Paul Germon. Jusqu’à quand vont-ils parler en notre nom ?

« Le CRIF ne parle pas pour les Juifs de France, il parle pour le CRIF ».

La formule est dure, mais elle traduit un malaise croissant au sein de la communauté. Jusqu’à quand ses dirigeants pourront-ils prétendre représenter les Juifs de France, alors que la colère contre eux monte de toutes parts ?

Car il faut rappeler la réalité : les responsables du CRIF ne sont pas élus par la communauté. Ils sont désignés par un collège restreint d’associations membres — environ 70 structures nationales et quelques dizaines de CRIF régionaux. Autrement dit, ce sont quelques centaines de délégués associatifs qui élisent le président du CRIF. Pas 500 000 Juifs de France. La majorité d’entre eux n’a jamais voté, jamais été consultée, n’a jamais donné mandat à cette institution.

Le CRIF bénéficie d’une légitimité historique — née après la Shoah — et surtout d’une légitimité institutionnelle, puisque l’État et les médias l’ont longtemps considéré comme l’interlocuteur « officiel » de la communauté juive. Mais cette légitimité n’est pas démocratique. Elle ne repose pas sur la voix des Juifs de France, mais sur un mécanisme interne d’appareil.

D’où la question : jusqu’à quand ce système pourra-t-il tenir ? Quand les violences antisémites se multiplient, quand les inquiétudes sont profondes, beaucoup de Juifs de France estiment que leurs préoccupations réelles ne sont pas portées avec assez de force. Et ils voient des dirigeants plus attentifs aux ors de la République, aux invitations du dîner annuel, qu’à la défense sans concession de ceux qui vivent la peur au quotidien.

Le CRIF parle de « vaines polémiques » suite à la passe d’armes entre le Président Macron et le Premier Ministre Netanyahou.

Erreur : ce n’est pas une polémique, c’est le sort des Juifs de France.

En 1940, un dirigeant étranger ( ou français ) courageux, quelles qu’auraient été ses motivations, aurait peut être pu changer l’Histoire. Il a cruellement manqué !

Aujourd’hui, il faut des voix qui défendent les français juifs, Pas des habitués des salons officiels.

Minimiser, c’est trahir.

La colère monte, silencieuse mais persistante. Elle pourrait bien, demain, briser le monopole de parole que s’arroge le CRIF.

© Paul Germon

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8 Comments

  1. j’ai aussi été très choqué par la formule « veines polémiques ». d’autant plus quand Macron se permet de traiter d’objects les propos de Netanyahou.
    Jonathan arfi peut tourner autour du pot autant qu’il veut : ses prises de position bien pensantes contre Netanyahou sont en définitive des prises de position contre Israël.
    comme l’explique très bien Charles Rojman, on ne peut pas être en même temps dans les deux camps. Si on est du côté d’Israël, on doit être INCONDITIONNELLEMENT du côté d’Israël.
    INCONDITIONNELLEMENT !!!!!!!

  2. Merci Monsieur Paul Germon. Je suis entièrement d’accord. Certes, je suis athée, mais je n’oublie pas que je suis juive car je n’oublie pas ce que mes parents ont subi pendant la guerre. Certaines personnes ne me parlent plus parce que, pour elles, tous les juifs sont des supporters de Netanyahu et sont anti-palestiniens. Il est temps de montrer qu’il existe des voix juives françaises pour la paix et pour 2 états.

    • @Katz S.
      Vous terminez votre intervention par « …des voix juives françaises pour la paix ».
      Vos paroles m’incitent à vous inviter d’aller voir le site de l’UJFP (Union des Juifs Francais pour la Paix). Il correspond exactement à  » vos voix juives pour la paix  »
      Vous y trouverez des pistes intéressantes.

      • @Valérie
        Je connais l’UJFP mais je ne suis absolument pas d’accord avec l’accusation de « génocide » qu’elle emploie dans ses textes et sur ses affiches. Le « génocide » ne peut être employé que si un tribunal a ainsi défini les atrocités commises. C’est ainsi que « génocide » a été appliqué aux exactions nazies, aux Turcs contre les Arméniens, ou au Rwanda. L’Etat israélien n’a pas (encore ?) été jugé. Le TPI parle de « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité ». Depuis, je me méfie de tous ceux qui emploient le terme « génocide ». L’ONU parle de « famine »

  3. Pour nos freres qui ignoreraient la realité du CRIF , j ajoute qu il est constitué d associations dont beaucoup sont des coquilles vides , ce qui fait de cette  » institution » une entité devitalisée et creuse .
    Le Crif est en place uniquement sur la demande des gouvernants qui ont besoin de representants pour les communautés , en ce sens on peut dire que c est la  » chose  » des patrons du pays qui ne sont pas regardants sur la representativité puisque les citoyens juifs , a l image des non juifs subissent en silence .

  4. Le CRIF est un organisme français, et Korsia le grand rabbin de France. Ils se doivent d’observer une position juive française, comme cela se fait dans les autres pays avec présence juive. Arfi a condamné fermement le refus d’accueillir les 150 enfants Israéliens dans les Pyrénées, et le projet de reconnaissance de l’état de Palestine par Macron. Nous les remercions quand même car sans eux il n’y aurait évidemment personne à leur place.

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