
L’exultation en Israël a été immense comme à l’annonce d’un jour nouveau et comme si tout l’espoir de finir cette guerre par une victoire très nette s’était condensé sur le corps de ces 20 otages, et que dans leur libération, c’est tout le peuple qui se libérait d’une tension nerveuse trop longue. On peut dire que Trump a proprement sauvé la mise à Israël, dont l’armée n’arrivait pas à vaincre ; son chef d’État-major a déclaré dans une sorte de bilan : chaque fois que nous avons combattu, nous avons vaincu. Mais justement, le stratège Yahya Sinwar s’est arrangé pour que l’armée israélienne ait à combattre, et donc à vaincre, le moins possible. Et comme il n’y a pas eu de trouvaille géniale qui abrège le travail, elle en avait encore pour deux ou trois ans.
Le « miracle » est que le président américain a pu paraître forcer Israël à accepter son accord et son plan qui sont clairement favorables à l’État hébreu, puisqu’il parle de désarmer le Hamas.
Mais celui-ci acceptera-t-il pacifiquement de déposer les armes ? On peut en douter, sauf si Trump arrive à obtenir du Qatar qu’il lâche le Hamas ou qu’il lui promette une reconversion acceptable. On imagine la résistance du cheikh de Doha, un homme très pieux et richissime, qui se doit de faire des actes promouvant l’islamisme, parmi lesquels l’acte le plus pieux est de soutenir des jihadistes. Pour ma part, je l’imagine répliquant : « Monsieur le président, mettez-vous à la place de ces combattants du Hamas : ils ont voué leur vie par milliers à une cause qui, pour nous, est sacrée, qui exprime un noyau essentiel de notre foi. Nous respectons la vôtre, vous respecterez la nôtre, celle de notre Oumma avec qui vous voulez faire commerce. Nous ne pouvons pas mettre en congé ces combattants du jour au lendemain. Il faut un long processus, etc., etc. ». Tout cela exprime la force d’infiltration de l’argent qatari sur le plan politique.
Mais Trump n’est pas dupe et il asurtout l’art de la riposte non-frontale, il sait faire appel au « tiers » : il a réuni à Sharm-el-Sheikh 27 États et non des moindres pour leur faire approuver son plan. Il y avait l’Inde, l’Indonésie, l’Azerbaïdjan, beaucoup d’États arabes et européens. Si tous ou la plupart contribuent à faire une force d’intervention qui démilitarise Gaza, il y aura un espoir de paix, indépendant de tout projet d’État palestinien qui d’ailleurs ne figure pas dans ce plan, et qui ne ferait que transférer le Jihad en Judée-Samarie. Mais voilà, ces États sont-ils prêts à une telle contribution et donc à achever le travail qu’Israël a entamé ? C’est toute la question ; sinon, ce serait l’emprise qatari qui prévaudrait. Mais il y a encore du jeu avant que ce ne soit l’impasse et qu’on ne laisse le Hamas, comme c’est le cas, gouverner à Gaza, exécuter ses opposants, refaire ses réserves et recruter des combattants. Évidemment, ce serait un coup de génie si Trump arrivait à désarmer le Hamas par la seule présence de cette Force internationale, ou par la seule idée de sa mise en place, réalisant ainsi de manière pacifique ce qu’Israël n’a pas obtenu par la force. S’il y arrivait, il authentifierait par là-même les objectifs d’Israël. Il n’a d’ailleurs jamais caché son désir de voir Israël atteindre lui-même ces objectifs.
L’autre habileté de Trump, qui signale le grand homme d’affaires, c’est qu’en mettant la libération des otages comme premier point d’un long plan, il la sépare de tout le reste, qui sera réalisé ou pas. On feint de partir pour une longue route qui peut-être va tourner court, mais au passage, on enlève cette épine du cœur des Israéliens; après quoi, si on voit que les forces antijuives arrivent à diluer le second point du plan de Trump dans les méandres marécageux de leur haine, Israël peut toujours intervenir.
En tout cas, chacun peut voir qu’avec le cessez-le-feu et les otages libérés, le problème reste entier, je l’ai souvent rappelé. On voit aussi que si la guerre s’est prolongée, c’est parce que réellement, elle est difficile à mener, qu’elle ne pouvait progresser que lentement, vu les contraintes et la peur de prêter flanc aux calomnies. Le plan de Trump semble assez inspiré par Israël, et quelles que soient les critiques faites à Benjamin Netanyahou, on doit reconnaître qu’il a su manœuvrer pour qu’émerge ce résultat comme un nouveau point de départ.
À la faveur de cette trêve qui sidère un peu ceux qui criaient au génocide, d’ailleurs on ne les a pas vus se réjouir, preuve que ce qu’ils aiment c’est dénoncer le génocide jusqu’à même l’inventer, on peut faire le point et constater qu’Israël n’est pas si isolé, que l’humanité n’admire pas les prouesses du Hamas, qu’elle peut comprendre le combat d’Israël, que les juifs ne sont pas seuls et ne sont pas des parias ; qu’il faut régulièrement s’épurer des miasmes toxiques qui inondent par à-coups le discours ambiant. Et qu’il faut de temps à autre cesser d’entendre les allusions antijuives et les cris « antisionistes », car on risque de les croire prépondérants ; et on peut voir que la passion antijuive – hystérique dans des États comme l’Irlande et l’Espagne, plus mesurée à la direction de l’ONU ou du Conseil européen, plus féroce côté Qatar, Iran ou Hamas, plus feutrée dans les mouvances de gauche, à l’AFP ou au journal Le Monde, plus débridée dans certaines universités – cette passion antijuive n’obtient finalement pas de grands résultats du côté du réel, et arrive tout juste à assurer la jouissance qu’elle a d’elle-même. C’est déjà beaucoup, car si la haine et le contraire de l’amour, la jouissance qu’elle procure est égale à celle de l’amour.
Les gens qui ont la haine des Juifs se plaisent beaucoup à l’éprouver, c’est même leur plus haut degré de complaisance narcissique, dont on sait qu’elle n’est pas loin de la bêtise.
© Daniel Sibony
Dernier ouvrage paru : Les non-dits d’un conflit, le Proche-Orient, après le 7 octobre

Parus aussi en 2024:
Cinéma ou réalité ? Entre perception et mémoire
L’entre-deux sexuel

Le hamas a exprimé la haine des juifs des islamistes : brutale ,violente , bestiale , ivre de sang et de viol.
Les occidentaux ont exprimė la haine des juifs chretienne occidentale : sournoise , vile , veule , meprisable dans ses mensonges les plus grossiers .
Le peuple juif reste debout , sonnė , mais debout , et. Le monde indien s interresse a nous , la corėe , le vietnam, la chine , le japon ……..bref nous rebondissons avec les gagnants .
avec les gagnants…
oui, certainement pas avec la France !
et, pourtant, je suis français… et j’en ai honte actuellement !
Une chose m’a fait du bien dans l’article de Mr Sibony: ne pas se laisser polluer par l’air ambiant, c’est vrai malgré tout ce rouleau compresseur de mauvaise foi et de calomnie, la mayonnaise ne prend pas tant que ça parmi la population(j’exclus bien sûr le showbiz, les étudiants niveau neurones zéro, les médias des chaînes de la TNT, et nos politiciens ) Ils font tous beaucoup de bruit, de dégâts dans nos coeurs et nos consciences, mais le résultat sur la population est quasiment nul. Seulement ceux qui ne sont pas d’accord, sont laches et incapables de s’opposer avec force . Ce qui les rend coupables de ce qui se passe. Et puis,c’est vrai,ils doivent se dire pourquoi nous mouiller si on n’est pas menacés vraiment. Voilà,c’est là que le bât blesse,on devrait poser une seule question à ces gens là : puisque vous ne pouvez pas garantir la sécurité de vos compatriotes juifs,puisque vous ne pouvez pas lutter pour eux, l’honnêteté exige que vous soyez à fond pour l’état d’Israël seul garant de leurs vies. Hélène.