« Surtout si elles sont juives… » Par Sandra Ifrah

Women united for peace : le 25 novembre ne doit oublier aucune femme

Crédit : Women United for Peace

Pour cette Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, nous refusons le silence, l’oubli et le tri de la compassion. Partout dans le monde, les femmes sont violées, torturées, humiliées, réduites au silence. Mais toutes ne sont pas prises en considération. Toutes ne sont pas pleurées. Surtout si elles sont juives.

Face à cette injustice qui consiste à politiser la violence faite aux femmes jusqu’à désigner les « bonnes victimes » des « mauvaises », nous ne cesserons jamais de lever la voix et de dénoncer.

Dès qu’il s’agit de femmes juives, tout est remis en cause

Le 7 octobre 2023, des femmes et des jeunes filles israéliennes ont été victimes de viols, de mutilations et d’exécutions lors de l’attaque du Hamas. C’est un fait.

Ces violences ont été documentées et reconnues par l’ONU le 14 août dernier suite au rapport Dinah publié en juillet 2025 par le Dinah Project (collectif d’experts israéliens).

Ce rapport évoque un schéma systématique de crimes sexuels, avec une dimension « génocidaire » visant à terroriser la société israélienne.

Pourtant, récemment, une rapporteuse spéciale des Nations Unies a publiquement remis en cause ces preuves documentées de viols et violences sexuelles perpétrées le 7 octobre 2023 ! Et cela en contradiction totale avec un rapport indépendant de l’ONU, le rapport Patten, établissant des « motifs raisonnables » de croire que le Hamas a commis des viols et des abus sexuels durant son invasion meurtrière du 7 Octobre.

Le rapport signale également l’existence de preuves encore plus solides indiquant que les otages enlevés par le Hamas ce jour-là avaient été violés et agressés sexuellement au cours de leur captivité.

Le cœur du problème est la remise en cause constante des faits lorsqu’ils concernent des victimes juives.

Dans d’autres pays, personne n’oserait contester des rapports aussi précis, mais une partie de la communauté internationale applique un double standard inacceptable vis-à-vis d’Israël et des victimes juives.

Cette remise en question publique, ciblée et infondée, montre à quel point la parole des femmes juives continue d’être contestée, relativisée ou niée. Une injustice supplémentaire qui s’ajoute à la violence initiale.

L’incompréhensible rejet de certains mouvements féministes : le tract de la honte du 22 novembre dernier

En France, certaines femmes juives sont régulièrement écartées de cortèges contre les violences faites aux femmes, accusées d’être « sionistes » parce qu’elles veulent simplement rappeler que des Israéliennes aussi ont été violées.

Le 22 novembre, le collectif Nous Vivrons a participé à la marche contre les violences faites aux femmes à Paris, malgré les attaques et les tracts insupportables les visant directement ; certaines « féministes » – qui ont visiblement oublié l’horreur vécue par des centaines d’Israéliennes le 7 octobre 2023 – ont proclamé :

Pas de fascistes ni de sionistes dans nos manifs.

Sous protection policière, le collectif Nous Vivrons a marché et dansé, déterminé à rappeler une vérité essentielle : aucune femme ne peut être exclue du combat féministe.

La réaction des pseudo-féministes à l’origine de ce genre de tracts est une trahison à la cause de la femme. Le féminisme ne peut pas être sélectif. Une femme violée est une femme violée, qu’elle soit à Sdérot, à Khartoum, à Kaboul, à Téhéran ou à Paris.

Le combat pour un féminisme universaliste doit inclure toutes les femmes, malgré leurs divergences d’opinions.

Et ailleurs ? Ces femmes victimes de conflits qui n’intéressent pas grand monde

Pendant qu’on minimise la douleur des Israéliennes, d’autres femmes sont abandonnées à leur sort.

  • Au Soudan

La guerre civile dévaste le pays depuis 2023. Les femmes en sont les premières victimes : viols collectifs, esclavage sexuel, mariages forcés, mutilations…

Des adolescentes sont enlevées, réduites en esclavage, leurs corps utilisés comme armes de guerre. Un vrai génocide cette fois-ci.

L’article de Bernard‑Henri Lévy dans La Règle du Jeu sur ce conflit au Soudan montre parfaitement ce « silence du monde » face à des atrocités massivement documentées : viols, fosses communes, destruction patrimoniale.

Son témoignage affirme que cette guerre est à la fois « l’une des plus féroces et de loin la plus oubliée ». Son texte insiste sur l’indifférence des opinions publiques occidentales face à ces drames.

  • Au Nigéria

Plus de 200 élèves et enseignants ont été enlevés dans une école catholique du centre du Nigeria. Cette attaque intervient quelques jours après le kidnapping par des hommes armés de 25 lycéennes dans un internat pour filles, dans le nord-ouest du pays.

Les élèves kidnappées en pleine nuit sont toutes des filles.

Et nous avons vu peu de marches, peu de slogans, peu de hashtags en soutien à ces victimes.

Comme si leur souffrance ne servait aucune cause.

Ou plutôt comme si les victimes ou les bourreaux intéressaient beaucoup moins les autoproclamés « humanistes défenseurs des opprimés ».

Visiblement, les opprimés ont moins de valeurs s’il n’y a pas d’armes actionnées par des Juifs.

Ce deux-poids-deux-mesures moral est insupportable.

Le combat pour les femmes doit être universel, ou il cesse d’être un combat pour la dignité.

De pire en pire… Quand l’université doute de l’horreur

Plus grave encore, ce déni gagne désormais les universités françaises : dans une boucle WhatsApp d’étudiants de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, certains remettent en cause la véracité des viols commis par le Hamas ou demandent « l’arrêt de la propagande qui consiste à faire du Hamas les grands méchants ».

Ce relativisme et cette complaisance envers la barbarie du Hamas témoignent d’une dérive inquiétante : celle d’une génération à qui l’on apprend à douter du crime plutôt qu’à le condamner.

Reconnaître et nommer l’antisémitisme dans la loi française

L’antisémitisme n’est pas une opinion. C’est une discrimination, un appel à la haine, une atteinte à la dignité.

Il n’existe pas en France de définition légale et pénale de l’antisémitisme et cela malgré son histoire, sa spécificité et la persistance des actes qui le nourrissent.

Pendant des années, les autorités juridiques ont examiné la possibilité d’intégrer la définition de l’International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA) dans le code pénal. Cette intégration est juridiquement impossible, en raison des principes de légalité qui encadrent notre droit pénal. Pour autant, une réponse existe.

Nous demandons, sur la même ligne que l’Organisation Juive Européenne (OJE), l’adoption d’une circulaire de droit pénal général intégrant la définition de l’IHRA comme outil d’interprétation pour les magistrats et les forces de l’ordre.

Une circulaire évolutive, révisée tous les deux ans, afin de suivre l’évolution des formes contemporaines de l’antisémitisme.

D’ailleurs, cette proposition a été portée dans le cadre des Assises de lutte contre l’antisémitisme.

Un sursaut moral

Nous, femmes de toutes origines, croyances, sensibilités, appelons à un sursaut de conscience.

Nous exigeons un devoir de mémoire pour les femmes israéliennes du 7 octobre, mais évidemment aussi les femmes de Gaza, les soudanaises, iraniennes, afghanes, ukrainiennes, congolaises, françaises… Toutes celles qu’on tente encore de faire taire ou qui sont les premières à subir les ravages de la guerre.

Le 25 novembre doit redevenir ce qu’il aurait toujours dû être : un cri universel contre toutes les violences, sans condition, sans tri, sans exception.

Nous ne voulons plus d’un monde où l’on hiérarchise les douleurs.

Nous voulons un monde où la solidarité féminine traverse les frontières, les religions et les peurs. Un monde où dire « plus jamais ça » n’exclut personne.

Sandra Ifrah, le collectif Women United for Peace.

Nous n’oublierons jamais. Nous ne cesserons jamais de dénoncer.

Women United for Peace est un collectif international de femmes engagées pour la paix, la dignité et la justice, né après le 7 octobre 2023. Nous rassemblons des voix féminines de tous horizons, unies pour dénoncer toutes les violences faites aux femmes, sans distinction.

© Sandra Ifrah

Sandra Ifrah est une militante engagée pour la paix, porte-parole du collectif Women United for Peace et ambassadrice de l’association France-Israël, où elle œuvre au rapprochement des sociétés civiles. Très active en France, elle se mobilise particulièrement sur les questions de l’antisémitisme, du sort des otages et de l’image d’Israël. Elle écrit également de nombreuses tribunes et articles pour sensibiliser et faire entendre ces enjeux.

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