Des lycéens de Clermont-Ferrand : les soldats juifs pendant la Grande Guerre

Pour avoir déjà abordé le sujet avec leurs professeurs, beaucoup ne s’aventuraient pas en terra incognita. Les collégiens et lycéens de trois classes de Fénelon et Saint-Alyre, qui s’étaient délocalisés lundi au centre culturel Jules-Isaac, ont reçu le cours de l’historien Philippe Landau avec la pertinence des intéressés voire des édifiés. Cet auteur de nombreux articles et ouvrages sur les juifs de France pendant la Grande Guerre, enseignant à la Sorbonne, avouait pourtant qu’il touchait là un nouvel auditoire : « C’est une première pour moi de m’adresser sur ce thème à des élèves du secondaire… ».

lycéens

Expo permanente

Un thème d’autant plus bienvenu par les temps qui courent que 4.000 jeunes Français ont animé dimanche la cérémonie du centenaire de la bataille de Verdun. De Philippe Landau, par ailleurs conservateur des Archives des consistoires israélites de France, les collégiens et lycéens ont appris que 38.000 juifs (16.000 Français, 14.000 résidant en Algérie et 8.000 étrangers vivant en France) sont montés au front en 1914, laissant à Verdun et ailleurs 6.800 des leurs. Soit 17 % de « morts pour la France », une proportion identique à la moyenne nationale. Dix questions avaient été privilégiées : entre autres, combien de juifs en 1914 ? Pourquoi sont-ils patriotes ? Y a-t-il persistance de l’antisémitisme malgré l’Union sacrée ? (*), quelles attitudes face aux combats et à la mort ? Etc. Cette dernière interrogation trouvait sa réponse sur les lieux même puisque se tient en permanence au premier étage du centre culturel une exposition sur la vie mythifiée du grand rabbin Abraham Bloch. Le 29 août 1914, avant d’être lui-même fauché par la mitraille, il aurait tendu un crucifix à un soldat agonisant qui l’avait confondu avec un aumônier catholique…

De leur patriotisme exemplaire, les juifs gagneront une infime mansuétude de la part du maréchal Pétain au moment de promulguer les lois antijuives de 1940. Ces dernières « discriminaient » positivement les anciens combattants non exclus de la fonction publique alors que leurs coreligionnaires se voyaient évincés de l’enseignement, l’armée, la magistrature, la presse, le cinéma.

Pitoyable palliatif qui ne sauvera ni les uns ni les autres comme Sabino Moustacchis, président de l’association de la communauté juive du Puy-de-Dôme, ne cesse de le rappeler : sur les 75.721 juifs français déportés pendant l’Occupation, seuls 2.000 revinrent. Sur les 300.000 que comptait le pays en 1940, 25 % moururent.

(*) Tous les partis politiques et tous les cultes ont fait cause commune sous la bannière patriotique.

Jean-Paul Gondeau

Source : http://www.lamontagne.fr/auvergne/actualite/departement/puy-de-dome/clermont-ferrand/2016/06/01/des-collegiens-et-des-lyceens-au-centre-jules-isaac-pour-un-cours-pas-comme-les-autres_11938370.html

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