Tribune — L’Espagne se trompe d’ennemi 

Par Me Johann Habib, Avocat franco-israélien

« Le sentier de la vertu est très étroit, et le chemin du vice large et spacieux ». Cervantes. Don Quijote de la Mancha

Une croisade obsessionnelle contre Israël

Alors que le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, multiplie les déclarations martiales contre Israël, son propre pays s’enfonce dans une crise silencieuse : l’emprise croissante du narcotrafic et du crime organisé. Depuis des mois, Sánchez fait de la confrontation avec Israël une croisade personnelle. Il a annoncé que l’Espagne ouvrirait une enquête nationale sur de supposées « violations des droits humains à Gaza » et qu’elle coopérerait avec la Cour pénale internationale pour poursuivre l’État d’Israël.

Il a également déclaré:

« Spain, as you know, doesn’t have nuclear bombs, nor aircraft carriers, nor large oil reserves. We alone can’t stop the Israeli offensive. But that doesn’t mean we won’t stop trying », 

des propos perçus comme une provocation absurde, laissant entendre un regret de ne pas disposer de bombes nucléaires pour « arrêter » Israël.

 Il a salué avec « profonde admiration » les manifestants pro-palestiniens qui ont perturbé la Vuelta a España, et son gouvernement a même évoqué un boycott de l’Eurovision si Israël y participait.

Silence sur le Hamas, oubli des otages

Cette diplomatie n’est pas seulement disproportionnée : elle est ouvertement partisane. Car Sánchez, si prompt à mobiliser ses diplomates contre Israël, garde une discrétion notable sur le Hamas, organisation terroriste responsable du massacre du 7 octobre. Il a rarement exigé sa reddition ni sa dissolution, jamais condamné ses crimes récents, jamais demandé de comptes. Plus grave encore, alors qu’il reste aujourd’hui 48 otages israéliens encore détenus à Gaza, dont certains sont en danger vital, il n’a entrepris aucune initiative diplomatique ou humanitaire en faveur de leur libération. Son indignation s’exerce à sens unique.

Le crime organisé prospère à domicile

Pendant ce temps, le crime organisé prospère en Espagne. La Global Initiative Against Transnational Organized Crime classe le pays cinquième plus criminogène d’Europe dans son Global Organized Crime Index 2023, juste derrière des États réputés fragiles comme l’Albanie, la Serbie, la Bulgarie et la Turquie. En 2024, les forces espagnoles ont saisi 123 tonnes de cocaïne, dont une cargaison record de 13 tonnes cachée dans des bananes à Algeciras, et plus de 366 tonnes de drogues au total sur le territoire national. La zone du Campo de Gibraltar est devenue un véritable narco-hub, et l’Andalousie à elle seule a vu passer 26 757 kg de cocaïne en 2023, soit plus de 50 % de hausse en un an. Ces chiffres révèlent que malgré les saisies, les flux augmentent : ports, routes maritimes et réseaux de blanchiment sont infiltrés, les gangs s’enracinent, la corruption progresse. 

Retrouver le sens des priorités

La lutte contre le narcotrafic n’est pas seulement une affaire de police : c’est une question de sécurité nationale, de santé publique et de stabilité démocratique. Et pourtant, l’Espagne y consacre moins d’énergie politique qu’à ses croisades contre Israël — et aucune aux vies d’innocents encore otages à Gaza. Il est temps que Pedro Sánchez tourne ses regards non plus vers les tribunaux internationaux, mais vers Algeciras, Valence et Vigo, où se joue la véritable bataille pour l’Espagne : reprendre le contrôle de son territoire face aux réseaux criminels.

Un calcul politique aux racines anciennes

La posture de Pedro Sánchez n’a rien de morale et n’est pas une novation en Espagne : A l’instar de l’inquisition en 1492, dont l’objectif etait d’asseoir un pouvoir contesté, elle relève d’un calcul clientéliste, destiné à préserver sa coalition avec une extrême gauche farouchement anti-israélienne. Dans un pays marqué par une immigration en forte hausse, il épouse opportunément les réflexes d’une rue qu’il redoute plus qu’il ne gouverne, préférant flatter certaines sensibilités plutôt que défendre l’autorité de l’État.

Cet opportunisme lui permet de masquer l’échec de sa politique intérieure : corruption, criminalité galopante et explosion du narcotrafic. L’Espagne n’a pas besoin d’un tacticien électoral, mais d’un dirigeant qui protège ses citoyens.

Israël éternelle

Ces 3300 dernières années, Israël a vu passer des régimes, des peuples et leurs chefs hostiles ayant tenté de l’éliminer. D’Amalek à Titus, d’Hadrien à Torquemada, des nazis aux communistes, de Nasser à Khomeini, Saddam Hussein, Bachar el-Assad etc… ils ont tous disparu. Et Israël est toujours là. Parce que la morale juive et la Vérité sont intemporelles. Les nations du monde seraient plus inspirées de regarder l’Histoire et ceux qui la traversent plutôt que de sombrer dans cette fuite en avant mensongère qui risque de les perdre.

© Me Johann Habib

Me Johann Habib est Avocat franco-israélien

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