Le « bon Juif » antisioniste : prêtresse et pénitente de la religion palestinienne. Par Charles Rojzman

Israël, loin d’être une honte, demeure le dernier visage tragique de la survie. Charles Rojzman

Il existe dans la liturgie morale de notre temps un personnage récurrent : le Juif qui condamne Israël. C’est un rôle codifié, presque sacral. On l’invite sur les plateaux pour absoudre les consciences, comme on faisait jadis venir un prêtre à l’heure du repentir. Son nom change, son visage aussi, mais le ton reste le même : ce mélange de componction et de supériorité morale qu’adoptent ceux qui se savent du bon côté de l’Histoire.

Parmi eux, Annie Cohen-Solal occupe une place d’honneur : figure mondaine, intellectuelle consacrée, héritière d’une gauche morale qui a troqué la lutte des classes contre la lutte des peuples. Elle parle avec autorité — l’autorité que confère l’exil doré, les vernissages berlinois et les colloques vaticinants sur « la tolérance ».

I. La caution morale

Le bon Juif n’existe que pour rassurer les autres. Sa fonction est de rendre l’antisionisme fréquentable, d’enrober la haine d’Israël dans le velours du remords. Lorsque, le 5 octobre 2025, dans « En société » (France 5), Annie Cohen-Solal déclara : « Jamais, dans toute l’histoire juive, les Juifs n’ont tué autant d’êtres humains », elle ne visait pas à comprendre, mais à purifier. Son indignation servait d’eau bénite à la ferveur antisioniste des salons européens. Puisque c’est une Juive qui l’affirme, l’accusation devient légitime. Les consciences peuvent se détendre, la culpabilité se dissoudre dans la bonne odeur de la morale universelle. La haine d’Israël se trouve enfin blanchie : elle a reçu son nihil obstat.

II. Une liturgie du reniement

Ce geste, pourtant, n’est pas nouveau. Il plonge ses racines dans la grande tradition des intellectuels juifs d’extrême gauche, ceux qui, après 1968, crurent voir dans la cause palestinienne la revanche du prolétariat perdu. Cohen-Solal en est l’héritière docile. Issue d’un milieu laïque, formée à l’université française, elle a baigné dans cette culture de la culpabilité humaniste où l’on croit se grandir en reniant ce qui vous fonde. Dans les années 1980, elle s’est consacrée à la biographie d’artistes cosmopolites, chantres de la modernité sans frontières. Elle vit dans ce monde-là : celui des musées subventionnés, des dîners berlinois et des festivals vaticinant sur “l’altérité”. Son judaïsme est esthétique ; sa morale, décorative. Elle contemple le drame d’Israël depuis le confort capitonné des capitales européennes, comme on observe un incendie depuis la loge d’un théâtre.

III. Le sacrifice du lien

Le bon Juif se distingue d’abord par ce désir de rupture : il veut appartenir à l’humanité plutôt qu’à un peuple. Cohen-Solal l’a dit sans détour : « Les gens bien ont quitté Israël pour préserver leur humanité. » Formule sublime dans son hypocrisie : ceux qui restent, donc, auraient choisi la barbarie. Ce n’est plus une analyse, c’est une excommunication. Le monde des « gens bien » se referme sur lui-même, persuadé d’incarner la conscience universelle. Dans cette perspective, Israël n’est plus qu’un corps impur dont il faut se détacher pour rester moralement intact. C’est le vieux rêve des élites européennes : purifier leur humanisme en sacrifiant le Juif réel, celui qui vit, combat, résiste.

IV. Le théâtre européen de la vertu

Annie Cohen-Solal appartient à ce milieu d’anciens soixante-huitards reconvertis dans l’industrie culturelle. Ils ont troqué la faucille contre la colombe, le manifeste contre le manifeste-catalogue. Ils ne croient plus à la révolution, mais ils croient toujours à la posture. Dans leurs cercles feutrés de Paris, Rome ou Berlin, ils rejouent le vieux mythe du Juste : celui qui parle au nom des victimes, qui prend la défense du faible – à condition que ce faible ne soit pas israélien. Le bon Juif devient alors un ornement intellectuel, un bibelot moral sur la cheminée des consciences européennes. Son indignation se consomme comme un parfum de luxe : une vaporisation de culpabilité bien tempérée.

V. L’effet pervers

Mais ce théâtre a ses effets : il permet à la haine d’Israël de se dire au nom de la vertu. Il offre à l’Occident épuisé une sortie de secours morale : haïr sans se salir. L’ennemi, cette fois, parle votre langue, partage vos codes, fréquente vos dîners. Il cite Levinas entre deux indignations contre Tsahal. Il donne aux mots « occupation » et « colonisation » l’accent feutré de Saint-Germain-des-Prés. Et ainsi, Israël se retrouve délégitimé non par ses ennemis, mais par ceux qui, de naissance, devraient comprendre ce que signifie être un peuple menacé d’effacement.

Conclusion – La sainteté du reniement

Le bon Juif antisioniste se croit libre ; il n’est que le produit le plus raffiné de la servitude morale européenne. Annie Cohen-Solal ne parle pas depuis Jérusalem, mais depuis les bibliothèques de Berlin et les salons de Paris : là où la conscience se fabrique comme un objet d’art. Elle est la prêtresse d’une religion sans transcendance : celle du remords occidental. Dans ce culte, Israël joue le rôle du bouc émissaire, et le bon Juif celui de l’officiant qui immole, sous les applaudissements, ce qu’il lui reste d’appartenance.

La vraie grandeur ne consiste pas à se dissoudre dans la morale universelle, mais à défendre ce qu’on est, malgré les injonctions à disparaître. Et il faut décidément vivre très loin du réel, dans l’air conditionné des musées européens, pour ne pas comprendre qu’Israël, loin d’être une honte, demeure le dernier visage tragique de la survie.

© Charles Rojzman

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6 Comments

  1. Que ne fait il faire Annie Cohen-Solal, pour être invitée dan les salons dorés, éblouie par ce qui brille ,cette lumière artificielle qui vous aveugle et vous entraîne vers le reniement.

  2. Elle est le prduit de 2000 ans de servitude , elle ne le sait pas car elle ignore l histoire de son peuple .
    La situation actuelle qui voit la renaissance revolutionnaire du peuple juif sur sa terre , avec sa Thora en main , est insupportable pour les juifs galoutiques qui ont appris a se nier pour capter une parcelle de lumiere ou de parnassa , tout cela n est que normal , et chacun doit faire le tri car le peuple juif vient d arriver au coeur de la  » gare de triage  » de son histoire :
    A gauche ceux qui vont monter a Sion et redevenir des hebreux , a droite ceux qui vont disparaitre dans le magma des autres peuples .

  3. J’irais plus loin : prétendre que tous les gens bien ont quitté Israël veut dire que tous ceux qui y restent sont, au choix, des barbares, des salauds, des assassins etc. C’est donner un permis de tuer aux ennemis d’Israël, qui eux sont de vrais barbares, salauds et assassins. C’est un appel au génocide, non pas brut de coffrage comme chez Rima Hassan, mais feutré et tout aussi efficace. Un appel au meurtre en toute bonne conscience en somme. Je n’arrive pas à comprendre que des intellectuels juifs servent la soupe aux antisémites.

  4. Elle devrait avoir honte de cracher sur son peuple ! En fait elle s’en fiche de son peuple elle n’en fait plus partie, elle n’a aucune empathie pour ses souffrances juste de l’empathie dégoulinante pour ses ennemis !

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