
Source : Chaîne 7 (Arutz Sheva)
Date de publication : 29 décembre 2025
Format : Entretien (2 minutes)
Intervieweuse : Dr Hanna Katan
Invitée : Yiska Bina, avocate, membre du Mouvement pour la gouvernance et la démocratie (organisation israélienne plaidant pour une limitation du pouvoir judiciaire)
Un débat judiciaire devenu central en Israël
Ces dernières années, le débat autour du système judiciaire israélien a atteint un niveau de tension inédit. Plusieurs affaires récentes ont remis la question du rôle de la justice au cœur du débat public.
Dans ce contexte, la Dr Hanna Katan a invité l’avocate Yiska Bina à une discussion approfondie sur le rôle du système judiciaire, tel qu’elle le perçoit. L’entretien aborde notamment :
- le jugement des terroristes du Nukhba (forces d’élite du Hamas),
- la commission d’enquête sur les événements du 7 octobre 2023,
- la fuite d’un enregistrement lié à la base de Sde Teiman (base militaire israélienne),
- et plus largement, l’impact des décisions judiciaires sur la sécurité nationale.
Le jugement des terroristes du Nukhba
Yiska Bina participe à une initiative législative visant à créer un cadre juridique spécifique pour juger les terroristes du Nukhba (commandos du Hamas impliqués dans les massacres du 7 octobre).
Selon elle :
« Faire passer un ennemi qui a assassiné, massacré et violé par le circuit judiciaire ordinaire est un chemin voué à l’échec, tant sur le plan technique que moral. Le traitement des terroristes comme de simples criminels de droit commun est une erreur fondamentale. »
Elle explique que le projet de loi vise à rompre avec cette approche et à instaurer un tribunal exceptionnel, comparable symboliquement au procès Eichmann (procès du responsable nazi jugé en Israël en 1961), afin de reconnaître juridiquement la gravité de crimes relevant, selon elle, de la destruction d’un peuple (génocide).
« Tout n’est pas justiciable »
Bina insiste sur un point central :
« Il ne s’agit pas réellement d’un événement juridique. Dans une guerre, l’État n’est même pas obligé de juger ces terroristes. Ce sont des ennemis en temps de guerre. »
Elle critique la doctrine selon laquelle “tout est justiciable”, qu’elle estime inadaptée aux situations de conflit armé.
La Cour suprême et les opérations militaires
L’avocate évoque un travail de recherche mené par le Mouvement pour la gouvernance et la démocratie, portant sur des dizaines de milliers de décisions judiciaires, notamment celles de la Cour suprême israélienne (Bagatz – acronyme hébreu désignant la Haute Cour de justice).
Elle accuse la Cour d’avoir progressivement restreint l’action de l’armée israélienne (Tsahal), en particulier à la suite de la jurisprudence établie par le juge Aharon Barak (ancien président de la Cour suprême), notamment lors de l’arrêt sur les “éliminations ciblées” (2002).
Selon elle :
- ces décisions ont limité les frappes aériennes en Judée-Samarie (Cisjordanie),
- obligeant les soldats à intervenir au sol,
- augmentant ainsi les risques pour les combattants.
Un rôle politique assumé par la justice, selon elle
Bina affirme que la Cour suprême est passée d’un rôle judiciaire à un rôle décisionnaire en matière de politique et de sécurité nationale.
Elle va jusqu’à établir un lien indirect entre ces choix juridiques et les failles ayant conduit aux événements du 7 octobre 2023.
« Il faut un changement dans tous les domaines – sécuritaire, politique, mais aussi juridique. La justice porte une part importante de responsabilité dans les échecs. »
La commission d’enquête sur le 7 octobre
Concernant la future commission d’enquête, Yiska Bina estime que :
- ni la justice,
- ni le gouvernement,
ne devraient en contrôler la nomination.
Elle soutient une proposition du député Simcha Rothman-Kellner (député israélien) visant à créer une commission paritaire, inspirée de celle mise en place aux États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001.
Elle cite également la commission d’enquête sur la tragédie du mont Meron (bousculade mortelle lors d’un pèlerinage religieux), affirmant que certaines responsabilités judiciaires n’y auraient pas été examinées.
La fuite de l’enregistrement de Sde Teiman
À propos de la fuite d’un enregistrement militaire, Bina évoque un problème plus profond :
« Il existe une motivation interne à poursuivre les soldats de Tsahal plutôt qu’à les protéger. Ce phénomène ne date pas d’aujourd’hui. »
Elle accuse la Cour suprême d’avoir imposé des mécanismes d’enquête interne à l’armée à la suite de pétitions déposées sur plus d’une décennie.
Exemple cité : soins médicaux à des proches de terroristes
Bina cite un cas précis :
L’État avait interdit à cinq proches directs de terroristes du Hamas d’entrer en Israël pour des soins médicaux, dans le but de faire pression pour la libération de captifs israéliens.
La Cour suprême, siégeant à trois juges, a annulé cette décision, permettant leur entrée en Israël.
Une critique idéologique de fond
En conclusion, Yiska Bina affirme que le système judiciaire israélien :
- s’est éloigné du peuple,
- de ses valeurs,
- et même des limites traditionnelles du droit.
Elle rappelle que le judaïsme a historiquement accordé une place centrale à la justice (Torah, Prophètes, Michna), mais estime que le système actuel représente une déformation profonde de cet héritage.
« Nous ne sommes plus dans le domaine du droit. Et cela empêche toute capacité de dialogue réel dans la société israélienne. »
© David Germon


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