Je ne suis pas le bon Arabe de service !
Depuis plus de dix ans, je parle, j’écris, je témoigne. Depuis 2012, j’alerte sur la montée de l’islamisme, la désagrégation des territoires, les structures claniques qui verrouillent la vie des cités et étouffent toute respiration républicaine. Depuis 2012, je décris ce que je vois chaque jour, dans mon métier d’infirmier, au contact du peuple réel, celui des quartiers populaires, celui des corons et des barres d’immeubles.
Mais je ne suis pas écouté. Pire : on m’a diabolisé.
Aujourd’hui, le réel me donne raison. Les faits parlent, les évidences se multiplient, et voilà que mes thèmes — ceux qu’on me reprochait hier — se retrouvent soudain repris par beaucoup , dont certains me méprisaient. Mais ils le font à distance, en se gardant bien de me citer. Je n’ai pas la bonne étiquette, pas la bonne origine, pas le bon réseau. En un mot : je ne suis pas le bon Arabe de service.
Ni caution de gauche, ni mascotte de droite: Je n’entre dans aucune case.
Je ne suis ni le bon Arabe « de gauche », celui qui vient gémir sur le racisme structurel, sur le colonialisme éternel ou sur l’éternelle victimisation.
Je ne suis pas non plus le bon Arabe « de droite », celui qu’on brandit comme caution républicaine pour dire « vous voyez, tous ne sont pas comme ça ».
Je ne suis pas né avec un prénom ou un nom arabe, donc je ne coche aucune case identitaire. Je ne corresponds pas à l’image qu’ils veulent projeter.
Je ne suis ni une victime, ni une vitrine.
Je suis un Français d’origine algérienne, un fils d’ouvrier devenu infirmier, qui a choisi la France non pas comme un drapeau mais comme une civilisation.
Je ne suis pas universitaire, pas politicien, pas journaliste.
Et c’est peut-être cela qui dérange le plus : qu’un homme du peuple, sans diplôme ronflant ni carte de parti, puisse formuler un diagnostic plus lucide sur la France que tous les experts de plateau.
Le racisme social, ce non-dit français
À Paris, le racisme social est une réalité systémique.
On parle beaucoup de racisme ethnique, mais très peu du mépris social.
Quand on vient du Nord, quand on a un accent, quand on soigne des gens au lieu d’enseigner à l’ENA, on n’a pas le droit à la parole.
Les médias parisiens ne supportent pas qu’un provincial, sans leur langage, sans leur pedigree, puisse dire la vérité mieux qu’eux.
On m’a invité parfois, mais toujours pour le pathos : le petit gars issu de l’immigration, l’infirmier au grand cœur, celui qui a « souffert » et qui en parle avec émotion.
Mais dès que je tente de parler de la France, de sa mutation anthropologique, de la dérive identitaire, du communautarisme, du basculement civilisationnel que je vois sur le terrain — alors là, silence radio.
Ce n’est plus le bon sujet.
Ce n’est plus le bon Arabe.
Une parole qui dérange
Mon livre « Ne fais pas ton Français » n’a pas cherché à séduire.
Il disait simplement ce que je vois, ce que je vis, ce que je pense.
Il n’a pas été « censuré » par hasard : il dérangeait le confort moral des élites, leur récit commode sur la France d’aujourd’hui.
Parce que ce que je décris, ce n’est pas une opinion : c’est le réel.
Et le réel, quand il vient d’un Français d’origine algérienne qui refuse le rôle de supplétif médiatique, devient intolérable.
Je ne suis pas le bon Arabe de service.
Je ne suis pas là pour rassurer les consciences, ni pour servir de preuve vivante à des discours tout faits.
Je suis un citoyen français, qui aime son pays, qui voit ce qu’il devient, et qui refuse de se taire.
Le peuple réel n’a pas dit son dernier mot
Ce que j’ai appris dans mon métier d’infirmier, au chevet des vieux mineurs comme des jeunes déclassés, c’est que la France réelle n’est pas morte.
Elle souffre, elle se tait, mais elle est encore là.
Et ce sont les gens comme nous — ceux qu’on n’invite pas, qu’on n’écoute pas — qui en sont les témoins vivants.
On me reproche de ne pas être « intellectuel ».
Mais ce pays manque moins d’intellectuels que de gens honnêtes.
Et tant qu’il restera des voix qui refusent de se soumettre à l’assignation identitaire, la France ne sera pas perdue.
© David Duquesne
Ils ont répondu à David Duquesne :
« Il serait bien que tu sois invité sur une chaîne YouTube sérieuse à grande audience pour une interview d une heure ou plus à partir de ton livre. Il y en a plus d’une. En tout cas tu as encore beaucoup d’avenir et tu es un pionnier : une sorte de lanceur d’alerte zéro comme on dit patient zéro : tu as fait tous les bons diagnostics depuis une position non institutionnelle, non universitaire, des diagnostics qui ne procèdent pas d’une théorie et de vues de l’esprit mais du quotidien et de la réalité de quelqu’un qui connaît les maghrébins de l’intérieur. Étant infirmier, en plus tu es au croisement de la France profonde des Gilets jaunes, -cette France périphérique méprisée par Macron-, et de la France de l’immigration de culture musulmane. Ton discours singulier et atypique, partiellement inclassable politiquement, est un discours de bon sens dont on voit bien qu’il va finir par percer. Tous les indicateurs sont au vert car l’idéologie est en phase de dégonflement. Il me semble qu’il faut se féliciter que d’autres reprennent tes analyses même si tu mérites d’en être crédité ». Antoine Desjardins
« Il y a les intellectuels rhéteurs, qui savent faire ronfler les phrases, qui savent consonner avec la doxa, entonner les refrains « qui vont bien »… Et il y a David Duquesne qui n’a pas usé les bancs vénérables de Normale sup (comme Sartre et tant d’autres éblouis aveuglés par l’idéologie), un David Duquesne qui voit, qui analyse, qui étudie l’histoire, qui comprend le réel : c’est lui qui m’éclaire, pas Baubérot, Cadène, Bianco, Plenel…
En plus, ce David Duquesne a l’outrecuidance d’écrire avec une très grande efficacité, de décrire ce qu’il voit avec une acuité sensorielle et intellectuelle qui éclaire l’intelligence du lecteur (quand celui-ci est encore ouvert à la découverte) ! Il y a crime de lèse-majesté ! Les accusations en illégitimité font florès à mesure de la panique des ténors du « bien » répertorié et validé officiellement…
Pire que tout : sa puissance d’écriture se double d’une puissance orale remarquable. Ce monsieur (« ce pouilleux, ce galeux », selon La Fontaine) dérange, démange, irrite la bonne pensée du cercle de la raison ! Il pourrait renverser la table et clouer certains becs, roseau pensant capable de susciter des tempêtes à déraciner les chênes les mieux en vue…
David Duquesne : un auteur et un penseur à soutenir ! » Yvan Lebreton
Infirmier, David Duquesne est l’auteur de « Ne fais pas ton Français! Itinéraire d’un bâtard de la République », paru chez Grasset en 2024, récit de sa douloureuse assimilation en tant que fils d’une musulmane d’origine algérienne et d’un français.

« Je suis né dans le Nord, à Lens, au coeur d’un quartier populaire. Ma mère Houria, d’origine kabyle, dut se battre pour s’arracher au traditionalisme familial. Elle rencontra mon père à l’usine, à la fin des années 1960. Je suis le fils d’une musulmane d’origine algérienne et d’un Français.
J’ai grandi avec ce double héritage, voyant mon quartier changer, les positions identitaires se crisper, le désir d’intégration se désintégrer, le communautarisme s’emparer des familles, la défiance et la violence s’installer, l’islamisme gagner du terrain…
Éduqué par la République, je partageais et défendais farouchement ses valeurs universalistes. Aux yeux de la communauté d’origine de ma mère, j’étais un traître ; aux yeux de certains Français, soit un métèque à jamais incarcéré dans ses origines, soit un provocateur « islamophobe ».
Pour sortir de cet étau, j’ai décidé de raconter l’histoire de ma douloureuse assimilation, qui témoigne du déchirement vécu par tant de « transfuges identitaires » dans une France en mutation ».

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