

SOS Pets
SOS animaux, compagnons et condisciples.
Herzliya, samedi 22 novembre 2025
Daniella Pinkstein






Il y a en Israël mille façons d’exister, mille façons aussi de ne pas exister pour forcer la douleur au silence. Depuis le 7 octobre le visage de ce pays a changé, – blessé, il s’est relevé, mais avec un autre regard. Quels que soient les courants qui divisent la nation, sa population jour après jour tente à nouveau de refertiliser sa terre. Chacun selon son horizon, sa force, sa volonté.
Sos Pets ne déroge pas « à ce temps retrouvé », s’engageant dans l’avenir avec ce même sentiment de défi. SOS Pets n’est en effet pas seulement un refuge pour animaux perdus, égarés, maltraités, il représente l’espoir que chaque vie retrouve sa lumière.
Unique au monde, ce lieu donne aux animaux une chance inédite, celle de pouvoir être guéris en guérissant.
Depuis le 7 octobre, les chiens surtout, n’ont cessé d’affluer. Certains provenant de refuges municipaux dont la majorité d’entre eux, faute de ne pouvoir être adoptés sont euthanasiés, d’autres donnés par des militaires, incapables d’être suffisamment présents pour leurs animaux de compagnie, ou de réservistes dont le temps d’engagement est de plus en plus long, d’autres directement trouvés sur des lieux de combats, d’autres encore en perdition sur toute la partie d’Israël qui fut évacuée. Des chiens, des chats, petits et grands errants, mourants, au milieu d’un grand nulle part.
Il y a quarante-huit ans, une toute jeune fille, Ricki Bassry, avec pour seule arme sa bienveillance, crée SOS Pet. Aucune cage n’y a été admise, – jamais -, aucun animal ne se meurt derrière des barres de fer, ou sous la misère d’une dernière piqure ; au contraire chacun d’entre eux bénéficie d’une famille d’accueil, où il y est soigné, éduqué, observé, où renaît la lumière d’être vivant parmi les vivants.
Un refuge dans lequel chaque animal, chaque chien force le destin de celui qui le reçoit. Car en effet, cette association qui compte aujourd’hui deux cents familles bénévoles, plusieurs centaines de volontaires disséminés dans tout le pays, constate de l’impact éminemment bénéfique de leurs animaux sur les enfants que la guerre a déroutés, sur les individus dans des situations psychologiques de trauma, sur les soldats qui reviennent au seuil du désespoir. A mesure que l’animal revient à la vie, celui qui le guérit revient avec lui. Côte à côte, dans ce lien si particulier qui relie l’ange à son alter ego.
Trois cent mille shekels sont dépensés, cependant, par mois, uniquement pour la routine vétérinaire de prise en charge des animaux. Ce qui n’y inclut pas les frais d’hospitalisation. Des frais souvent exorbitants. Comme pour ce jeune husky, laissé pour mort au bord d’une nationale pendant 5 jours sans que personne ne s’arrête. Percuté par une voiture, il agonisait devant le mouvement continu des phares. Les frais furent dispendieux, mais debout, à son tour accueilli dans une famille, choyé parmi des enfants, aujourd’hui, on ne saurait dire d’entre eux, – des gamins ou lui- , qui est le plus heureux.
Il suffit de peu pour se changer sur cette terre paradoxale que l’on voudrait fouler sans y être systématiquement conspué. Pour se changer soi-même et continuer à exister, en dépit des tragédies. Certains chiens hospitalisés dans des états désespérés n’ont guéri que par l’action de volontaires, jeunes ou vieux, qui venaient leur tendre une main aimante. Et certaines guérisons ont véritablement tenu du miracle.
Et c’est peut-être grâce à tant de ces miracles-là que tant de chiens, de chats à leur tour restituent à ce monde le miracle de vouloir encore aimer.
SOS Pets tel qu’il s’est aujourd’hui organisé, – intervenant auprès des écoles pour sensibiliser les enfants au monde animal, créant des pôles d’éducation pour tous les adoptants, mais aussi pour toute personne intéressée, fournissant à toutes les familles d’accueil matériels et alimentations nécessaires pour chaque animal hébergé, louant un espace hebdomadaire pour une journée d’adoption, payant tous les soins -, demande des équipements, un agencement de plus en plus coûteux, et une capacité d’accueil depuis ce 7 octobre 2023 de plus en plus grande.
Un appel aux dons s’est ouvert depuis plusieurs semaines, il sera actif jusqu’au 10 décembre. Il suffit de voir les résultats que dévoilent ces quelques photos pour comprendre l’espoir qui s’y rattache, et tout ce que ce petit monde hébreu sait faire aussi de cet espoir.
https://giveback.co.il/project/87791
Lien pour l’appel aux dons
https://giveback.co.il/project/87791?lang=en
SOS Pet
© Daniella Pinkstein
Linguiste de formation, Daniella Pinkstein fut consultante dans des cabinets politiques et institutionnels français puis européens, traductrice, éditrice, journaliste et chroniqueuse en France et en Israël. Suite à une bourse doctorale, elle s’installe en Hongrie, pour étudier les minorités d’Europe centrale et le discours qui sous-tend leur émancipation. Ce séjour changera son rapport à l’Europe et surtout au monde juif. Elle est l’auteure de ‘Que cherchent-ils au Ciel tous ces aveugles ?’ (Ed. MEO) et de ‘Jérusalem, par une rosée de lumières’, préfacé par Rachel Ertel (Ed. Biblieurope) pour lequel elle a reçu le prix du European Jewish Writers in translation 2021 (décerné par le Jewish Book Week).
Auteur sur « Tribune juive », Daniella Pinkstein y a créé « Le Liseré d’or » et « Murmurations », somme d’entretiens d’extrême qualité avec des invités qu’on aimerait tous avoir pour amis.

Un ouvrage paru en juin 2025 réunit ces entretiens: « Murmuration: Paroles insomniaques pour des temps incertains »

SOS Pets
SOS animals, companions and accomplices

Herzliya, Saturday, November 22, 2025
Daniella Pinkstein
There are a thousand ways to exist in Israel, and a thousand ways not to exist, to force pain into silence. Since October 7th, the face of this country has changed—wounded, it has risen again, but with a different gaze. Whatever the disagreements that divide the nation, its people day by day try once more to re-fertilize their land. Each according to their horizon, their strength, their will.
SOS Pets does not deviate from this « Time regained, » committing to the future with the same feeling of challenge. SOS Pets is indeed not just a shelter for lost, stray, abused animals; it represents the hope that every life can find its light again. Unique in the world, this place gives animals an unprecedented chance, that of being able to be healed by healing. Since October 7th, dogs especially have continued to flood in. Some come from municipal shelters, most of which, unable to be adopted, euthanize the animals; others are given by soldiers unable to be sufficiently present for their pets, or reservists whose service time is increasingly long; others are found directly on battle sites; still others are lost throughout the evacuated parts of Israel. Dogs, cats, small and large strays, dying, in the middle of nowhere. Forty-eight years ago, a very young girl, Ricki Bassry, with only her kindness as a weapon, created SOS Pets. No cage has ever been admitted there—never—no animal dies behind iron bars or under the misery of a final injection; on the contrary, each one benefits from a foster family, where it is cared for, trained, observed, where the light of being alive among the living is reborn. A shelter in which every animal, every dog, forces the destiny of the one who receives it. Indeed, this association, which today counts two hundred volunteer families and several hundred volunteers scattered throughout the country, notes the eminently beneficial impact of their animals on children disoriented by war, on individuals in psychological trauma, on soldiers returning on the brink of despair. As the animal comes back to life, the one who heals it comes back with it. Side by side, in that special bond that connects the angel to its alter ego.
But three hundred thousand shekels are spent each month solely on the routine veterinary care of the animals. This does not include hospitalization costs, which are often exorbitant. Like for this young husky, left for dead on the side of a highway for five days without anyone stopping. Hit by a car, he was agonizing in front of the continuous movement of headlights. The costs were expensive, but standing again on his four legs, welcomed in turn into a family, cherished among children, today one could not say which of them—the kids or him—is the happiest.
It takes little to change oneself in this paradoxical land that one would like to tread without being systematically jeered at. To change oneself and continue to exist despite the tragedies. Some dogs hospitalized in desperate conditions healed only through the actions of volunteers, young or old, who came to offer a loving hand. And some recoveries were truly miraculous.
And perhaps it is thanks to so many of these miracles that so many dogs and cats in turn restore to this world the miracle of wanting to love. Once again.
SOS Pets, as it is organized today—intervening in schools to raise children’s awareness of the animal world, creating education centers for all adopters but also for anyone interested, providing all foster families with the necessary materials and food for each housed animal, renting a weekly space for an adoption day, paying for all care—requires equipment, increasingly costly arrangements, and a growing capacity since October 7, 2023.
A call for donations has been open for several weeks and will remain active until December 10th. One only needs to see the results revealed by these few photos to understand the hope attached to it, and all that this little hebrew people also makes of that hope.
https://giveback.co.il/project/87791
Donation link
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SOS Pets
© Daniella Pinkstein
Linguiste de formation, Daniella Pinkstein fut consultante dans des cabinets politiques et institutionnels français puis européens, traductrice, éditrice, journaliste et chroniqueuse en France et en Israël. Suite à une bourse doctorale, elle s’installe en Hongrie, pour étudier les minorités d’Europe centrale et le discours qui sous-tend leur émancipation. Ce séjour changera son rapport à l’Europe et surtout au monde juif. Elle est l’auteure de ‘Que cherchent-ils au Ciel tous ces aveugles ?’ (Ed. MEO) et de ‘Jérusalem, par une rosée de lumières’, préfacé par Rachel Ertel (Ed. Biblieurope) pour lequel elle a reçu le prix du European Jewish Writers in translation 2021 (décerné par le Jewish Book Week).
Auteur sur « Tribune juive », Daniella Pinkstein y a créé « Le Liseré d’or » et « Murmurations », somme d’entretiens d’extrême qualité avec des invités qu’on aimerait tous avoir pour amis.

Un ouvrage paru en juin 2025 réunit ces entretiens: « Murmuration: Paroles insomniaques pour des temps incertains »

Un appel vibrant qui résonne comme un acte de foi — foi dans la vie, dans la revanche du soin et de la compassion sur la violence. En effet, guérir l’un peut réparer l’âme de l’autre. Un bel hommage à la résilience et à la solidarité, appel que nous avons tous intérêt à entendre.