À quelques pas de la paix -Les Jours Redoutables

Par Jonathan Simon Uzan

 

Sommes-nous à quelques heures d’un basculement historique au Moyen-Orient ?

C’est ce que laissent entendre, de manière désormais concordante, plusieurs sources diplomatiques arabes, israéliennes et occidentales, qui évoquent en coulisses l’émergence d’un momentum susceptible, cette fois, de redessiner l’architecture régionale dans ses fondations mêmes.

Selon ces mêmes sources, un “paquet global” est désormais sur la table, le Premier ministre israélien en ayant lui-même peut être dévoilé les contours cet après-midi depuis la tribune de l’ONU. 

La libération totale des otages constitue le premier pilier de ce compromis : elle serait probablement organisée par étapes courtes, conditionnée à un cessez-le-feu progressif et assortie de garanties américaines, sans lesquelles aucun processus politique ne pourra réellement avancer. 

Le deuxième pilier porte sur la gouvernance de Gaza, qui passerait par l’instauration d’une tutelle civile « techno-administrative » temporaire sous mandat américano-onusien, confiée à plusieurs États arabes. Cette autorité transitoire inclurait une force de police civile chargée de la sécurité intérieure – le nom de Tony Blair circule déjà pour en prendre la direction. 

Enfin, le troisième pilier, sans doute le plus stratégique, viserait l’ouverture d’un vaste processus de normalisation régionale, piloté par Washington et Riyad, entre Israël et plusieurs capitales musulmanes du Moyen-Orient et d’Asie, conçu pour résister aux aléas politiques tant à Jérusalem qu’à Washington.

Après des mois d’impasse et de diplomatie fragmentée, Washington aurait ainsi repris la main. 

L’administration américaine a présenté aux principaux dirigeants arabes et musulmans une série de “principes pour le jour d’après”, avec l’objectif assumé de transformer une fenêtre d’opportunité – courte, fragile, presque volatile – en une architecture durable de fin de guerre.

Ce virage intervient dans un contexte d’extrême tension. La frappe israélienne au cœur de Doha, visant des cadres du Hamas début septembre, a brutalement rappelé le risque d’une déstabilisation régionale et économique sans précédent s’étendant jusqu’à Ankara. L’incident a paradoxalement agi comme un accélérateur, poussant Washington et Riyad à intensifier leurs efforts pour verrouiller un accord global avant l’échéance hautement symbolique du 7 octobre 2025, date du deuxième anniversaire des attaques du Hamas.

Face à cette dynamique, l’Europe – et singulièrement la France – apparaît en contre-temps et désalignée. 

En privilégiant une posture avant tout émotionnelle et symbolique, l’Europe s’est, selon plusieurs analystes régionaux, laissé fourvoyer par des alliances feintes ou de circonstances alors que les véritables négociations se jouaient ailleurs et autrement. Une stratégie de reconnaissance et de diplomatie de sommet, qui n’a jamais eu accès aux leviers réels du rapport de force : l’architecture sécuritaire de Gaza, les garanties américaines données à Israël, et l’engagement saoudien en matière de capitaux et de légitimité religieuse.

Le calendrier ajoute désormais à la pression. Israël doit résoudre la question des otages et sortir une population épuisée d’un conflit éprouvant avant le 7 octobre 2025. 

L’ONU, qui célèbre cette année ses 80 ans, cherche désespérément à restaurer une légitimité écornée par son impuissance et ses ambiguïtés. 

Et en coulisses, les manœuvres se multiplient autour du prochain Prix Nobel de la paix, chacun espérant s’approprier une part d’un éventuel « moment historique ».

Mais le temps joue contre l’accord. Et les prochaines heures seront décisives. 

Téhéran et ses alliés pourraient être tentés très rapidement de venir saboter l’ensemble de ces dynamiques, comme ils l’avaient fait le 7 octobre 2023 pour faire échouer le rapprochement en cours entre Israël, les États de la péninsule Arabique et plusieurs puissances musulmanes d’Asie.

Le climat est électrique, les équilibres d’une extrême fragilité.

Ce sont des jours qui précèdent un basculement pour l’Histoire.

Des jours redoutables.

© Jonathan Simon Uzan
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2 Comments

  1. un cessez le feu peut-être, la paix? J’ai comme l’impression que par lâcheté, calcul, intérêt etc beaucoup -pays arabes, europe, ONU et dans une certaine mesure même les USA- tiennent à enfermer Israel dans la guerre perpétuelle. Le sentiment aussi qu’il en est ainsi depuis des décennies

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