On nous parle sans fin du privilège blanc.
Mais le véritable privilège, celui qui traverse les siècles et les consciences, c’est le privilège rouge : le droit d’avoir cent millions de morts sur la conscience et de continuer à donner des leçons de morale.
L’expression est de Gilles-William Goldnadel ; elle décrit mieux que tout le deux-poids-deux-mesures le plus indécent de notre époque.
Quand l’idéologie blanchit le sang
En 1981, François Mitterrand fait entrer quatre ministres communistes au gouvernement.
Personne ne parle d’« extrême gauche ».
Pourtant, ces hommes appartiennent à une Internationale dont les crimes forment la plus grande hécatombe du XXᵉ siècle :
• Katyn, vingt-deux mille officiers polonais abattus d’une balle dans la nuque sur ordre de Staline ;
• l’extermination des koulaks, ces paysans déportés par millions pour avoir refusé la collectivisation;
• la famine orchestrée d’Ukraine, l’Holodomor, six millions de morts par la faim et la terreur.
Et pourtant : silence.
En France, la faucille et le marteau restèrent décoratifs, presque attendrissants.
Cent millions de morts, et pas une honte.
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Le passé que la gauche préfère oublier
Le PCF n’a pas commencé comme « Parti des fusillés », mais comme Parti de la collaboration soviéto-nazie.
Jusqu’à la rupture du pacte germano-soviétique en 1941, il obéissait fidèlement à Staline : ne pas combattre les nazis, ne pas troubler « l’allié ».
Sa résistance ne commença qu’après l’invasion de l’URSS par Hitler.
Doit-on rappeler que certains soupçonnent (entre autres hypothèses ) que le PCF fut le responsable de la dénonciation aux Allemands du groupe Manouchian composé en grande majorité de Juifs étrangers de la MOI ?
Et, après 1945, nul n’en doutait : le PCF recevait ses ordres de Moscou.
Il demeura un parti sous tutelle étrangère, téléguidé par le Kremlin — et pourtant choyé par la République.
Israël : la démocratie qu’on punit
En Israël, les gouvernements de gauche ont souvent reposé sur le soutien de partis arabes ouvertement anti-sionistes.
Personne ne les a traités de « gouvernements traîtres » ni d’« anti-sionistes ».
On y a vu un signe d’ouverture.
Mais lorsque Netanyahou parvient, après cinq élections successives, à former un gouvernement fondé sur la même mécanique démocratique, celle d’un scrutin proportionnel intégral où aucun parti ne peut gouverner seul, à gauche comme à droite — le verdict tombe : « extrême droite ».
Les deux ministres qualifiés ainsi — Ben Gvir et Smotrich — ne sont devenus ministres que parce que le système électoral israélien l’exige, et parce que Netanyahou n’a jamais obtenu à lui seul la majorité requise pour gouverner.
Il avait d’ailleurs cherché, des mois durant, à former une coalition sans eux.
Mais la démocratie, en Israël, impose la coalition : c’est sa force, et parfois sa contrainte.
Et pourtant, ce mécanisme parfaitement républicain devient, dans la bouche de nos commentateurs « clusterisés », la preuve d’une dérive autoritaire !
Les mêmes qui n’ont jamais traité Mitterrand d’« extrême gauche criminelle » ni qualifié les gouvernements israéliens soutenus par les partis arabes de « traîtres anti-sionistes ».
Le privilège rouge et la morale en kit
Le privilège rouge, c’est la capacité de transformer des crimes de masse en souvenir poétique, et des coalitions légitimes en scandales moraux.
Les drapeaux soviétiques flottent encore dans les cortèges syndicaux. Les poètes du Goulag dorment dans nos anthologies. Les héritiers d’une idéologie aux cent millions de morts se promènent en donneurs de leçons.
Mais qu’un Premier ministre juif défende la souveraineté de son pays, et le voilà désigné comme fasciste.
Le roman moral des vainqueurs culturels
Depuis 1945, la gauche française s’est autoproclamée la Résistance incarnée. Elle oublie qu’elle a commencé par obéir à Berlin, puis à Moscou. Elle pardonne à ses morts par millions, mais elle condamne sans appel la droite vivante, celle qui croit encore à la nation, à la liberté, à la continuité du réel.
Ainsi : On pardonne tout à ceux qui ont eu cent millions de morts, et l’on condamne ceux qui refusent d’en produire un seul. On pleure un mur de sécurité à Jérusalem, mais jamais les fosses de Katyn. On s’émeut d’une kippa à la Knesset, mais on applaudit encore les drapeaux du Goulag.
Voilà le privilège rouge : le passeport moral des idéologies sanguinaires, et la condamnation automatique par les idéologies mortifères et les cerveaux clusterisés.
© Paul Germon

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