
« La mémoire en sursis » (Communiqué du 29 octobre 2025)
En février 2024, paraissait un communiqué dans Tribune juive, intitulé « La Mémoire vaine ». Il faisait état d’un silence assourdissant, celui du CERCIL, -Musée-Mémorial d’Orléans – créé en 1991, Centre d’études et de recherches sur la Shoah et les génocides, totalitarismes du XXème siècle.
Un pogrom commandité par les terroristes du Hamas à Gaza avait frappé le sud d’Israël le 7octobre 2023, emportant dans la mort plus de 1200 civils de tous âges avec une barbarie inégalée depuis la Shoah, et kidnappant 251 otages, cachés depuis au fond de macabres tunnels dans le but de les humilier, de les torturer et enfin de les monnayer.
Et pourtant le CERCIL resta muet, rien ! Son renoncement à toute forme de réaction vint alors nourrir notre désillusion, notre chagrin et notre solitude comme une trahison du projet initial de ses fondateurs.
Après ce jour funeste, un antisémitisme « décomplexé », exponentiel, enkysté dans certains secteurs des sociétés occidentales, a explosé en France et à l’étranger. Alimenté par une propagande à charge contre Israël, cet antisémitisme, amplifié par les réseaux sociaux, tourmente nos consciences sur un air de haine mortifère et de « déjà vu » dans les années 30. Bien que le contexte et les acteurs soient bien différents aujourd’hui, des processus similaires sont à l’œuvre.
Manipulé par plusieurs médias et groupes politiques partisans, cette nouvelle déferlante anti-Juifs a gagné et gangréné notamment les milieux scolaire et universitaire, lesquels constituent la population la plus concernée par la mission fondatrice du CERCIL.
Maîtriser la connaissance du passé et savoir y décrypter des signes d’alerte, mutatis mutandis selon les époques, sont des objectifs vidés de leur sens quand le réveil des passions dévastatrices à l’œuvre aujourd’hui n’est ni décelé, ni analysé. Jour après jour, des mots sont pervertis par la détestation et l’ignorance, des principes juridiques et historiques sont niés, balayés ; des citoyens juifs sont les cibles d’une exclusion culturelle, scientifique et sociale, leur destin promis à une éviction de tous les domaines publics d’une République qui se renie.
Ce qui se construit là n’est pas moins qu’une nouvelle forme de « ghetto » – c’est-à-dire une mise au ban de l’humanité des Juifs – et la programmation de leur élimination.
Alors, les recherches discréditées des historiens, l’oubli du travail considérable accompli des décennies durant par le CERCIL, sa « mémoire en sursis » dans les silences assourdissants, pèseront lourd sur les générations futures. Martin Luther King l’avait, en son temps, déjà diagnostiqué : « Le jour venu, c’est moins des mots de nos ennemis dont nous nous souviendrons que du silence de nos amis« .
© Éliane Klein -Déléguée du CRIF Région Centre

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