Les échos de la Nuit de Cristal résonnent dans nos salles de concert. Par Richard Abitbol


Des individus ont perturbé le concert du 7 novembre 2025 de l’Orchestre philharmonique d’Israël à la Philharmonie à Paris

Réminiscence d’une haine cachée, le 7 octobre 2023 restera dans l’Histoire comme un pogrom d’une barbarie inouïe, d’une violence dépassant tout ce que l’on croyait à jamais révolu — y compris dans les abîmes de l’ignominie nazie. Après cette déferlante de haine, on aurait pu croire, on aurait voulu espérer, un élan de compassion, de soutien, d’unité. Mais c’est tout le contraire qui s’est produit : un tsunami de haine, un déferlement d’hostilité, une réminiscence d’une haine cachée, longtemps tapie sous le vernis du “vivre-ensemble”. Depuis ce jour, la haine est en héritage, la haine est au quotidien, et elle prospère dans le silence complice — voire actif — des autorités.
On dit que l’Histoire est un éternel recommencement. Nous en vivons aujourd’hui la piteuse illustration. Mein Kampf est de retour — non dans les librairies, mais dans les esprits.

JUSǪU’OÙ LAISSERONS-NOUS FAIRE ?

Peut-on accepter en Europe, et surtout en France, une Nuit de Cristal au long cours depuis octobre 2023 ? Est-il tolérable que, dans un pays qui se dit démocratique, on casse, on pille, on tague, on brûle des commerces, des synagogues, des écoles, simplement parce qu’ils sont juifs ? Est-il tolérable que l’on insulte, que l’on frappe, que l’on blesse, que l’on tue des Français parce qu’ils sont juifs, et cela presque dans l’indifférence générale ?

L’INDIFFÉRENCE, MÈRE DE TOUTES LES COMPLICITÉS

Le pouvoir, tétanisé, regarde. Ou pire — feint de ne pas voir. Est-ce l’impuissance, l’incompétence, ou la complicité tacite d’un État qui préfère laisser la haine servir de soupape à sa propre impopularité ? Car enfin, comment expliquer ce deux poids deux mesures ?
On dissout sans hésiter des groupuscules d’extrême droite pour bien moins que cela. Mais on tolère les appels à la haine venus d’organisations de gauche, d’ONG, de syndicats, de journalistes, au prétexte qu’ils s’abritent derrière la bannière de la cause palestinienne. Ce deux-poids deux-mesures n’est pas seulement une faute morale : c’est une faute d’État.

LES HÉRITIERS DE LA HONTE

Hier, la Nuit de Cristal fut un éclair de barbarie. Aujourd’hui, elle se rejoue au ralenti, jour après jour, manifestation après manifestation, tweet après tweet. Les vitrines brisées d’hier sont devenues les mots brisés d’aujourd’hui, les pogroms physiques d’hier se sont transformés en pogroms médiatiques, et la haine se répand avec la même ferveur, mais avec des hashtags à la place des torches.
Le concert philharmonique pris pour cible n’était pas un événement politique, mais un symbole : la beauté insultée, la culture menacée, la haine déchaînée contre l’harmonie même.
Tout cela rappelle la période la plus sombre de notre histoire — mais en plus lâche encore, car notre pays n’est pas occupé. Il s’autodétruit.

LE SILENCE DU POUVOIR

Imagine-t-on une seule seconde ce que ferait ce gouvernement si ces violences venaient du Rassemblement national ou d’un groupuscule d’extrême droite ? Il aurait mobilisé tout l’appareil répressif, convoqué les plateaux télé, multiplié les indignations. Mais quand la haine vient de la gauche, du progressisme, du “camp du bien”, alors tout devient excusable, compréhensible, contextualisé. Cette hypocrisie tue — moralement et politiquement.

DE SARAH HALIMI À AUJOURD’HUI : LA CONTINUITÉ DU SILENCE

Dès les premiers jours de son premier quinquennat, le silence sur l’affaire Sarah Halimi a ouvert la voie à l’impunité. Aujourd’hui, les cris de haine dans les rues de Paris sont le fruit de cette indifférence semée, cultivée, arrosée pendant des années. De Macron I à Macron II, il n’y a pas eu de rupture : il n’y a rien de pire que Macron pour les Juifs de France.
La parenthèse se refermera en 2027, mais la haine qu’il aura banalisée ne s’effacera pas de sitôt. Elle a pris racine — dans les esprits, dans les médias, dans les institutions, dans la rue. Et l’Histoire retiendra qu’un président, par lâcheté, aura laissé refleurir l’antisémitisme au cœur de la République.

UNE RÉPUBLIǪUE ǪUI TRAHIT SA PROMESSE

Car une démocratie ne se mesure pas à la beauté de ses discours, mais à sa capacité à protéger ses citoyens les plus menacés. Et quand les Juifs ont peur en France, c’est la République tout entière qui tremble. Le jour où un seul enfant juif n’osera plus aller à l’école avec sa kippa, le jour où un concert sera annulé parce que son chef d’orchestre est israélien, le jour où un drapeau israélien brûlera sans que nul ne s’en offusque, alors la France ne sera plus la France.
La Nuit de Cristal fut une nuit d’éclats. Celle que nous vivons est une longue nuit d’éteints. Elle n’a plus le bruit des vitres brisées — elle a celui des consciences endormies.

LA MÉMOIRE ET LA TRAHISON

Quoi qu’il arrive, les Juifs de France n’oublieront jamais. Ils n’oublieront pas cette Nuit de Cristal au ralenti, cette lente dérive morale, cette France qui détourne les yeux pendant que la haine renaît dans ses rues.
Les Juifs ont pardonné cent fois à la France, cette France parfois grande dans ses idéaux, mais trop souvent rancie dans ses lâchetés, cette France rance et antisémite qui, siècle après siècle, trouve toujours un nouveau prétexte pour haïr les mêmes.
Après le statut des Juifs sous Vichy — qu’on tenta de justifier par l’alibi de l’Occupation, la dérive qui déferle aujourd’hui n’a plus aucune excuse. Ni contrainte, ni pression étrangère, ni peur : rien, sinon la haine pure. Une haine nue, assumée, décomplexée, parfois même revendiquée.
Et cette fois, la honte n’aura pas d’excuse. Car on ne pourra plus dire : “Nous ne savions pas.”

© Richard Abitbol

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1 Comment

  1. Ils ont voulu nous empêcher de danser, de chanter, d’écouter de la musique d’admirer et écouter l’orchestre symphonique d’Israel, dirigé par Lahav Shani .Ces antisémites abrutis veulent nous empêcher de respirer, mais nous sommes là, debout, nous sommes le peuple élu par D.ieu.

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