Soulages. Par Daniel Sarfati

Pierre Soulages est un géant. 

Seul peintre français dont les œuvres sont entrées de son vivant au Louvre. 

Si j’avais été un voleur, c’est un de ses tableaux que j’aurais dérobé au Louvre. 

Ses œuvres sur papier sont un peu marginales à côté de ses toiles monumentales. 

Il utilise encre et gouache sur le papier, la fulgurance de l’encre que la gouache parvient à figer. Ou alors, carrément la mine de plomb. C’est à dire juste un crayon à papier. 

Son noir, ultra-noir, outre-noir ou brou de noix est plein de lumière. 

C’est tout sauf un monochrome. 

Parler de dessin chez Soulages n’a pas de sens, c’est au-delà. Il est dans une autre dimension, celle de la sculpture ou de l’architecture. 

C’était un type modeste, Soulages. 

Une anecdote que m’avait raconté un copain qui l’avait rencontré à un dîner et qui ignorait qui il était. 

Il lui avait demandé aimablement :

« Vous faites quoi dans la vie ? »

Soulages : j’essaye de peindre. 

« Pas facile la vie d’artiste. Il faut persévérer. »

Soulages : merci pour vos encouragements. 

Lorsqu’il a appris qui était ce grand bonhomme habillé tout en noir, mon copain a failli mourir de honte. 

Noir de honte.

© Daniel Sarfati

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6 Comments

  1. Pierre Soulages était au pinceau ce qu’était Christian bobin à la plume.
    « Pierre » de Christian Bobin est lumineux… c’était son ami.
    Christian Bobin l’a rejoint un an après sa disparition.
    Ils restent des étoiles dans ce ciel souvent assombri..

  2. « Si j’avais été un voleur, c’est un de ses tableaux que j’aurais dérobé au Louvre. « Eh bien pas moi. Je vous laisserais sans regret ces choses lugubres.

  3. Dans le figuratif la France était sans doute number one. Puis l’art moderne, puis aujourd’hui le contemporain la France est quasi marginalisée, c’est la raison essentielle pour laquelle les nationalistes haïssent l’art contemporain. La France pousse tant qu’elle peut, Soulages est à mon avis surévalué.

    • Pas besoin d’être nationaliste pour ne pas apprécier cette horreur. Je m’interroge sur ceux qui voient quoi que ce soit d’esthétique dans une telle sinistre laideur.

  4. Soulages, trop noir pour moi, je préfère de loin Jan Vermeer de Delft, la dentellière penchée sur son ouvrage, Le Louvre ou j’allais dessiner le jeudi matin quand j’étais une très jeune adolescente.

  5. Voilà qui me rappelle une séquence du film Intouchables (que je viens de revoir) où Philippe, le riche aristocrate tétraplégique s’extasie devant une « oeuvre » hors de prix (qu’il va acheter) ressemblant étrangement à un kleenex taché du sang d’un épistaxis.
    Au moins dans ce cas y avait-il un peu de couleur … 😉

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