
Pierre Soulages est un géant.
Seul peintre français dont les œuvres sont entrées de son vivant au Louvre.
Si j’avais été un voleur, c’est un de ses tableaux que j’aurais dérobé au Louvre.
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Ses œuvres sur papier sont un peu marginales à côté de ses toiles monumentales.
Il utilise encre et gouache sur le papier, la fulgurance de l’encre que la gouache parvient à figer. Ou alors, carrément la mine de plomb. C’est à dire juste un crayon à papier.
Son noir, ultra-noir, outre-noir ou brou de noix est plein de lumière.
C’est tout sauf un monochrome.
Parler de dessin chez Soulages n’a pas de sens, c’est au-delà. Il est dans une autre dimension, celle de la sculpture ou de l’architecture.
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C’était un type modeste, Soulages.
Une anecdote que m’avait raconté un copain qui l’avait rencontré à un dîner et qui ignorait qui il était.
Il lui avait demandé aimablement :
« Vous faites quoi dans la vie ? »
Soulages : j’essaye de peindre.
« Pas facile la vie d’artiste. Il faut persévérer. »
Soulages : merci pour vos encouragements.
Lorsqu’il a appris qui était ce grand bonhomme habillé tout en noir, mon copain a failli mourir de honte.
Noir de honte.
© Daniel Sarfati