Jadis, j’avais foi en notre pays. Je croyais qu’il suffisait de défendre les belles valeurs démocratiques, et que la vérité finirait toujours par s’imposer. Quelle naïveté charmante ! Aujourd’hui, la liberté d’expression existe encore, mais à condition d’être employée contre les bons ennemis. Un professeur ose dénoncer l’islamisme? On lui retire sa chaire, on l’entoure de gardes du corps, et on explique que c’est pour sa sécurité. Quelle délicate attention !
Les « sionistes », ce mot habile qui évite de dire « juifs » tout en signifiant exactement la même chose, sont devenus les coupables idéaux. On efface l’histoire : statues déboulonnées, mémoires grattées jusqu’à l’os. On distribue des diplômes comme on jette des miettes à des moineaux, à des individus dont le seul mérite est de confondre dogme et pensée. Nos sociétés se transforment peu à peu en théâtre charia-compatible : décor peint, liberté de carton, acteurs apeurés.
Puis survient le 7 octobre. On croyait que la barbarie réveillerait les consciences. Mais non ! L’ironie de notre siècle, c’est que l’on traque désormais les victimes. Qu’ils se taisent, ces juifs obstinés, incapables d’oublier les pogroms ! Qu’ils effacent de leur mémoire l’arbre d’Ilan Halimi et les morts d’hier, puisque la rue réclame d’autres victimes aujourd’hui.
Le chef du Hamas l’a dit sans détour : « Partout où ils se trouvent, tuez-les ». Et nous, peuples civilisés, nous préférons hausser les épaules, marmonner quelques slogans compatissants, puis retourner débattre du prix du pain. On inversera encore les rôles, plus c’est gros, plus ça passe.
Alors, à nos amis juifs, que dire sinon ceci : Fuyez ! Fuyez, car l’État, ce colosse aux pieds d’argile, ne garantit plus ni votre sécurité ni même la sienne. Reste l’espoir d’un sursaut – mais qui, en ce siècle d’amnésie volontaire, croit encore aux sursauts ?
© Fadila Maaroufi
Prix international de la laïcité 2024, Prix féministe Anne-Marie Lizin Théroigne de Méricourt 2022,
Master en Anthropologie de l’Université Catholique de Louvain la Neuve, Belgique, Fadila Maaroufi est Co-fondatrice et Directrice de l' »Observatoire Européen des Fondamentalismes » et du « Café laïque Bruxelles / Paris »
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— Maaroufi Fadila (@Maaroufi9) July 8, 2025
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