
Sous la lumière vive d’un écran tenu trop près, Manon des mensonges se contemple en train de sauver la Palestine.
Elle « documente », dit-elle. On la savait députée, on la découvre soudain journaliste, envoyée spéciale… de sa propre vertu.
Le visage grave, la voix basse, elle parle comme on prêche, avec cette lenteur mesurée des gens persuadés d’incarner la conscience universelle.

« 𝑱𝒆 𝒔𝒖𝒊𝒔 𝒆𝒏 𝑷𝒂𝒍𝒆𝒔𝒕𝒊𝒏𝒆 » ,déclare-t-elle, le menton haut, la morale en bandoulière.
C’est beau, c’est noble, c’est surtout très faux, puisque l’Aubrycadabrante ne se trouve pas en « Palestine », mais en Judée-Samarie, un « détail » qu’elle efface sciemment.
Remplacer Israël par un pays qui n’existe pas, c’est nier le réel, substituer un mythe à une géographie, et l’idéologie à l’Histoire.
Et c’est sur ce mensonge inaugural que s’ouvre sa Passion, son évangile du faux.
Les phrases s’enchaînent naturellement avec la régularité d’un chapelet : « 𝒍𝒆 𝒈𝒆́𝒏𝒐𝒄𝒊𝒅𝒆 𝒂̀ 𝑮𝒂𝒛𝒂 𝒔𝒆 𝒑𝒐𝒖𝒓𝒔𝒖𝒊𝒕, 𝒍𝒂 𝒄𝒐𝒍𝒐𝒏𝒊𝒔𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒓𝒆𝒅𝒐𝒖𝒃𝒍𝒆 𝒅𝒆 𝒗𝒊𝒐𝒍𝒆𝒏𝒄𝒆. »
Chaque mot tombe comme une sentence, sans source ni nuance. Nul besoin, la gravité du ton fait office de preuve.
Et déjà, comme un pieux refrain, surgit son mantra « 𝒍𝒆𝒔 𝑷𝒂𝒍𝒆𝒔𝒕𝒊𝒏𝒊𝒆𝒏𝒏𝒆𝒔 𝒆𝒕 𝒍𝒆𝒔 𝑷𝒂𝒍𝒆𝒔𝒕𝒊𝒏𝒊𝒆𝒏𝒔 ». On entendrait presque les violons des « Acadiens et Acadiennes » de Michel Fugain.
Et ça lui plaît, à la papesse : elle a trouvé le rythme. Alors elle répète la formule une seconde fois.
La pontifiante n’a pas tort, faut dire : la répétition donne l’illusion de la morale, c’est la musique de l’innocence, la syntaxe des anges.
Le décor étant bien en place, elle peut désormais convoquer la phrase assassine qu’elle a préparée : « 𝑷𝒂𝒔 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒕𝒂𝒓𝒅 𝒒𝒖𝒆 𝒍𝒂 𝒔𝒆𝒎𝒂𝒊𝒏𝒆 𝒅𝒆𝒓𝒏𝒊𝒆̀𝒓𝒆, s’indigne t’elle, 𝒖𝒏 𝒔𝒐𝒍𝒅𝒂𝒕 𝒊𝒔𝒓𝒂𝒆́𝒍𝒊𝒆𝒏 𝒂 𝒕𝒖𝒆́ 𝒅𝒆 𝑺𝑨𝑵𝑮-𝑭𝑹𝑶𝑰𝑫 𝒖𝒏 𝒆𝒏𝒇𝒂𝒏𝒕. »
Pas de lieu ni d’image, juste une accusation moyenâgeuse de meurtre rituel. Mais l’effet est sublime, le crime inventé fera sans doute son chemin sur les réseaux.
C’est qu’elle accuse sans trembler, cette Torquemada de boulevard, assurée de se tenir du bon côté… de la caméra.
Manon ment avec application, avec cette ferveur tranquille qu’on réserve d’ordinaire aux dogmes. Chez elle, la morale n’a plus de boussole, seule la ferveur indique la direction.
Mais la Manon sait qu’elle ment, et c’est précisément ce qui l’exalte. L’imposture lui tient lieu de foi.
Et soudain, le chiffre tombe, comme un miracle comptable : 𝑷𝒍𝒖𝒔 𝒅𝒆 𝒎𝒊𝒍𝒍𝒆 𝑷𝒂𝒍𝒆𝒔𝒕𝒊𝒏𝒊𝒆𝒏𝒔 𝒐𝒏𝒕 𝒑𝒆𝒓𝒅𝒖 𝒍𝒂 𝒗𝒊𝒆 𝑫𝑬𝑷𝑼𝑰𝑺 𝒍𝒆 7 𝒐𝒄𝒕𝒐𝒃𝒓𝒆, prêche-t-elle, le regard fixe, l’air inspiré.
Ce mot 𝑫𝑬𝑷𝑼𝑰𝑺 paraît anodin, mais il contient toute sa perfidie. Il fait des morts du 7 octobre un marchepied rhétorique, une préface commode au récit accusateur, un tremplin pour l’accusation de génocide portée contre ceux-là mêmes qui ont été frappés.
Ce pogrom du 7 octobre, où des familles israéliennes entières ont été massacrées, des enfants enlevés, des corps violés et brûlés, devient sur ses lèvres frelatées un simple repère, un point de départ quasi administratif.
Ce n’est plus un drame, c’est une date utile où l’horreur se recycle et où le sang juif se dilue.
Ainsi les morts du 7 octobre n’existent plus : leurs tombes désormais servent seulement de marchepied à l’accusation portée contre Israël.
Leurs visages s’effacent, mais leur sang, lui, est réutilisé pour peindre la fable inverse : celle où les victimes deviennent bourreaux.
Tout se confond dans son discours trompeur: les lieux, les faits, les morts. Sous une même phrase, la bobardière mêle Gaza, la Judée-Samarie, nos morts et les terroristes recyclés en saints. Et pour parachever cette fusion trompeuse, elle dégaine son fameux chiffre des « mille morts » sorti de son chapeau et qui ne concerne en réalité que la Judée-Samarie. Glissé dans le récit comme s’il embrassait toute la région, il sert à fabriquer l’illusion d’un seul territoire, d’un même front, d’une tragédie compacte où chaque mort palestinienne devient, par glissement, une accusation portée contre Israël.
Le flou devient stratégie, l’émotion sert de passeport moral, et la confusion, d’arme politique.
Mais pour que la fable ait l’air sérieuse, il lui faut l’onction du droit international. Qu’à cela ne tienne, elle convoque le mot magique.
Elle ne l’a pas lu, ce droit, mais elle le brandit comme un crucifix, pour justifier le mal au nom du bien.
Puis la voix s’adoucit, presque tendre. Et la voici qui conclut comme on prie, dans un soupir, et le regard pointé vers le ciel. « 𝑳𝒆 𝒎𝒐𝒏𝒅𝒆 𝒅𝒐𝒊𝒕 𝒔𝒂𝒗𝒐𝒊𝒓 𝒄𝒆 𝒒𝒖’𝒊𝒍 𝒔𝒆 𝒑𝒂𝒔𝒔𝒆 𝒊𝒄𝒊. 𝑱𝒆 𝒗𝒐𝒖𝒔 𝒕𝒊𝒆𝒏𝒅𝒓𝒂𝒊 𝒃𝒊𝒆𝒏 𝒔𝒖̂𝒓 𝒊𝒏𝒇𝒐𝒓𝒎𝒆́𝒔 », promet-elle.
Sainte Aubry a dit sa messe.
Certains naïfs y verront une conviction, d’autres une complicité ; mais la plupart, en silence, reconnaîtront la comédie : celle d’une fausse sainte qui prêche le faux pour récolter les larmes, et qui finit en caricature d’elle-même, une apôtre de pacotille au service du mensonge, ridicule certes, mais nuisible cependant.
© 𝐘𝐚𝐞̈𝐥 𝐁𝐞𝐧𝐬𝐢𝐦𝐡𝐨𝐮𝐧
Diplômée de littérature française, Yaël Bensimhoun s’est établie en Israël il y a près de 20 ans . C’est là qu’elle conjugue l’amour de sa langue d’origine et celui du pays auquel elle a toujours senti appartenir. Elle collabore depuis plusieurs années à des journaux et magazines franco-israéliens.

Manon Aubry a un très grave problème : la haine de soi !
En effet, j’ai découvert sur ISRAEL VALLEY, une information jubilatoire.
La grand-mère maternelle de cette personne était Denise Chicheportiche, issue d’une famille juive sépharade d’Algérie.
Le judaisme se transmettant par la mère, donc M.A. est…
Si une déplorable de son espèce peut diffamer Israël, c’est que des politiques comme une autre Aubry, Martine ont fait le sale travail de légitimation de la deligitimation d’Israël.
C’est exact. Bon, je viens de lire qu’Israel avait renvoyé Manon Aubry vers la France, c’est pas sympa,les gars! Que ne l’avez vous gardée ou envoyée chez ses potes à Gaza ou en Iran. lol, Hélène.