Les pleurnicheurs du carnet de presse : Gaza, terrain interdit ou courage en option ? Par Abraham Chicheportiche

Ah, quel drame, mes bons amis du micro ! Les rédactions d’Europe découvrent soudain qu’on ne peut pas « enquêter librement » à Gaza. On se croirait presque à une réunion d’anciens combattants du courage journalistique. Tous pleurent leur liberté d’investigation, coincés entre Le Caire et Jérusalem, tandis que leurs micros frétillent d’indignation.

Mais où étaient ces chevaliers du carnet Moleskine avant le 7 octobre ? Pas un pied dans une école de l’UNRWA, pas une semelle dans les hôpitaux transformés en bastions, ni même une lampe frontale dans les fameux tunnels du Hamas. On se contentait alors de « témoignages de civils » sous couvert humanitaire, avec la bénédiction d’un pouvoir local qui avait le mérite de distribuer les autorisations d’accès à la carte.

À l’époque, Gaza était une « zone difficile d’accès », traduction journalistique de « on préfère ne pas fâcher le patron du coin ». On y envoyait quelques reportages en caméra tremblante, histoire de justifier la prime de risque. L’objectivité, elle, restait planquée derrière la ligne éditoriale, sous une pile de dépêches AFP.

Ah, quelle tragédie ! Le journalisme d’investigation est mort… faute d’accès VIP.

Pourtant, Gaza, ce n’est pas Tombouctou au XIIIᵉ siècle : il suffisait d’un visa égyptien, d’un carnet de notes et – accessoire rare – d’un peu de cran. Mais avant le 7 octobre, silence radio. Pas un reportage sur les écoles de l’UNRWA transformées en dépôts d’armes, pas une caméra dans les hôpitaux bunkérisés, et les tunnels du Hamas ?

Mystère aussi opaque que les comptes de certaines rédactions comme #Rfi et #Francetv qui demandent a ses journalistes de respecter un lexique anti Israel

Les mêmes rédactions qui ont fermé les yeux pendant quinze ans découvrent aujourd’hui la fibre héroïque. 

Aujourd’hui, les mêmes s’offusquent qu’Israël contrôle les entrées. Quelle audace ! Quelle soudaine passion pour la liberté de la presse ! Il suffisait pourtant d’un visa égyptien et d’un peu de cran pour voir de ses propres yeux ce qu’était réellement Gaza. Mais visiblement, le courage ne franchit pas la frontière de Rafah.

Le résultat, c’est cette étrange indignation sélective : on pleure sur ce qu’on ne peut pas filmer, tout en oubliant ce qu’on n’a jamais voulu voir.

Bref, si les reporters veulent rejouer les héros du journalisme d’investigation, qu’ils commencent par enquêter sur leur propre paresse et hypocrisie: Ça, au moins, c’est un terrain accessible.‌‌

© Abraham Chicheportiche

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2 Comments

  1. Absolument d’accord avec vous ! D’autant plus que Tsahal avait proposé aux journalistes de l’accompagner « embedded » comme cela se pratiquait avec les troupes US en Irak, Mais non, vous pensez, être coincé dans un véhicule blindé avec des soldats juifs (ou druzes) ! J’ai lu les reportages intéressants publiés par le journaliste Paul Ronzheimer du journal allemand BILD qui, lui, avait accepté la proposition des Israéliens. Comme quoi, il y a encore des journalistes honnêtes.

  2. Petit additif : combien de ces journalistes pleurnichards s’apprêtent pour aller au Soudan où, là, se passe un véritable génocide, accompagné d’une vraie famine ? Trop dangereux ? Trop inconfortable ? Pas assez d’hôtels de luxe sur place ?

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