposer des camps de réfugiés pour mieux les contrôler.

L’image de l’Afrique du Sud

de Nelson Mandela écornée.

Ecornée et ternie par les propos de la ministre de l’eau qui déclare que le fait d’avoir « autant de petits commerces » tenus par des étrangers ne pouvait mener qu’à un « désastre », ou ceux de la ministre des petites entreprises qui s’engage à renforcer la réglementation à l’encontre de ces commerçants accusés de pratiquer une concurrence déloyale.
« Les étrangers doivent comprendre qu’ils sont ici grâce à notre bonne volonté » et que « notre priorité, c’est d’abord et avant tout notre peuple », déclare-t-elle.

Tebogo Letsie/AP/SIPA
Tebogo Letsie/AP/SIPA

« On ne vole pas le travail des Sud-africains,

on en donne ! »

C’est ce que déclare Marc Gbaffou, président ivoirien du Forum de la Diaspora africaine en Afrique du Sud.
Un rapport  confirme ses dires et montre que les immigrés jouent « un rôle positif  en créant de l’emploi, en payant des impôts et en fournissant des biens à bon marché ».
Le 16 avril dernier, le président sud-africain, Jacob Zuma a lancé un appel au calme et à la fin des violences.
« Nous condamnons les violences dans les termes les plus forts. Nous appelons au calme et à l’arrêt des violences. Aucun niveau de frustration ou de colère ne peut justifier des attaques contre les ressortissants étrangers et le pillage de leurs commerces », a-t-il déclaré.
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Le président Jacob Zuma, le quatrième dirigeant le mieux payé au monde selon la chaîne américaine CNN, est toutefois accusé d’avoir fait preuve d’une extrême passivité face aux violences qui déferlaient sur le pays.
Le Malawi et le Zimbabwe s’apprêteraient à rapatrier certains de leurs ressortissants.
Pascale Davidovicz
Sources : tempsreel.nouvelobs.com, .rfi.fr/afrique, lemonde.fr, ouest-france.fr, francetvinfo.fr, ladepeche.fr

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