L’Affaire Sarkozy : une nouvelle Affaire Dreyfus. Par Daniel Salvatore Schiffer

L’emprisonnement de Nicolas SarkozyUne triple et grave insulte : À la France, à la Justice, à la Démocratie

Quelle honte, et d’abord pour la France, de voir un ancien président de la République jeté, sans preuve formelle de ce dont il est accusé de surcroît, en prison, tel un vulgaire malfrat ! C’est pourtant là ce qui vient d’arriver, en cet historique mais surtout funeste matin du mardi 21 octobre 2025, à Nicolas Sarkozy, à présent incarcéré, par exécution provisoire avant tout appel, à la prison parisienne de la Santé.

Et, pour aggraver cette sinistre et très bancale affaire, un Sarkozy déclaré innocent, par la Justice elle-même, de trois de ses quatre chefs d’accusation après, pourtant, plus de dix ans d’une enquête approfondie sur l’épineux dossier d’un hypothétique financement libyen dans sa campagne présidentielle de 2007. Restait donc, pour le condamner, un présumé délit d’ « association de malfaiteurs » sur la seule base d’une courte rencontre, dont on ne sait rien de précis là non plus, et en l’absence du principal intéressé lui-même, entre deux de ses plus proches collaborateurs (Claude Guéant et Brice Hortefeux) et le gendre (numéro deux du régime) de Mouammar Kadhafi, alors le tout puissant et même dictatorial président de la Libye.

Un déni de justice démocratique : l’arbitraire passage de la présomption d’innocence a la présomption de culpabilité

Morale de l’histoire ? C’est donc sur une unique hypothèse, la seule intention, que Nicolas Sarkozy, passant ainsi arbitrairement là de la présomption d’innocence (l’un des piliers, pourtant, de toute justice correctement entendue sur le plan démocratique) à la présomption de culpabilité, se voit aujourd’hui condamné à la lourde peine de 5 ans d’emprisonnement.

Bref, le monde à l’envers : un renversement de procédure judiciaire, parallèlement à une inversion des valeurs morales, ressemblant dangereusement, par sa manifeste partialité, à un indigne mais véritable déni de justice : une justice partisane, où la légalité du droit infirme, dans le cas présent, l’équité de la sentence !

Ainsi cette incarcération de Nicolas Sarkozy, (in)fondée sur un seul procès d’intention, s’avère-t-elle, finalement, une triple et grave insulte, par-delà même son douloureux cas personnel sur le plan plus spécifiquement humain : une insulte à la France, à la Justice, et au sens même de la démocratie !

L’Affaire Sarkozy : une nouvelle Affaire Dreyfus

Mais il y a peut-être pire encore, si cela est possible, en ce chaotique dossier juridique : c’est que le document ayant servi à déclencher cette enquête à l’encontre de Nicolas Sarkozy, et donc un procès mené exclusivement à charge là encore, est un faux, que publia de manière éhontée, totalement orientée sur le plan politique, « Mediapart », journal en ligne dont on connaît les réelles et profondes accointances idéologiques avec un parti d’extrême-gauche tel que LFI (La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon).

Et c’est là, précisément, que le bât blesse, de la manière la plus scandaleuse qui soit  en cette affaire Sarkozy : ce faux présenté par un media tel que Mediapart participe en effet du même type de complot politico-idéologique, quoique certes en un tout autre contexte socio-politique (l’antisémitisme, à l’époque), que celui qui présida naguère à la tristement célèbre affaire Dreyfus puisque son procès, puis son ultérieure condamnation au bagne, furent instruits à partir, là aussi, d’un document fallacieux… le fameux et mensonger bordereau, monté de toutes pièces pour l’occasion, par l’infâme Esterhazy, officier de l’armée française sous le IIIe République.

Heureusement y eut-il alors, pour dénoncer cette infamie qui frappa alors le capitaine Alfred Dreyfus, quelques (bien que trop rares) hommes d’honneur, au premier rang desquels émerge, bien sûr, Emile Zola avec son célébrissime « J’accuse » (publié, le 13 janvier 1898, dans « L’Aurore » du grand Georges Clemenceau) et, deux ans auparavant encore sur cette même et odieuse affaire, l’admirable, quoique nettement moins connu, Bernard Lazare, le premier des dreyfusards historiques, avec un très courageux, concis mais lucide, opuscule intitulé tout simplement, mais emblématiquement, « Une erreur judiciaire » (1896).

Une défense au seul nom, précisément, de la justice

Ainsi, ceux qui se réjouissent inconsidérément aujourd’hui, toute honte bue, de cet inique emprisonnement de Nicolas Sarkozy – dont il reste certes à espérer qu’il sera lui aussi un jour réhabilité comme le fut jadis Alfred Dreyfus – se révèlent-ils être aujourd’hui, en définitive, les misérables représentants de cette « joie mauvaise », effectivement, que vient de dénoncer, à juste titre, le très cultivé, loyal et intègre Henri Guaino, ancien conseiller de ce même Nicolas Sarkozy : un Nicolas Sarkozy que, pour ma modeste part, je n’ai cependant jamais rencontré, ni de près ni de loin, que je ne connais donc pas personnellement et pour qui je n’ai même jamais voté, mais que, néanmoins, je défends ici objectivement, honnêtement, au seul et honorable nom, précisément, de ce principe universel qu’est, théoriquement, la Justice, aujourd’hui si malmenée en France, y compris donc, comme c’est malheureusement le cas au sein de cette instance judiciaire (un pouvoir exorbitant, manifestement, dans cette inédite « république des juges »), au niveau de ses institutions démocratiques censées pourtant être les plus sacrées et, comme telles, inviolables.

À l’alarme, Citoyens !

Conclusion ? C’est, par ce procès aux relents visiblement politico-idéologiques, bien plus qu’exclusivement juridiques, l’imprescriptible séparation des pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire), si chère à cette lumière d’entre les Lumières que fut Montesquieu dans son indépassable « Esprit des Lois », qui se voit là, en vérité, bafouée, niée et méprisée, mettant ainsi, si nous n’y prenons bien vite garde en demeurent vigilants, la démocratie française en réel danger de mort !

À l’alarme, citoyens !     

Daniel Salvatore Schiffer*

*Philosophe, écrivain, auteur d’une quarantaine de livres, dont « La Philosophie d’Emmanuel Levinas – Métaphysique, esthétique, éthique » (Presses Universitaires de France), « Oscar Wilde » et « Lord Byron » (Gallimard-Folio Biographies), directeur des ouvrages collectifs « Penser Salman Rushdie » (Editions de l’Aube/Fondation Jean Jaurès), « Repenser le rôle de l’intellectuel (Editions de l’Aube), « L’humain au centre du monde – Pour un humanisme des temps présents et à venir »(Editions du Cerf), « Critique de la déraison antisémite – Un enjeu de civilisation ; un combat pour la paix » (Editions Intervalles).

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3 Comments

  1. La comparaison avec l’affaire Dreyfus est complètement inepte. Alors oui, Sarkozy est un bouc émissaire car il n’est pas pire que ses prédécesseurs ou son successeur et est moins pire que l’infame Macron. Mais il n’en reste pas moins un cynique manipulateur, qui a lui aussi pratiqué le double discours et contribué activement à la désintégration de la nation française. Son affaire lybienne a été catastrophique, il a comme les autres joué double jeu avec les Islamistes (qu’il n’a absolument pas combattu) et c’était pareillement un véritable traître agissant contre son pays au profit de l’union Européenne. Faut-il être naïf, et je reste polie,pour en faire un martyr.

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