
La nouvelle année juive Rosh Hachana, nous l’appelions «là-bas » avant que les vents mauvais nous balayent vers les lointaines contrées d’Europe, Roshana, sauf nos Rabbins bien sur, qui eux, prononçaient correctement Rosh Hachana(encore que !)
Bref, le début de l’année était dignement célébré en famille, les deux soirs, tous serrés autour du plateau posé au centre de la table, recouverte d’une belle nappe, blanche si possible.
Le plateau était naturellement surveillé par tout le monde, afin que rien ne manque, cette année aussi rien ne manquera:
-Pommes au miel pour que l’année soit douce
-Dattes : que nos péchés disparaissent à jamais
-Grenades : que nos mérites se multiplient comme les graines de grenade
-Courges : que la haine de nos ennemis ne nous atteigne pas
-Tête de mouton : qu’on soit à la tête et non à la queue
-Poisson : être intelligents
Le Motsi se fait dans le sucre pour que l’année soit douce
S’il manque quelque chose n’hésitez pas : écrivez nous !
D’abord on a procédé au Tachlikh, c’est-à-dire on jette nos péchés dans l’eau vive d’une rivière ou d’un ruisseau on bien ou vous voudrez.
Ensuite, Facile : on appelle ce soir de Rosh Achana «Yehi Ratson– Volonté positive d’HACHEM» et à Kippour les « Chaareï Ratson » les portes de bonté. Ratson signifiant textuellement Volonté et dans nos prières, le mot indique toujours une tendre et bonne volonté divine.
Rosh Hashana est la « Tête de l’année » qui tombe le 1er Tichri, et alors ce n’est pas Nissan avec la sortie d’Egypte? Et le nouvel an des arbres « tou-bishvat »
On s’y perd dans toutes ses fêtes de l’année, sans compter le nouvel an du 1er janvier, fêté par le monde entier, comme si tout devait être simple dans le judaïsme et alors que ce n’est pas simple que d’être juif.
Essayons d’éclaircir les choses : C’est à Rosh Hachana 1er Tichri, premier jour de l’année que le premier Homme ADAM fut, crée, disent les Maitres; l’Univers aussi,
Le 1er Tichri est probablement le big-bang juif, car on écoute depuis le début du mois d’Eloul, la sonnerie du shofar qui rappelle le don de la Thora sur le mont Sinaï par le Saint créateur du Monde.
Rosh Hachana entame les « dix jours terribles (Haymim hanoraïm » pour toutes les créatures. Le Tout Puissant soit, les écrits dans le livre de la vie, soit dans le livre de la mort.
Elle est donc importante cette période qui heureusement finit à Néhila de Kippour.
En fait, ça tombe bien, car ce qu’on le nomme « Grand Pardon » est le recouvrement des fautes.
Il faut remarquer que le début de cette grande période, commence le 1er Eloul, ou démarrent les «Sélihot » c’est-à-dire les excuses et les pardons à l’Eternel pour susciter sa clémence.
En Eloul, le « Roi est sorti dans les champs » nous raconte le Midrash, il faut comprendre que le Roi du Monde est sorti avec bonté et avec joie à la rencontre de son peuple, qui peut lui faire part de ses doléances, pour que chacun dénoue les vœux et les engagements pris pendant l’année, car la Thora est déjà si contraignante qu’elle répugne à ce que l’Homme se lie par de nouveaux engagements, qu’elle ne lui demande pas.
Alors que retentit le shofar qui nous réveille à la vie et nous invite à la Téchouva qui dit :
Le retour sur nos fautes et l’engagement de plus les commettre, mais aussi l’amour de Sion chevillé au cœur.
Si on compte les 30 jours du mois d’Eloul et les 10 jours jusqu’à Kippour on obtient 40 jours, comme Moshé qui resta 40 jours et 40 nuits sur le mont Sinaï sans boire ni manger, Il y reçut les tables de la Loi et toute la Thora. Cette fête est aussi le Yom hazikaron. Ici c’est l’Eternel qui se souvient de ses créatures, toutes ses créatures pas seulement les juifs, tout le monde sans exception, les animaux qui courent, volent, nagent, rampent, et les plantes aussi, tout le monde passe devant le Tribunal du Ciel ce jour du souvenir.
Au soir de kippour, le ciel se referme, les portes de ciel se referment: Plus de plaidoiries ni en défense ni en accusation, le Juge des Mondes, Ribono chel Olam décide de la distribution des sanctions et des bénédictions.
Nous, on se rassure en se racontant que le Roi d’Israël, Elohim, le Tout puissant, Lui dont le Nom est imprononçable, nous a pardonné et nous couvre de ses bénédictions, nous et nos familles et notre peuple, toute l’Humanité.
Un magnifique midrash nous montre L’Eternel priant Moshé de le dénouer de ses décisions néfastes à l’encontre de son peuple, et Moshé priant le Tout puissant, pour qu’il renonce aux sentences mauvaises, pardonne à son peuple et se souviennent de l’Alliance éternelle.
« Ils mettront mon Nom parmi eux et je les bénirai » Ainsi parle Y Hé V Hé
Les dix jours qui nous séparent du Shabbat des Shabbats, de Yom kippour sont redoutables, évidement après tout ce que nous venons de lire, on peut craindre le pire.
Désormais pardonnés, nous reprenons par le début, la création du Monde, du ciel et de la terre Mais voilà que les difficultés recommencent :
Dans l’Algérie d’avant, qui avait la chance d’avoir en son sein, un peuple petit, laborieux, pas méchant pour un sou, Kippour n’avait pas cette face sévère de punition et de rédemption, au contraire, après les brulures du jour, une joie légère flottait dans l’air adouci du crépuscule.
Les hommes dans leurs habits tous blancs, certains avec des baskets ou espadrilles, pour marquer l’humilité de ce jour arrivaient dans un chuchotement rassurant de frères qui ensemble, attendaient le solennel Kol Nidré (dénouement des vœux) après le beaux cantique « A toi Eli mon désir…Lekha Eli téchoukati »
On rentrait tard le soir, car long est l’office de Kol Nidré
Le lendemain, la synagogue s’emplissait lentement, les gens s’accueillant dans des embrassades et des sourires, se rappelant des petites histoires et des commentaires élogieux sur le repas de la veille et celui qui attendait après le dernier shofar.
Parce qu’entre les deux, rien pas une goutte d’eau pas le moindre aliment, rien, sauf peut-être le parfum d’une pomme plantée de clous de girofles
Les femmes et les jeunes filles dans l’après midi, remplissaient peu à peu leurs rangs au dessus ou derrière les hommes.
Dans les frôlements de leurs beaux habits ou dominait le blanc et le bleu, elles souriaient doucement, penchées sur leurs enfants ou se disant des secrets de tous les jours, les jeunes filles lançaient de pudiques regards vers les rangées des prieurs et se tenaient sagement sur leurs sièges.
C’était dans une joie sereine que les juifs d’Algérie vivaient et attendaient, sans les redouter, les décrets du Ciel.
Le Maitre de l’Univers aime ce beau peuple de mémoire fidèle à son Histoire à son Père qui est aux cieux, à sa Loi vécue dans le bonheur d’être juif.
© Charles Baccouche

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