Daniel Sarfati. Lag BaOmer. Aujourd’hui, c’est à eux que je pense

Lag BaOmer est sensée être une fête joyeuse, l’annonce du printemps, une pause dans une période de deuil.
Une nuit où l’on danse autour de feux de joie sur la plage.
La tragédie du Mont Meron en a fait, hier, un deuil dans le deuil.
Je n’ai jamais aimé la foule et encore moins une foule exaltée, c’est pourquoi je m’étais rendu sur le Mont Meron, près de Safed, un jour banal d’avril, en dehors de toute célébration religieuse, un peu par curiosité.
J’avais garé ma voiture sur un parking caillouteux et assez vertigineux.
Comme dans une brocante, tout autour de la synagogue qui abrite le mausolée de la dépouille présumée de Shimon Bar Yohaï, plusieurs stands présentant de la littérature rabbinique, des talismans et autres fils de laine rouge.
J’avais abordé deux sympathiques orthodoxes, pour qu’ils m’expliquent l’importance du lieu.
J’ai tout de suite compris que j’étais en terrain mystique, car ils ont pris des airs de conspirateurs et m’ont entraîné à l’écart.
Quoi ! Je ne savais pas qui était Shimon Bar Yohaï, l’auteur du Zohar, le Livre de la Splendeur ? Le joyau de la mystique juive.
J’avais répondu :
Si, plus ou moins…
Un brin taquin , j’avais ajouté : Mais, d’après Gershom Sholem, ça ne serait pas lui qui l’aurait écrit mais un rabbin espagnol au Moyen-Age, Moshe de Leon.
Là, les deux m’ont regardé avec suspicion, hésitant à me considérer soit comme un agent provocateur, soit comme un demeuré incurable.
Ils ont fini par conclure que je méritais d’être sauvé et avec beaucoup de pédagogie m’ont raconté l’histoire exemplaire du disciple de Rabbi Akiva.
En me raccompagnant à ma voiture, ils m’ont dit :
« Revenez ici à Lag BaOmer. C’est le jour où nous célébrons Shimon Bar Yohaï et qui met fin aux 33 jours de deuil du Omer. Et si vous avez un jeune garçon de 3 ans, profitez-en pour lui faire sa première coupe de cheveux ce jour-là sur le Mont Meron. Ça porte bonheur ! »

Aujourd’hui, c’est à eux que je pense, avec un profond chagrin.
Le printemps à venir a un goût de cendres, comme celui des bûchers qui se sont consumés toute la nuit de Lag BaOmer.

 © Daniel Sarfati

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