Les « Mémoires » de Serge et Beate Klarsfeld

Serge et Beate Klarsfeld sont de ces êtres d’exception que l’on ne rencontre pas si souvent et lorsque l’on croise leur chemin, on s’en souvient toujours. Ils viennent de publier aux éditions Fayard un livre de Mémoires, à quatre mains bien sûr. Et si l’ouvrage est gros (un peu plus de 600 pages), c’est que ses auteurs avaient beaucoup, beaucoup de choses à raconter.
memoires
Il serait donc forcément réducteur de tenter de résumer ici, en quelques lignes, leur parcours, leurs vies, leurs engagements, permanents, perpétuels, pendant cinquante ans, pour la mémoire et contre l’oubli, contre le négationnisme et pour la reconnaissance des crimes antisémites commis en France sous le régime de Vichy, pourchassant à travers le monde les anciens nazis prompts à se fondre dans une société d’après-guerre peu scrupuleuse sur le sort de six millions de Juifs déportés et assassinés dans les camps de la mort.
Serge et Beate Klarsfeld ont consacré leurs – deux – vies à défendre la mémoire des victimes de la déportation à travers leur Association, « Les Fils et Filles des déportés juifs de France » mais aussi à traquer aux quatre coins du monde, les responsables de la Shoah pour les traîner devant les tribunaux et les faire enfin juger. Ils ont remporté de belles victoires comme celle de faire juger et condamner Klaus Barbie qui coulaient jusque là des jours heureux en Bolivie.
Ils ont aussi eu un rôle magistral dans la reconnaissance –tardive- de la rafle du Vel d’Hiv. Avec eux et grâce à eux, ce sont des pages sombres de notre histoire qui se sont révélées sous un autre jour que celui qu’on voulait nous conter.
Aujourd’hui hélas, leur combat continue. S’arrêtera-t-il jamais ? Ils sont encore parmi les premiers à alerter les autorités du caractère antisémite des spectacles de Dieudonné. Ironie du sort, c’est leur fils, l’avocat Arno Klarsfeld qui est actuellement inculpé pour « atteinte à la considération et à l’honneur des jeunes de banlieue » sur plainte d’un « jeune » de 37 ans, après des propos tenus sur une chaîne d’information le 9 janvier dernier où il avait déclaré et dans le contexte que l’on sait : “Non, la France n’est pas antisémite. Il y a une partie de l’extrême-droite qui l’est vigoureusement. Une partie de l’ultra-gauche et les islamistes également. Et une partie des jeunes de banlieue qui l’est aussi.” Et oui, s’appeler Klarsfeld suscite parfois de curieuses réactions en France en 2015.
Il faut simplement lire ce livre et l’offrir, presque comme un acte militant, surtout aux plus jeunes car cette quête incessante pour la vérité, la justice et la mémoire qu’ont mené Serge et Beate Klarsfeld est humainement exemplaire.
« Mémoires », Serge et Beate Klarsfeld, Fayard, mars 2015
 Brigitte Thévenot

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