
On vit aujourd’hui un truc qu’on ne nomme jamais vraiment : notre cadre juridique, nos lois, tout notre système, ont été pensés pour des gens très civilisés, très socialisés, respectueux des règles, capables de se réguler eux-mêmes. En gros, pour des citoyens qui ont intériorisé la loi, qui obéissent non pas par peur mais parce qu’ils reconnaissent sa légitimité. Et ce système marche très bien tant que la majorité de la société partage cette anthropologie.
Mais quand la composition du corps social change – avec l’immigration, la perte de repères communs, ou l’arrivée de gens formés dans d’autres anthropologies – le droit se met à s’appliquer à des individus pour qui la loi n’a pas la même valeur symbolique. Parce que dans certaines cultures plus tribales, plus claniques ou communautaires, la loyauté au groupe passe avant la légalité, la force compte plus que la norme, la honte vaut plus que la culpabilité, et le lien personnel passe avant l’abstraction.
Or, notre État de droit moderne repose justement sur l’inverse : que la loi est au-dessus de tout et qu’elle vaut pareil pour tout le monde. Du coup, quand la proportion de gens qui n’ont pas grandi avec cette culture du droit augmente, le système devient bancal : ceux qui respectent les règles se retrouvent désavantagés face à ceux qui les contournent, la justice devient impuissante, l’État se lie les mains au nom de principes que tout le monde ne partage plus, et le droit finit par se retourner contre la société qu’il était censé protéger.
Ce n’est pas juste une question « d’ensauvagement » ou de « décivilisation », c’est une incompatibilité de cultures : un droit abstrait, pensé pour des citoyens civilisés, ne fonctionne plus quand il s’applique à des logiques de force, de clan et de loyauté communautaire. Et au bout du compte, c’est ça le vrai paradoxe : plus la société devient hétérogène dans ses codes culturels, plus un droit conçu pour l’universel produit, en réalité, du désordre.
© Celina B.

ça ne fonctionne plus ou mal parce qu’on a laissé faire .
C’est aussi le retour à une forme de bestialité, quand les instincts primaires formaient les réactions face à l’autre.
entièrement d’accord avec Celina B. et particulièrement vrai pour le modèle français qui doit évoluer. le corpus juridique anglo-saxon est davantage pluriel. ne nous y trompons pas ce n’est pas la panacée et cela n’empêche nullement les exactions de toutes sortes mais ça fournit une ébauche de réponse permettant de créer un nouveau cadre commun et par là même une force complémentaire pour exclure ceux qui ne cherchent qu’à transgresser.
Merci à Céline B pour cet éclairage intelligent.
bien sûr, il y a le fait que les lois ne sont même plus appliquées par crainte des banlieues et qu’on est prêt à jeter un flic en pâture pour préserver la paix sociale.
Mais ceux qui consentent à brader leur liberté pour une petite sécurité provisoire, n’ont au bout du compte ni l’ un ni l’autre.
Hélène.