En lisant Pierre Lurçat, « Jusqu’à la victoire ! La plus longue guerre d’Israël » – 2/6 Par Ypsilantis

Pierre Lurçat dénonce le masochisme et le défaitisme de cinéastes israéliens. Il les engage à lutter pour leur pays comme Frank Capra qui expliquait au monde « Pourquoi nous combattons ». Il ne faut pas s’en tenir à l’ironie et au défaitisme – le pacifisme.

La guerre de Gaza terminée, il faudra passer à la seconde étape du sionisme, d’un sionisme de subsistance (ne pas se contenter d’assurer la sécurité de l’État d’Israël) à un sionisme de vocation, soit l’instauration d’un État plus juif. Geste symbolique qui irait dans ce sens : restreindre l’accès des musulmans au mont du Temple. A ce propos, l’attitude d’Israël est une erreur car elle confirme les musulmans dans leur complexe de supériorité et dans leur appréciation des non-musulmans comme autant de dhimmis. Elle excite le sentiment de menace existentielle que l’islam éprouve lorsque les dhimmis veulent sortir de leur condition. Concernant la question du mont du Temple, Israël reste dans la demi-mesure. Il lui faudrait asseoir sa souveraineté sur ce lieu afin de signifier au monde musulman que sa présence sur sa terre n’est en rien provisoire. Les Juifs d’Israël ne sont pas des Croisés, les Juifs d’Israël ne sont pas des dhimmis. Et Pierre Lurçat a cette remarque stupéfiante (car elle vise juste) : « Le Mur de fer préconisé par Jabotinsky passe par le mont du Temple. » Je conseille à ce propos la lecture de cet écrit fondamental, « Le Mur de fer ; les Arabes et nous » de Jabotinsky que je mets en lien :

https://www.infocenters.co.il/jabo/jabo_multimedia/articlesl/zrfatit/1923.pdf

Je conseille également les écrits de Pierre Lurçat relatifs à cette grande figure du sionisme, figure trop souvent méconnue lorsqu’elle n’est pas caricaturée. Je conseille en particulier sa traduction de l’autobiographie du fondateur du sionisme révisionniste.

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Eliaou Yossian déclare qu’il n’y a pas de civils innocents dans la bande de Gaza. Le Hamas a été élu et la définition de l’ennemi doit être modifiée. L’ennemi ne se limite pas au Hamas, c’est tout Gaza qui est l’ennemi d’Israël. C’est parce que les Alliés ont désigné l’Allemagne comme l’ennemi (et pas simplement son appareil politique et militaire) que ce pays a été vaincu. Israël a perdu du temps et des soldats en s’efforçant de distinguer les combattants du Hamas du reste de la population ; et ce temps perdu a aussi permis aux antisémites/antisionistes de s’adonner à leurs activités habituelles que nous ne cessons de subir. Il n’y a pas de distinction à faire entre le Hamas et les Gazaouis qui tous partagent le culte mortifère de cette organisation terroriste. Rappelons à tout hasard ce qui est trop souvent tu, et probablement à dessein : dans la journée du 7 octobre, les terroristes du Hamas ont été accompagnés, et très spontanément, de nombreux civils en provenance de la bande de Gaza.

Voici ce que déclare un dissident palestinien en exil, Waleed al Husseini : « Le Hamas ne quittera pas le pouvoir de lui-même. Malgré l’affaiblissement militaire et l’assassinat de plusieurs de ses dirigeants, la base populaire du mouvement n’a pas réellement disparu. À Gaza, le Hamas a formé une génération entière et a construit un réseau d’institutions — sociales, éducatives et sécuritaires — qui croient encore en son projet et en sa légitimité. Le scénario d’un départ immédiat et ordonné du Hamas n’est donc pas réaliste. »

Le juste combat d’Israël ne se limite donc pas à l’éradication du Hamas, il doit englober tous les mouvements palestiniens irrédentistes, y compris le Fatah. Afin de se décrasser de l’ennemi, peut-être faudra-t-il attendre une nouvelle génération d’Arabes d’Eretz Israël et non de Palestiniens…

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Dans leur immense majorité, les Juifs de France sentent que leur avenir dans ce pays n’est pas assuré, pas plus qu’il ne l’était dans l’Allemagne des années 1930. L’attitude de leurs intellectuels et dirigeants communautaires tient du « Business as usual », comme celle du grand rabbin de France Haïm Korsia. Il y a tout de même des attitudes plus courageuses – plus lucides – comme celle de Danny Trom.

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Pour la majorité des musulmans dans le monde, le Hamas n’est pas condamnable et pour une raison très simple : le 7 octobre s’inscrit dans une tradition multiséculaire, le djihad. Voir à ce sujet les analyses de Bat Ye’or. Le Hamas parle le langage de l’islam, d’où son impact, notamment en Judée-Samarie. Nous sommes dans une guerre de civilisation qui dépasse très largement le cadre restreint du Hamas et de la bande de Gaza.

Ci-joint un entretien avec Ephraïm Herrera interviewé par Antoine Mercier : « Comprendre l’islam radical pour qu’Israël gagne contre le djihad » :

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Israël est jugé par les images livrées aux téléspectateurs, un matraquage quotidien qui sollicite exclusivement l’émotion afin de mieux réprouver Israël, et automatiquement. Cet appel constant à l’émotion bénéficie au Hamas qui ne le sait que trop car il nous connaît beaucoup mieux que nous ne le connaissons. Les opinions publiques sont soumises à l’émotion, au Hamas donc qui, de ce point de vue, reste le maître du jeu. Et Pierre Lurçat nous pose une question : n’est-ce pas quand Israël cesse d’assumer sa vocation que chrétiens et musulmans contestent son identité ?

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En 1929, au lendemain des pogroms dans le Yishouv, Jabotinsky incitait les pacifistes juifs à ne pas prêcher que chez les Juifs mais d’aller faire un tour chez les Arabes. Cette remarque reste parfaitement pertinente. Le « camp de la paix » est un héritage du stalinisme, une manière d’endormir l’intelligentsia des pays occidentaux. La paix dans la région dépend exclusivement (et aujourd’hui plus que jamais) de l’attitude des Arabes envers Israël.

Décembre 2023

Aucun peuple doué de raison n’aurait chassé les habitants du Goush Katif de la bande de Gaza pour y installer un pouvoir corrompu vite remplacé par le Hamas soutenu par les capitaux qataris. Israël n’est pas qu’une start-up nation qui achète sa tranquillité avec des capitaux qataris. Depuis le 7 octobre, Israël devient plus juif et se reconsidère avec plus d’amplitude et de profondeur.

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Je paraphrase Hannah Arendt. Les Juifs sont attaqués en tant que juifs, en conséquence ils doivent se défendre en tant que juifs et non en tant qu’anglais, français, etc. Et Pierre Lurçat a cette réflexion que je juge centrale : l’attaque du 7 octobre représente aussi pour Israël « une immense régression historique et existentielle », une barrière érigée contre le passé (en particulier la Shoah) a été renversée, replaçant le Juif dans sa condition de malheur. Le 7 octobre a par ailleurs poussé nombre de Juifs à lire la Bible et à découvrir bien des similitudes entre l’actualité et les récits qu’elle rapporte, avec les conflits entre Jacob et Esaü, entre Jacob et Ismaël, etc. Au-delà de la régression que représente le 7 octobre, une nouvelle identité israélienne est probablement en voie de structuration, une identité non pas simplement fondée sur la négation de l’exil mais sur l’affirmation d’une nouvelle identité hébraïque prophétique.

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Que les journalistes (voir Ilana Dayan) ne forcent pas ceux qu’ils interviewent à trop parler de leur vécu personnel ; ce qui compte à présent, c’est le vécu collectif. Le « je » doit céder la place au « nous » afin d’espérer vaincre, et d’abord vaincre la peur que peut inspirer le Hamas. Le 7 octobre a poussé de côté certains débats idéologiques et politiques. Le débat sur l’opportunité d’intégrer les femmes dans toutes les unités est révolu comme il l’est au sujet des soldats haredim.

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Au-delà de la collecte des faits, le Renseignement consiste à savoir les interpréter. Par ailleurs, les intentions sont ce qu’il reste de plus difficile à déterminer. En 1973, Israël savait que l’Égypte préparait une attaque mais il ignorait quand elle serait lancée. Idem avec le Hamas. Chacun de nous fait aujourd’hui face au même dilemme. Il s’agit d’une entreprise de plus en plus ardue considérant la masse toujours augmentée de l’information. Dans ce flux permanent, l’émotion est de plus en plus sollicitée au détriment de la réflexion : nous entrons dans l’ère de la « post-vérité » car nous en sommes toujours plus réduits à « traiter l’information » comme le fait l’IA, alors que nous sommes pensant mais aussi agissant et, de ce fait, sans cesse confrontés à des choix moraux. L’échec du Renseignement militaire israélien le 7 octobre s’explique en partie par l’emprise de cette « post-vérité » qui gagne l’Occident et Israël. Mais cette guerre marque la fin du post-sionisme dans l’histoire d’Israël.

© Olivier Ypsilantis

Tags:« Comprendre l’islam radical pour qu’Israël gagne contre le djihad » d’Ephraïm Herrera« Le Mur de fer ; les Arabes et nous » de Vladimir JabotinskyDepuis le 7 octobre Israël devient plus juifIl n’y a pas de civils innocent dans la bande de GazaL’émotion est de plus en plus sollicitée au détriment de la réflexionLe 7 octobre s’inscrit dans la tradion du djihad

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