« France Inter. Les vérifieurs vérifiés ». Par Jacques Colin

Mercredi 12 novembre 2025 : Après l’interview de Manuel Bompard par Alix Bouilhaguet, France TV et Radio France reconnaissent des erreurs

Lors d’une récente interview d’Emmanuel Bompard, la journaliste de France Inter Alix Bouilhaguet s’est vu accusée de mentir à propos de déclarations sur le nouveau maire de New York Zohran Mamdani. Elle a notamment reproché à Mandani de n’avoir jamais condamné l’expression « mondialiser l’Intifada » et d’avoir, chaque fois qu’on l’interrogeait sur cette phrase, « botté en touche ». Bompard a hurlé aux mensonges et la direction de France Inter a volé à son secours en désavouant sa collaboratrice et en publiant un rectificatif, lui-même mensonger par omission. Mediapart, entre autres, s’en régale et titre « Quand France Inter normalise la désinformation ». Et partout, sur Internet, les grands défenseurs du « fact-checking » titrent sans vergogne sur les mensonges de la journaliste (cf Reddit : « Manuel Bompard corrige trois mensonges d’Alix Bouilhaguet sur Zohran Mamdani : https://www.reddit.com/r/actualite/comments/1ota5b9/manuel_bompard_corrige_trois_mensonges_dalix).

Manque de chance, il existe des preuves irréfutables que la journaliste de France Inter s’est bornée à citer des faits existants. Nous ne prendrons pas la peine de répondre point par point, Caroline Fourest s’en est parfaitement chargée sur LCI, et la chaîne n’a pas jugé de son devoir de corriger ses propos, concernant notamment les liens entre Mamdani et les Frères Musulmans et le fait qu’il  avait créé, sur un campus de Nouvelle-Angleterre, une branche du SJP (Students for Justice in Palestine), élément documenté dans un article du « New York Times » (« Comment Mamdani en est arrivé à embrasser la cause palestinienne » : https://www.nytimes.com/2025/10/08/nyregion/zohran-mamdani-israel-palestine.html).

Verbatim de la séquence

Kristen Welker: I want to give you an opportunity in that moment. You did not condemn the phrase [“globalize the Intifada”]. Now, just so folks understand, it’s a phrase that many people hear as a call to violence against Jews. There’s been a lot of attention on this issue. So I want to give you an opportunity to respond here and now. Do you condemn that phrase “globalize the intifada” ?

Zohran Mamdani: That’s not the language that I use. The language that I use and the language that I will continue to use to lead this city is that which speaks clearly to my intent, which is an intent grounded in a belief in universal human rights. And ultimately, that’s what is the foundation of so much of my politics, the belief that Freedom and Justice and safety are things that have meaning, have to be applied to all people, and that includes Israelis and Palestinians.

Kristen Welker: “ But do you actually condemn it ? I think that’s the question and the outstanding issue that a number of people, both of the Jewish faith and beyond, have. Do you condemn that phase “globalize the intifada”, which for a lot of people there is a call to violence against Jews ? 

Zohran Mamdani: I’ve heard from many Jewish New Yorkers, who have shared their concerns with me, especially in light of the horrific attacks that we saw in Washington DC and in Boulder, Colorado, about this moment of anti-Semitism in our country and in our city, and I’ve heard those fears and I’ve had those conversations and ultimately, they are part and parcel of why, in my campaign, I’ve put forward a commitment to increase funding for anti hate crime programming by 800 %. I don’t believe that the role of the mayor is to police speech in the manner especially of that of Donald Trump, who has put one New Yorker in jail, who’s just returned to his family, Mahmoud Khalil, for that very supposed crime of speech. Ultimately what I think I need to show is the ability to not only talk about something but to tackle it and to make clear that there’s no room for anti-Semitism in this city and we have to root out that bigotry and, ultimately, we do that through the actions, and that is the mayor I will be, one that protects Jewish New Yorkers and lives up to that commitment through the work that I do.

Kristen Welker: For the people who care about the language and who feel really concerned by that phrase, why not just condemn it ? 

Zohran Mamdani : My concern is to start to walk down the line of language and making clear what language I believe is permissible or impermissible, takes me into a place similar to that of the president who is looking to do those very kinds of things. Putting people in jail for writing an op-ed, putting them in jail for protesting. Ultimately, it’s not language that I use. It’s language I understand there are concerns about, and what I will do is showcase my vision for the city through my words and my actions.


La seule erreur d’Alix Bouilhaguet est de n’avoir pas prévu de sourcer ses informations, images à l’appui, pour parer les accusations de M. Bompard. Pour rappel, tout remonte à une émission de NBC, « Meet The Press », diffusée le 29 juin 2025 et présentée par la journaliste Kristen Welker. 

Interviewé, Zohran Mamdani a, par trois fois, refusé de condamner l’expression « Mondialiser l’Intifada ». L’émission est disponible, dans son intégralité, sur YouTube. En voici les principaux extraits :

Question de Kristen Welker à Zohran Mamdani : »Condamnez-vous la phrase ‘mondialiser l’intifada » ? »

Réponse de Zohran Mamdani : « Je n’emploie pas ce genre de langage… » Et, immédiatement, il dérive vers des considérations très générales, dont sa volonté de se montrer juste vis-à-vis de toutes les communautés.

Faute de réponse claire, Kristen Welker réitère sa question : « Mais condamnez-vous vraiment cette expression ? »

Mamdani répond : « Je ne pense pas que ce soit le rôle d’un maire de réglementer l’expression des gens ». Et, à nouveau, il noie le poisson dans une série de phrases toutes faites sur sa volonté de se consacrer au bien public.

N’ayant toujours pas obtenu de réponse, Kristen Welker pose sa question plus directement : « Mais pourquoi ne pas condamner cette phrase, tout simplement ? »

Réponse de Mamdani, toujours noyée dans un flot de lieux communs : « Ma préoccupation est d’abord de définir quelle forme d’expression est autorisée et quelle forme est interdite »

Par trois fois, il aura donc refusé de condamner l’expression, en dérivant sur des généralités à propos de sa vision du monde et des rapports qu’il souhaite avoir avec toutes les communautés. Si ce n’est pas botter en touche… 

Pour les sceptiques, il est bon de rappeler que tous les médias anglo-saxons s’étaient fait l’écho de cet entretien. Nous ne citerons pas toutes les références, il suffit de lancer une recherche Google avec les mots clés Mamdani, Globalize Intifada, pour accéder aux articles et vidéos (officielles). Ainsi, le jour même, sur le site de « Politico », on pouvait lire, sous le titre « Mamdani refuse de condamner la phrase ‘Mondialiser l’Intifada’ : « Ce dimanche, le candidat à la mairie Zohran Mamdani a à nouveau refusé de condamner la phrase ‘mondialiser l’intifada’, mais a insisté sur le fait que, s’il était élu en novembre, il serait un maire qui protège tous les New-Yorkais.

« Je n’emploie pas ce genre de langage, a déclaré Mamdani à Kristen Welker de NBC dans « Meet The Press ». Le langage que j’emploie, et que je continuerai à employer, c’est celui qui exprime clairement mon projet, un projet fondé sur la foi dans les droits humains internationaux ».

(https://www.politico.com/news/2025/06/29/zohran-mamdani-globalize-the-intifada-00432052)

Même le « Guardian », qu’on ne pourrait soupçonner d’être hostile à Mamdani, rappelait ce « détail », après une rencontre de Mamdani avec des hommes d’affaires new-yorkais :

« Selon certaines informations, écrivait le « Guardian », Zohran Mamdani, le candidat Démocrate à la mairie de New York, a déclaré à des hommes d’affaires de la ville qu’il n’utilisera pas les mots ‘Mondialiser l’Intifada’ et qu’il découragera ceux qui voudraient le faire ». Mais, rappelait le « Guardian », Mamdani a, à plusieurs reprises, été sommé de clarifier sa position sur cette phrase que beaucoup considèrent comme un appel à la violence contre les Juifs, une phrase qu’il avait précédemment refusé de condamner ».

(https://www.theguardian.com/us-news/2025/jul/16/zohran-mamdani-israel-gaza-intifada

Il est donc plus que surprenant que la direction de Radio France n’ait pas pris le temps de vérifier le bien-fondé des déclarations de sa journaliste, avant de l’accuser de donner de fausses informations et de publier un rectificatif. Et bien sûr, pour l’instant, pas un mot chez les « fact-checkers ». 

Le service public français devrait prendre exemple sur son homologue britannique, la BBC, dont le directeur a démissionné après qu’un rapport a démontré la diffusion d’informations biaisées concernant un faux montage d’une interview de Donald Trump, mais surtout des informations systématiquement favorables au Hamas et hostiles à Israël diffusées sur le service en langue arabe de la BBC. 

© Jacques Colin

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